Ce fut une belle leçon!
Mais pas une leçon belge
Celle que le professeur béarnais fit hier devant le grand jury de l'Assemblée Nationale. Une performance pour laquelle on lui aurait attribué le Bac avec mention ou même qui lui aurait fait décrocher l'oral de philo. Une prestation qui méritait une note maximale, selon les nouveaux critères de notation d'aujourd'hui. Une parole convaincante, des arguments éclairés, un bel approfondissement digne de certains penseurs des Lumières, des citations bienvenues. Bref...un belle leçon de démocratie, pertinente et toute en nuances. Rien à dire. ____ Sauf que les propos étaient formels, trop théoriques, que furent passées sous silence les conditions dans lesquelles elle pouvait ou devait s'exercer hic et nunc, dans les conditions concrètes et difficiles d'aujourd'hui. L'ancien professeur avait oublié qu'il n'était pas devant une salle de classe, mais qu'il devait s'employer à articuler les principes et les faits, les conditions concrètes e l'exercices du pouvoir aujourd'hui, dans la crise que nous vivons. Nous n'attendions pas les beaux principes, mais l'exposé des raisons des dérives d'aujourd'hui et des voies possibles pour les surmonter, en tenant compte des circonstances, des rapports de forces politiques. Bref, en offrant des perspectives crédibles au lieu de culpabiliser les mêmes, en désespérant Billancourt. On attendait du courage et de la lucidité plus que de rhétorique, des beaux principes, fussent-ils fondés par ailleurs... Admirable, mais à côte de la plaque, aurait dit ma concierge. Rien sur la situation très concrète et très préoccupante que nous vivons, sur les responsabilités concrètes engagées., sur les urgences politiques. Ou des généralités vagues...Battre sa coulpe ne résoudra rien....Le Pau de départ ouvre la porte à l'inconnu...dans un champ de ruines. Même si certains ne sont ps si pessimistes.
"...La juriste Carolina Cerda-Guzman, qui propose un chemin démocratique pour élaborer une nouvelle Constitution, analyse pour Mediapart la chute de l’actuel gouvernement. À défaut d’un mouvement citoyen qui émergerait « pour défendre un changement global et cohérent des règles du jeu », elle estime qu’une nouvelle dissolution serait une des moins mauvaises solutions...." Un coup de poker timoré. Comme disait quelq'un dans Philosophie Magazine: "Les députés, comme les Français, sont parfaitement conscients du problème posé à notre pays par un « endettement » très largement imputable aux pouvoirs macronistes qui se sont succédé depuis 2017 : la France est passé de 2281 milliards de dette à 3305 milliards ! Les députés devront dire si la voie de résorption de cette dette prônée par Bayrou est acceptable alors qu’elle continuera de ponctionner toujours plus les classes populaires et moyennes en se gardant bien de toucher aux méga-profits des multinationales et au patrimoine exorbitant des grandes fortunes ! Ce n’est pas si clair. Depuis la dissolution de juin 2024, la France n’avance plus. Les Premiers ministres sautent les uns après les autres, notamment parce que le président ne veut pas transiger sur sa politique économique et sociale. La situation est donc bloquée, et il n’est pas certain que de nouvelles élections parviennent à la décoincer, tant la société est divisée sur la marche à suivre. Comme on n’a pas de De Gaulle sous la main, une autre solution est apparue dans les profondeurs du pays : c’est le mouvement “Bloquons tout”. On ne sait pas vraiment d’où il vient, où il va, ni ce qu’il se passera mercredi et les jours qui suivent. Mais en parcourant les sites qui appellent à paralyser l’activité, je me suis aperçu que la démarche était originale. En préconisant de ne se rendre ni au travail ni à l’école, de ne pas consommer ou utiliser sa carte bancaire, d’installer des marchés de proximité et de troc sur les parkings des grandes surfaces, les initiateurs du mouvement se démarquent des modes d’action traditionnels. Au lieu de se manifester, ils se replient. Au lieu de protester bruyamment, ils font silence. Certes, on assistera à des actions visibles et spectaculaires, car des groupes très divers s’impliquent. Mais le cœur idéologique de l’initiative, qui demeure sans doute sous les radars, consiste à privilégier une méthode de contraception (sociale) par le retrait. Or ce qui est le plus étonnant, c’est que pour débloquer le pays, engoncé dans des crises sur la résolution desquelles personne ne s’accorde, on commence par le bloquer. Il s’agit d’une forme de confinement volontaire. En 2020-2021, on nous a empêchés de sortir de chez nous – à mon avis pour d’excellentes raisons, mais c’est un autre sujet. Cinq ans plus tard, je crois que nous ne sommes toujours pas guéris de ce que nous avons vécu durant la crise du Covid. Les morts, l’angoisse, la solitude, l’impossibilité de nous embrasser durant des funérailles, les contrôles, les attestations nous ont traumatisés. Le principe fondamental de “Bloquons tout” est là : retournons le stigmate du confinement volontaire. Au lieu de le subir, répétons-le, mais comme une promesse de libération. Je ne sais pas si cela fonctionnera. Je ne pense pas non plus que bloquer l’économie pour faire tomber les banques et la grande distribution soit la bonne solution. Reste que l’idée est audacieuse. Ce ne sont pas les bloqueurs qui ont inventé cette idée, mais Jean-Jacques Rousseau. L’historien des idées Jean Starobinski l’a analysée, sous le nom de “remède dans le mal”, dans ses ouvrages. De quoi s’agit-il ? De “tirer du mal lui-même le remède qui doit le guérir”, écrit Rousseau dans ses Fragments politiques. Si le mal se fait trop intense, la crise devient inévitable. “Le dernier degré de l’inégalité” entraîne ainsi “de nouvelles révolutions [qui] dissolvent tout à fait le gouvernement ou le rapprochent de l’institution légitime” (J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755). Tel est certainement le vœu d’une partie des bloqueurs. Sous une forme moins radicale, le remède dans le mal consiste aussi à tirer des bienfaits de quelque chose qui nous était pénible. Dans sa Lettre à d’Alembert (1758), Rousseau propose ainsi de transformer le théâtre, spectacle artificiel qui sépare des comédiens professionnels et des spectateurs passifs, en fête populaire, à laquelle chacun participe pleinement en restant lui-même. Généraliser le “mal” du théâtre, c’est lui trouver un remède dans la liesse. Dans la même logique, si le confinement devient volontaire, il ne sera plus vécu comme une soumission ou une aliénation, mais au contraire comme une manière de récupérer un peu de son pouvoir d’agir. Qu’il fasse “floc” ou “pschitt”, le mouvement “Bloquons tout” n’exprime donc pas seulement l’exaspération de la société face au blocage politique et aux difficultés économiques. Il dit aussi que nous n’avons pas encore digéré le seul moment de l’histoire récente où nous étions tous, à nos dépens, sur le même bateau : nos années Covid...."
__ Nous entrons dans une période crépusculaire. Fallait pas dissoudre!.....
En attendant, les profits s'envolent:
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