Des paroles et les actes vis à vis d'Israël
En Allemagne, traditionnellement fidèle parmi les fidèles à Israël, on durcit le ton officiellement, tardivement, avec précaution. Pour ne pas sans doute trop contrer une population qui se réveille un peu et une presse qui commence à s'inquiéter.. Certains n'acceptent plus l'inconditionnalité du soutien jusque là sans faille de leur pays à Jérusalem. Toute critique politique du gouvernement de l'Etat d'Israël était jusqu'ici considéré comme de l'antisémitisme, dans la confusion la plus tenace et la repentance non critique. Les vagues voix politiques récentes, face aux outrances à Gaza, n'empêchent pas l'aide militaire discrète. Business first...Contrairement aux pays qui ont pris sur ce point des mesures radicales. La France joue l'ambigüité même si elle prétend prendre les devants dans la protestation contre une situation jugée "honteuse" par l'Elysée. L'extrême-droite, réputée jadis antisémite, joue la carte de l'extrême-droite isralienne: logique!
Alors qu'en Israël des personnalités de premier plan, civiles et militaires sont vent debout contre l'aveuglement meurtrier de Bibi, surtout depuis l'acharnement meurtrier des derniers mois.. Comme Burg, qui réfute les principes ségrégationnistes actuellement en cours dans son pays, allant juquà' à dire: "...« La révolution sioniste est morte », lâche-t-il en 2003 dans un article du quotidien Yediot Aharonot, avant d’affirmer qu’Israël, « ghetto sioniste », court à sa perte en se définissant comme État juif. Il y a quelques semaines, Avraham Burg, qui estime désormais que le sionisme aurait dû être aboli après la création d’Israël, a demandé au tribunal de district de Jérusalem d’effacer son inscription en tant que juif sur le registre de population du ministère de l’intérieur. Dans le droit administratif israélien, la nationalité ne se confond pas avec la citoyenneté. À la rubrique « nationalité » du registre de la population comme de la carte d’identité figure un terme qui indique la nation du point de vue ethnique (juif, arabe, druze…) et non la citoyenneté de l’intéressé(e). En 2011, l’écrivain Yoram Kaniuk (1930-2013), qui jugeait le judaïsme en Israël synonyme de racisme, a demandé et obtenu du tribunal que, dans son cas, la mention « juif » soit remplacée, dans le registre de population, par « sans religion ». __Pourquoi avez-vous demandé de ne plus être inscrit comme juif sur le registre du ministère israélien de l’intérieur ? __ Avraham Burg : Parce que je ne me sens plus identifié à la nationalité juive, au collectif juif. Dans la Déclaration d’indépendance de 1948, qui n’est pas une constitution mais le document le plus proche d’une constitution dont nous disposions en Israël, il existe un équilibre très intéressant. On y lit d’une part qu’Israël est un État juif, un État pour les juifs, mais aussi qu’Israël est résolument engagé à pratiquer la non-discrimination entre ses citoyens. Et qu’il assure à tous ses habitants une égalité des droits sociaux et politiques, sans distinction de sexe, de croyance, d’origine ethnique ou d’opinion politique. C’est une prise de position très puissante. Si elle n’est pas parfaite, elle a le mérite d’être là depuis l’origine de l’État. Les gens comme moi qui n’aiment pas l’état actuel des choses peuvent toujours se dire : ce n’est pas l’idéal, mais nous avons un lieu pour vivre car les principes fondateurs de 1948 sont bons. Mais depuis l’adoption, en juillet 2018, de la loi sur l’État-nation du peuple juif , tout est changé. Ce qui définit Israël, désormais, c’est le seul monopole juif. Sans l’équilibre constitutionnel des droits et libertés. En vertu de cette loi, un citoyen d’Israël qui n’est pas juif est assigné à un statut inférieur. Comparable à celui qui a été assigné aux juifs pendant des générations. Ce qui fut odieux pour nous, nous l’infligeons maintenant à nos citoyens non juifs. Cette législation est en fait une nouvelle définition des relations entre majorité et minorité en Israël. Elle constitue aussi un changement dans ma définition existentielle. Dans mon identité. Dans ces conditions, ma conscience m’interdit désormais d’appartenir à la nationalité juive, d’être classé comme membre de cette nation, ce qui impliquerait pour moi d’appartenir au groupe des maîtres, statut que je refuse. Je ne veux pas appartenir à un collectif défini par les promoteurs de cette loi...." (*) ___________________ La retenue actuelle de Berlin dans l'affaire de Gaza, sa complaisance parfois à l'égard de Bibi, sa gêne diront certains, sa hâte à taxer parfois d'antisémitisme toutes les critiques légitimes des décisions de Netanyahou font problème et suscitent des critiques internationales. Pour beaucoup d'Allemands eux-mêmes, qui estiment qu'une époque est dépassée. D'une façon générale, L'Allemagne sort de son apparente réserve diplomatique depuis un certain nombre d'années. Depuis la chute du Mur, elle s'efforce d'entrer dans la cour des grands, discrètement, mais dans un esprit atlantiste qui ne se démet jamais. ___ On l'a déjà vu dans les événements de l'ex-Yougoslavie, qui mirent en évidence ses capacités d'intervention, notamment dans son action au Kosovo, très critiquée en interne.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier (FWS), déclarait au quotidien Die Deutsche Zeitung : « L’Allemagne est trop grande pour se contenter de commenter les affaires du monde. »
On le voit aujourd'hui dans l'affaire ukrainienne.
____________En ce qui concerne ses relations avec Israël, les rapports sont étroits depuis fort longtemps.
Surtout depuis le très spécial Traité de réparation de 1952.
Relations diplomatiques sans ombres, sans critiques, timorées même, malgré quelques tensions récentes.
Relation d'affaires aussi, peu ébruitées.
En fait, des relations très spéciales, notamment dans le domaine de l' armement, question épineuse et trouble s 'il en est. (*) "La sécurité d'Israël relève pour l'État allemand de la raison d'État", "Pour des raisons historiques, l'Allemagne est plus proche d'Israël que ne l'est la France. Avec le vécu qui est le sien, elle pourrait facilement être traitée d'antisémitisme si elle critiquait le gouvernement israélien."
____________________Des relations où le poids du passé tient une place centrale.
Sachant ce que l'on sait, on peut considérer comme normal que l'Allemagne ait une dette vis à vis de la communauté juive décimée par un régime qui fut porté au pouvoir par une majorité d' Allemands. Mais qu'en est-il de tous les Juifs d'aujourd'hui, dont beaucoup n'ont plus de rapport avec les descendants des victimes, pas seulement ceux qui vivent en Israël, dont beaucoup contestent la légitimité de ses lignes politiques successives.
.Sous le signe de la culpabilité, d'un passé qui passe mal..
Le Crif, qui en rajoute, parle d'expiation, évoquant le passage de l'Allemagne de bourreau à ange gardien...
Est-il normal que le poids d'une culpabilité collective continue encore à conditionner des relations privilégiées entre deux Etats, dont l'un se croit obligé, comme en otage, de favoriser tous les objectifs de l'autre, même les plus contestables?
La récente visite d'A.Merkel en Israël a semblé rompre la belle harmonie, l'opinion allemande changeant peu à peu. La température fut plutôt fraîche, malgré l'apparence polie et gênée des échanges. Le problème de la colonisation commence à poser problème à Berlin comme à Washington, le courant passant toujours bien entre les deux capitales, malgré les écoutes.
Dans le journal Maariv, journal de centre droit israëlien, le commentateur Shai Golden va jusqu'à évoquer...« la trahison du principe de l'expiation auquel chaque Allemand doit s'engager pour toujours en parlant d'Israël et des juifs ».
La Chancelière était vraiment embarrassée: "...Invoquant la condamnation récente par l'Allemagne de la réponse d'Israël au vote de l’ONU, qui a vu Netanyahu annoncer un plan de constructions en Cisjordanie, Mme Merkel a déclaré que l'opposition de son pays à des actions unilatérales des deux côtés signifiait que "sur la question de la colonisation, nous sommes d'accord pour dire que nous ne sommes pas d’accord". Elle a cependant souligné qu'il s'agissait de la recommandation d'un pays ami. "Israël prend ses décisions lui-même. Nous ne pouvons que donner une recommandation", a-t-elle dit. Soulignant une fois de plus que l'Allemagne considère Israël comme "la seule démocratie de la région ", elle a insisté que c’est "un pays que nous aimons et avec lequel nous entretenons des relations amicales". Le Premier ministre israélien a reconnu l'importance de la relation d’Israël avec l’Allemagne : "Ce n'est pas n'importe quelle relation. Il s'agit d'une relation privilégiée, une relation que nous apprécions profondément. Je suis très reconnaissant du temps que vous consacrez dans le renforcement de cette amitié et de ce partenariat". "Je voudrais profiter de cette occasion pour dire clairement que je n'ai absolument aucun doute sur la profondeur de votre engagement pour la sécurité et le bien-être de l'État d'Israël", a-t-il dit. "Je pense que la racine du problème, ce ne sont pas les implantations. J'espère que nous allons engager une discussion sur une coexistence mutuelle, une paix mutuelle, avec au moins une partie des Palestiniens", a dit Benjamin Netanyahu. "Je n'y ai pas renoncé. Nous ne renonçons pas si vite", a-t-il insisté, ajoutant : "La racine du problème est l’opposition à l’État d’Israël quelles que soient ses frontières".
A cette occasion, dans la presse israélienne, M. Steinmeier a rappelé mardi le caractère extrêmement singulier des relations germano-israéliennes. Le lien entre les deux États apparaît « comme un miracle » étant donné le contexte historique, souligne-t-il.
Un miracle de langue de bois?...
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