Un mythe en question
On ne présente plus Pierre de Coubertin, illustre promoteur moderne des antiques Jeux Olympiques et du "sport pour tous". Enfin presque... Dans le sillage des nouvelles thèses hygiénistes de l'époque. _Au nom de la paix et de l'amitié entre les peuples, dont la première guerre mondiale avait monté l'impérieuse nécessité contre les pulsions guerrières destructrices_. Mais il épousa, comme d'autres, les préjugés sexistes, les stéréotypes féminins d'époque sur le sport et aussi le colonialo-racisme de son temps, influencé par les théories eugénistes de Galton et de Alexis Carrel. "...S'il était en phase avec certaines idées répandues à son époque, le Français flirtait aussi dangereusement avec la ligne rouge du nazisme. Il était ainsi un raciste assumé. "Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d'essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance". Cette phrase contraste fortement avec le symbole des anneaux olympiques. Sous un humanisme de façade, de Coubertin partageait les idées du fascisme. Le baron vouait un culte à la force physique et pensait qu'une sélection devait se faire via l'élimination des plus faibles. Ses JO devaient d'ailleurs permettre une colonisation sportive et démontrer la supériorité de la race blanche sur d'autres cultures. De Coubertin est aujourd'hui encore présenté comme un grand philanthrope. C'est étrange comme l'histoire peut parfois souffrir d'amnésies...."
Personnage assez insaisissable, novateur et conservateur, le baron n'était pas le saint laïc longtemps célébré, il épousa une mystique de droite, s'est livré à des fréquentations discutables, A propos des jeux de Berlin en 1936, il déclara: "...« Je veux remercier le gouvernement et le peuple allemands pour l’effort dépensé en l’honneur de la onzième Olympiade », affirma Coubertin lors d’un entretien accordé à la radio allemande. Et d’ajouter, lors de son discours de clôture de ces Jeux de 1936 : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir. » Quant à ceux qui, embarrassés par ce genre de propos, lui demandaient s’il ne nourrissait pas quelques scrupules à soutenir pareil régime, ils n’obtenaient, en guise de réponse, que ce type d’ineptie : « Comment voudriez-vous que je répudie la célébration de la onzième Olympiade, puisque (…) cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’elle a connu ? » ____Si l'on en croit une récente étude. "...il croyait à l'"essence supérieure" de "la race blanche". "Je ne pense pas qu’il ait épousé l’idéologie nazie d’éradication des ennemis de la race aryenne", souligne Aymeric Mantoux. "Mais entre sa vision et celle du Troisième Reich, on retrouve des points communs, autour de la volonté de redynamiser une Nation par le sport". " ...Pour Coubertin la beauté des corps répondant à l’antique esthétique des athlètes grecs ne pouvait se retrouver que chez des compétiteurs Européens. Cette supposée perfection européenne devait donc se manifester de façon éblouissante par une supériorité de performances, cela au détriment des autres "races" considérées comme inférieures. « À la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance », se plaisait à alléguer sentencieusement notre preux humaniste de Coubertin, sûr de son fait. Sa vision on ne peut plus simpliste des peuples de la planète ne faisait guère place à la demi mesure : « Il y a deux races distinctes : celles au regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs, à la mine résignée et humble, à l’air vaincu. Hé bien ! C’est dans les collèges comme dans le monde : les faibles sont écartés, le bénéfice de cette éducation n’est appréciable qu’aux forts. » (In « Education anglaise »). Voici le véritable cadre idéologique de la renaissance des jeux Olympiques modernes : Les femmes interdites d’accès, les Nègres, Indiens et autres métèques tolérés dans le rôle de faire valoir. On retiendra d’ailleurs que pour la troisième olympiade de 1904 à St Louis (USA), les compétitions furent organisées séparément, ceci en fonction de la "race" des compétiteurs. Les organisateurs américains considéraient en effet les Pygmées, Turcs, Syriens et autres Sioux comme des trublions exotiques, indignes d’être comparés à la fine fleur de l’athlétisme WASP (suprématie anglo-saxonne blanche). Quant à Coubertin, malgré le succès grandissant des J.O modernes, il ne cessa de tempêter contre le laxisme ethnique des jeux et surtout l’éventuelle participation des femmes aux Olympiades. Il y voyait un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition. Néanmoins, la pression grandissante des mouvements féministes au cours des années 20 eut raison des règlements désuets et machistes du comité international olympique, si bien qu’en 1928, aux jeux d’Amsterdam, et contre l’avis de Coubertin bien sûr, les femmes, au nombre de 290, firent leur entrée triomphale aux épreuves d’athlétisme. Écoeuré, Coubertin s’éloigne du comité Olympique international, pour se rapprocher de celui de l’Allemagne, selon lui plus proche de l’idéal Olympique. Les jeux de Berlin, en 1936 sont censés célébrer aux yeux des autorités Allemandes et du monde, la supériorité de la race Germanique. Hitler va jusqu’à faire pression pour que les Noirs et les Juifs ne participent pas aux jeux, ce que lui refuse le président du Comité Olympique de l’époque. Cruelle ironie de l’histoire, les jeux n’auront cependant d’yeux que pour un seul homme, un Noir du nom du Jesse Owens, que l’histoire retiendra d’ailleurs comme le premier athlète à remporter quatre médailles durant la même olympiade...." La "religion moderne", que voulait fonder le baron, sera-t-elle à Paris un symbole de paix dans un monde de conflits qui s'enkystent?... __________
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