Guerre et (ou) négociations
Les situations de conflit ouvert et armé ne peuvent durer éternellement. Elles ont forcément une fin, même quand elles semblent s'éterniser. Mais à quel prix souvent! Un guerre, on sait quand ça commence, mais on ne sait jamais comment ça finit...Il faut demander pourquoi à Bush junior, spécialiste des croisades contre l' "axe du mal", qui se sont retournées contre son pays. Quand la guerre est proclamée comme 'totale" dans un pays (Goebbels), celui-ci va à l'effondrement assuré. La négociation fait partie d'un conflit, à un moment ou à un autre. Même sans avoir été envisagée au début. Pour mettre un terme à la mortalité des combats et/ou à la ruine d'un pays, voire à son avenir. Même si on donne raison à Kiev, le pays ne devra -t-il pas céder un jour à la négociation, même si en face l'intransigeance est toujours de rigueur, abandonner quelques parties territoriales, contestées depuis longtemps, au profit d'une indépendance courageusement défendue. La question se pose à nouveau, en dépit des déclarations de principe. Von Clausewitz considère que les finalités de la guerre sont toujours politiques... En principe.
En fait, les négociations n'ont pas cessé, qu'elles soient turques ou chinoises, et les médiations ont - pour un temps du moins- existé. Qui peut dire qu'elles ne continuent pas, dans le secret de certaines chancelleries? Les propositions ne manquent pas (*). Le risque oublié de la guerre prend tout le monde de court, jusqu'au moment où... Pour l'instant, c'est plutôt le durcissement qui domine. Mais jusqu'à quand?... "...Si l’on comprend que ces discussions et ces visites peuvent sembler vaines alors que la guerre continue, elles montrent néanmoins que la communication n’est pas totalement rompue entre les parties en conflit. Par ailleurs, une médiation « réussie » n’a jamais pu voir le jour sans de nombreuses rencontres ou séries de négociations qui avaient pu tout d’abord apparaître comme des « échecs », faute de résultats concrets sur le terrain. Une telle évaluation est de toute façon un exercice difficile, tant elle est dépendante des acteurs qui l’entreprennent, des objectifs qu’ils assignent aux négociations et de ce qu’ils entendent sous le vocable générique de « paix ». S’agit-il, par la médiation, d’obtenir une paix partielle qui ancrera un statu quo, en faisant taire les armes – de manière plus ou moins efficace sur le long terme – mais sans régler par exemple la question du statut politique du Donbass ou de la Crimée ? On retrouverait ici un parallèle avec la Géorgie, où la médiation, menée par Nicolas Sarkozy, alors président en exercice du Conseil de l’Union européenne en 2008, avait permis l’obtention d’un cessez-le-feu sans régler le problème de fond sur le statut de l’Ossétie du Sud, d’ailleurs reconnue comme un État indépendant par la Russie. Est-il question, par les négociations, de repenser plus largement, non seulement des relations pacifiques entre Russes et Ukrainiens, mais plus largement entre la Russie et « l’Occident » ? L’objectif recherché serait alors beaucoup plus ambitieux et global, impliquant nécessairement de nombreux acteurs internationaux." Un faux dilemme? A l'heure où nous sommes, les incertitudes sont toujours totales, malgré le déséquilibre des forces et l'affaiblissement (provisoire?) de la défense ukrainienne. Qui sait ce qui se passe en coulisse et qui peut-être ne sera jamais connu? ...Le débat est ouvert. Un avis problématique: (*) "...Il faut envisager sérieusement l’option d’une démilitarisation des territoires contestés dans l’est de l’Ukraine, ainsi que leur placement temporaire sous l’autorité des Nations unies. À la suite d’une période de diplomatie parallèle et de négociations, le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait déclarer, ou les parties pourraient directement négocier, un cessez-le-feu contraignant, accompagné du déploiement d’une force de maintien de la paix et d’autres personnels onusiens. Les régions de l’Ukraine occupées par l’armée russe seraient démilitarisées et temporairement gouvernées par l’ONU ; les limites de ces territoires seraient déterminées avec souplesse. Ces territoires requerraient une période de transition plus longue que pour le Timor oriental, de l’ordre de dix à vingt ans. En outre, leur étendue rendrait nécessaire une mobilisation importante de ressources et de personnel administratif. L’« Administration transitoire des Nations unies dans l’est de l’Ukraine » serait également chargée d’accompagner les négociations et d’aider à l’élaboration d’une base légale pour le statut de ces régions, d’organiser des élections régulières et un possible référendum. Le non-alignement militaire de l’Ukraine demeure un enjeu-clé et doit être intégré aux négociations. En outre, dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, d’autres actions visant au renforcement de la confiance pourraient être envisagées, telles qu’une reprise, d’une part, des discussions entre la Russie et l’OTAN au sujet d’une réduction des risques militaires — nucléaires et autres — et, d’autre part, des discussions officielles autour du désarmement. En décembre 2020, un groupe de 145 anciens généraux, personnalités politiques, diplomates et intellectuels américains, européens et russes, tous préoccupés par l’accroissement des risques d’accidents militaires, nucléaires et autres, avaient ainsi formulé des recommandations, restées lettre morte à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine..." (Tapio Kanninen & Heikki Patomäki) ___________
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