mercredi 8 octobre 2025

Questions sur nos médias

  Opinion ou information?

                                       Quel journalisme pour demain?                                                                                               Il y  opinion et opinion. L'information médiatique ne peut être d'une neutralité parfaite, purement mythique. Elle passe toujours par le prisme de la formation et de la subjectivité (contrôlée) du journaliste, qui ne peut être un répétiteur d'agence de presse,  de son point de vue d'époque, ainsi que de la ligne directrice (assumée) de l'organe de presse dans lequel s'élabore la connaissance et l'interprétation des fits. Il y aura toujours, à condition que ce soit reconnu et assumé, une manière politique, au sens large, un certain angle de traitement des faits dans tout organe de presse quel qu'il soit.  La pure neutralité, hors du temps et des points de vue qu'elle fournit, n'est qu'un mythe. Comme dans les sciences humaines en général. Faire l'opinion est toujours un tâche imparfaite, qui doit le reconnaître comme tel, en tendant sans cesse à ne pas céder aux simples opinions, aux passions et aux intérêts, encore moins à la propagande. Ce qui suppose des groupes de presse ou télévisuels qui soit, non pas hors-sol, mais indépendants des intérêts d'influenceurs puissants servant leur propre cause.   Quel service au public?


                         Faire l'opinion est une activité imparfaite et toujours recommencée. Ce qui n'exclut pas les prises de position dans le choix des sujets et l'analyse, comme savait le faire Alber Londres à son époque  et les autres  , considéré comme le modèle de l'investigateur éclairé et exigeant, au service d'une cause sociale? comme pouvait l'être aussi Jaurès à ses heures. Mû par une cause qui le dépassait, totalement républicaine.                                              Mais il a aussi, et cela revient, le journalisme d'opinion orientée, liée plus ou moins directement à des groupes d'intérêts puissants, des lobbies défendant des pouvoirs particuliers, comme Fox news aujourd'hui aux USA ou Cnews chez nous, ou ses équivalents, chaine d'opinion déguisée en chaîne d'info, ne se reconnaissant pas comme chaîne d'opinion, cédant à une certaine mythologie journalistique, entièrement financé par un puissant groupe d'intérêt puissant, aux projets bien connus, bien que discret. Une chaîne qu se proclame impartiale, pour mieux se banaliser, mais aux projets politiques évidents, qui met en cause les fondements mêmes du journalisme.       

                                                                                     ..."Le conflit entre les médias du groupe Bolloré et le service public de l’audiovisuel interroge les fondements mêmes du journalisme et d’une « information impartiale ». Aux États-Unis, la montée en puissance de Fox News face à CNN dans les années 2000 avait consacré une culture de médias d’opinon et affaibli la culture journalistique. La France suivra-t-elle le même chemin ?                                                                                                   La vidéo montrant les journalistes de France Inter et de France Télévisions Thomas Legrand et Patrick Cohen en rendez-vous avec des cadres du Parti socialiste (PS) est à l’origine d’une confrontation inédite entre porte-paroles de CNews et d’Europe 1, et les représentants de l’audiovisuel public. Le 16 septembre 2025, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». Pascal Praud, animateur vedette de la chaîne, a immédiatement réagi en soulignant la politisation de l’audiovisuel public à gauche.                                                                                          Cette séquence interroge les fondements mêmes du journalisme et des médias d’information. Un « journalisme honnête » ou objectif est-il possible ? Les médias sont-ils au contraire condamnés à exprimer des opinions portées par des lignes politiques ? Cette séquence peut être interprétée à l’aune du « moment Fox News » qui a transformé le paysage médiatique américain dans les années 2000....                                                                                                          Fox News souhaite alors « rééquilibrer » le paysage audiovisuel américain en proposant une chaîne d’information très à droite. La chaîne conçoit l’équilibre des points de vue au niveau du paysage médiatique global. C’est ce que nous connaissons en France sous le nom de « pluralisme externe », comme dans la presse par exemple, où des titres aux colorations politiques différentes permettent de couvrir la totalité du spectre des opinions politiques.                                                                                                                                                  Dans les années 2000, Fox News va supplanter CNN et devenir la première chaîne d’information aux États-Unis. Son ton critique, ultraconservateur, va fédérer des audiences très engagées et lui assurer de confortables revenus publicitaires, qui inciteront les autres chaînes à l’imiter. Le niveau de critique va globalement monter, CNN devenir de plus en plus prodémocrate (la chaîne est connue pour son opposition à Trump) quand Fox News deviendra la porte-parole de Trump avant qu’il ne soit élu une première fois en 2016.         La polarisation des médias aux États-Unis se superpose finalement à la polarisation idéologique de la société, au point de rendre le journalisme impossible : la confusion s’est opérée entre ligne éditoriale et exigence journalistique. Les lignes éditoriales marquées des médias d’information finissent par conduire les rédactions à se désintéresser de pans entiers du réel, pour ne retenir que les faits, les propos qui semblent répondre à leur lecture du monde et aux attentes de leurs audiences.....                                                                                               Le débat initié par Fox News ou par CNews nous amène plus fondamentalement à réfléchir à la possibilité d’un journalisme impartial.    Rappelons que de nombreuses études universitaires des années 1970-1980 ont amené à une réflexion critique concernant les pratiques journalistiques. Ces études ont montré que les rédactions et leurs journalistes ne sont pas vraiment autonomes, qu’ils ont des routines, des « prêts-à-penser », des manières de faire qui leur empêchent souvent de traiter correctement des choses. C’est encore à cette époque que la recherche va questionner de nouveau le rôle des médias dans la fabrique de l’ordre du jour politique, à travers la notion d’agenda setting, c’est-à-dire le processus par lequel certains sujets s’imposent dans les médias et surtout la manière d’en parler.                           Mais ces études avaient pour ambition d’améliorer le journalisme en documentant ses limites pour que les rédactions, ensuite, apprennent à se prémunir de leurs propres travers. Il ne s’agissait pas de discréditer l’objectif d’impartialité, mais de dire que le journalisme supposait une vigilance permanente par rapport aux préjugés, aux sources, aux intentions non avouées, aux contextes, etc.    Au-delà de la pratique journalistique et de ses exigences, cette réflexion conduit à distinguer la ligne éditoriale des médias et la manière de traiter les sujets.                   L’incarnation de la ligne éditoriale relève de ce que l’on nomme en journalisme le « gate keeping », à savoir le choix des sujets qui seront portés à la connaissance du public parmi tous les faits et déclarations. Ce gate keeping n’est pas sans défauts, l’évaluation de ce qu’est une information importante (newsworthiness, dans le journalisme anglosaxon) est toujours discutable. Ces faits sont ensuite abordés d’une certaine manière, par des accroches, par des angles. C’est le cadrage de l’information (framing) qui n’est pas neutre non plus. Mais cela relève de la liberté éditoriale, qui est garantie aux États-Unis comme en France.   En revanche, une fois un sujet sélectionné, son traitement doit respecter des exigences toutes journalistiques, en se forçant à entendre aussi les lectures de la réalité portées par ceux avec qui l’on n’est pas spontanément d’accord, en donnant finalement la priorité à une exigence de présentation des faits et de leur contexte qui soit la plus complète possible et la plus rationnelle possible – c’est globalement ce que recouvre l’idéal d’objectivité journalistique.                                          Quand, à l’inverse, les opinions l’emportent, quand les faits sont cadrés à outrance sans prendre en considération la complexité des situations auxquelles ils renvoient, alors il ne s’agit plus d’information ni non plus de journalisme. Ces distinctions permettent de poser le débat non pas au niveau des opinions (chaîne d’extrême droite, audiovisuel public de gauche), mais des exigences journalistiques. Aux citoyens de s’en saisir ensuite pour organiser autrement leur consommation de programmes dits d’information...."       __ L'école des Fafs  _______    
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