samedi 4 mai 2024

Vers un capitalisme de surveillance?

 Fluidifier, disent-ils....

                             Faciliter les contrôles dans les aéroports. Simplifier les procédures, gagner du temps...Voilà qui peut paraître séduisant. La reconnaissance faciale peut parvenir à ces fins. Ç'est déjà en route. Nul doute que la méthode soit rapidement adoptée dans tous les aéroports et, on en parle déjà, se généralise dans les grandes surfaces. Il y a là un énorme marché à prendre pour  certaines plate formes d'avant garde...                  " ...C'est une innovation unique en Europe qui fait la fierté du PDG de Fraport. Depuis octobre 2023, la société exploitante de l’aéroport de Francfort, en Allemagne, propose à ses passagers « une expérience de voyage sans contact », dopée à la reconnaissance faciale. Pour en bénéficier, le passager commence par prendre un selfie via une application dédiée de son téléphone portable. Validée et enregistrée, cette photo remplace alors son passeport. Dans l’aéroport, il n’a qu’à scanner son visage sur des bornes dédiées pour déposer ses bagages, s’enregistrer et embarquer.  « Vous n’avez plus besoin de sortir votre carte d’embarquement, d’utiliser votre carte d’identité. Vous êtes reconnu de manière biométrique, par de l’intelligence artificielle », se félicitait sur le plateau de BFM Business le 21 mars dernier Sergio Colella, président Europe de la Société internationale de télécommunication aéronautique (Sita), à l’origine de ce projet.   Avant de l’élargir en octobre aux quatre-vingt-dix compagnies aériennes desservant la ville allemande, Fraport a testé son dispositif en partenariat avec deux compagnies aériennes, Lufthansa et Star Alliance. « Notre objectif pour les mois à venir est d’équiper au moins 50 % de toutes les bornes d’enregistrement, de pré-sécurité et de portes d’embarquement de cette technologie pionnière », confie Pierre Dominique Prümm, directeur exécutif de Fraport aviation et infrastructure..."   


                                                                                                                              _____ La reconnaissance, faciale, qui connaît le "succès" que l'on sait à Pékin, va-t-elle devenir une pratique courante dans différents secteurs d'activité, malgré les réticences de certaines organisations, qui pointent des risques potentiels. Des critiques pointent déjà les dérives potentielles d'un système soumis aux seuls critères de la rentabilité. Rien à voir bientôt avec la surveillance faciale en vogue à Pékin, mais de fil en aiguille, ne risque-t-on pas des pratiques de contrôles social et policier qui pourrait s'y apparenter, si des garde-fous démocratiques viennent à faire défaut? La r
econnaissance faciale peut aider à franchir des seuils démocratiquement périlleux. Si on gagne du temps ("...Du côté de Thales, le procédé a été baptisé « Fly to Gate ». Il est aujourd’hui en place dans plusieurs aéroports en Italie, en Espagne, en Asie du Sud-Est, en Inde et aux États-Unis. « Ce système offre un gain de temps de 30 à 50 % sur le parcours total du passager. Il y a également la possibilité d’enregistrement en ligne depuis chez soi pour désengorger les check-in », détaille le service presse de Thales..."   Zuboff a raison: il s'agit d'une véritable mutation dont on entrevoit les risques sociétaux et politiques. Asma Mahla analyse en profondeur la logique d'un système qui peut aller jusqu'à des extrêmes. A nos risques et périls...  Les géants de l'intelligence artificielle sont loin d'être des philanthropes.                                                                                                               "...Bien loin de l’enthousiasme affiché à Francfort, Ella Jakubowska, directrice des politiques chez European Digital Rights, ONG de défense de la vie privée et des libertés, s’inquiète de ce recours accru à la reconnaissance faciale. « Le discours mis en avant par Fraport transforme les droits humains en marchandises. Ces sociétés tentent de nous faire croire qu’il est normal d’utiliser nos données les plus sensibles en échange de services. »  
Des réserves que partage Martin Drago. Militant au sein de l’association française La Quadrature du Net, il suit les questions de données liées aux aéroports depuis plusieurs années. « Sous couvert de fluidification et de facilitation d’accès, ces projets véhiculent un idéal d’algorithmisation des espaces urbains, au même titre que les smart cities [villes dites intelligentes et connectées – ndlr]. » (Mediapart)                     _____________________________

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