Moins de contraintes... au nom du marché.
Il n'y a pas que les produits phytosanitaires
Environnement versus agriculture, le faux dilemme |
Par Amélie Poinssot |
Les défenseurs de l’agriculture productiviste n’ont jamais eu autant le vent en poupe. Un an après le début de la colère agricole, rapidement instrumentalisée par les syndicats FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) et la Coordination rurale pour faire avancer leur agenda, l’heure est au détricotage des réglementations environnementales. Objectif ? redonner à la « ferme France » sa « compétitivité » en la libérant des « normes ». Le droit de l’environnement ? une contrainte qui nous empêcherait de produire davantage, là où il s’agit de protéger notre santé – et celle des agricultrices et des agriculteurs en premier lieu –, et de préserver nos écosystèmes. Mais qu’importent les insectes, les arbres, les cours d’eau, les sols… quand il s’agit de faire avancer une politique à (très) courte vue sans égard pour l’intérêt général ? ![]() Ce principe inscrit dans la loi, qui voulait qu’en matière environnementale, on ne peut qu’aller vers le mieux, pourrait donc être remis en cause, et la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, soutient les sénateurs et les sénatrices sur ce point. « Il nous faut un changement de cap. C’est désormais l’autonomie stratégique que nous visons », a-t-elle dit lors de son discours introductif mardi soir. Opposer environnement et production alimentaire est un leitmotiv des syndicats productivistes comme de la droite et de l’extrême droite. Comme s’il fallait choisir l’un ou l’autre. Comme si l’on ne savait pas cultiver de manière écologique, comme si ce mode de production ne se pratiquait pas déjà en France et sur une large partie de la planète. Le sénateur Laurent Duplomb, corapporteur de la loi agricole et lui-même ancien président FNSEA de chambre d’agriculture, est l’une des figures de proue de ce clivage. En croisade contre « l’obscurantisme vert », cet élu Les Républicains est parvenu à faire passer, la semaine dernière, sa proposition de loi qui réintroduit – entre autres – les néonicotinoïdes, ces insecticides tueurs d’abeilles. Ce clivage est aussi au cœur du discours de la Coordination rurale, qui a mené la danse de la colère agricole, allant au-devant des revendications de la FNSEA-JA jusqu’aux dernières heures de la campagne pour les élections syndicales agricoles. Ce syndicat en guerre contre les « normes », nous l’avons révélé dans notre enquête, s’est profondément métamorphosé depuis deux ans, au prix d’une brutalisation de ses équipes en interne et de rapprochements avec l’extrême droite. La stratégie coup de poing de la Coordination rurale portera-t-elle ses fruits ? Sans attendre les résultats du scrutin, une chose est sûre : son discours anti-écolo a gagné énormément d’espace dans les médias et infuse dans la société..." _________ |
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