mardi 24 juillet 2007

agrobusiness

Nourrir la planète ou gonfler les profits ? http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=23995

L’agrobusiness industrialisé en question dans le film «We feed the World»

«Les cinq cents plus grosses multinationales privées contrôlent 52% du produit agricole mondial brut. L’eau est privatisée, le vivant ,bréveté, les richesses nationales, accaparées. Regardez le Président de Nestlé, premier trust alimentaire et d’eau potable du monde: il gagne 26 millions d’euros par an et possède un pouvoir qu’aucun pape ni aucun empereur n’a jamais eu.»

Ainsi s’exprime Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, qui a participé à l’élaboration d’un film- documentaire, dont le réalisateur est le journaliste et cinéaste autrichien, Erwin Wagenhofer : Wee feed the World ( en français : Le marché de la faim). Un film qui a suscité un grand intérêt dès sa sortie : plus de 200000 spectateurs en salles et plus de 700000 à la télévision en Autriche. Il dénonce sans pathos, seulement par des images bien choisies et de sobres témoignages et commentaires ,l’immense gâchis de la surproduction alimentaire industrielle, l’inégale répartition de la nourriture dans le monde, les effets pervers de la concentration des capitaux et des terres, alors que l’agriculture d’aujourd’hui serait en mesure de nourrir 12 milliards de personnes... Même W.Schüssel en a fait l’éloge..Au Bundestag, le ministre des Affaires Etrangères a évoqué ce film lors d’une séance parlementaire. La presse française commence à en parler enfin, toutes tendances confondues .

http://www.agrobiosciences.org/rubrique.php3 ?id_rubrique=23

Le cauchemar de Darwin nous avait alerté sur un problème particulier(les conditions de pêche de la perche du Nil en Tanzanie), mais Le marché de la faim , après un autre film de Nikolaus Geghalter, Notre pain quotidien, s’attaque à la logique même de l’appareil de production, en montrant que « c’est tout le système qu’il faut changer. » (Pascal Canfin : Alternatives Economiques).Les images parlent d’elles -mêmes, qu’il s’agisse des situations vécues par un agriculteur autrichien, un pêcheur breton, un paysan roumain ou un travailleur du Nord-Est du Brésil...Elles convergent vers une même logique : la marchandisation à marche forcée des biens alimentaires ,le gaspillage et les souffrances sociales qu’elle entraîne. A la fin du film, Peter Brabeck, PDG de Nestlé , interrogé,conteste « l’extrémisme » des ONG qui souhaitent voir l’eau reconnue comme un droit public et déclare : « L’eau est un aliment, elle devrait donc avoir une valeur marchande .. » Peu importe l’absurdité du propos, les actionnaires font la loi...

Prenons l’exemple du Brésil, l’un des plus puissants pays agricole au monde. Le film nous fait toucher du doigt la situation tragique de milliers de petits paysans et d’ouvriers agricoles du Nord-Est (région de Parmambuco, Récife), le plus souvent analphabètes, souvent sans eau courante, sans aide lors des fréquentes sécheresses, qui entrainent une quasi-famine et une mortalité infantile importante.Le quart de la population souffre de malnutrition chronique. Par contre, dans le Mato Grosso, de richissimes exploitants, parfois des firmes étrangères, y produisent plus de 100 millions de tonnes de céréales par an et comptent s’étendre encore .Il y a de l’espace..L’essentiel de cette production part en Europe, pour nourrir les animaux, dont les produits excèdent la consommation locale et qui, exportés, iront inonder à bas prix les pays qui ne peuvent plus entretenir une agriculture traditionnelle viable et qui verront s’appauvrir des populations qui devront migrer vers les villes et s’y paupériser.La politique de la PAC et celle des grands intérêts commerciaux mondialisés se rejoignent. La forêt amazonienne régresse de façon inquiétante(depuis 1975, c’est une surface équivalente à la France et le Portugal réunis qui a été défrichée), pour laisser place, jusqu’à épuisement des sols fragiles, à la culture de soja, dont ne profitera pas la population locale, souvent dénutrie.

Autre exemple : certains pays africains, comme le Sénégal, voient arriver sur leurs marchés des produits agricoles européens ou asiatiques(poulets, riz..), dont les prix sont d’un tiers moins chers que les produits locaux. On imagine facilement les conséquences...En Espagne, à Alméria, le centre mondial de la « tomate de combat »,dans 30000 serres , sur 35000 hectares, (plus qu’en Belgique et Hollande réunies), des boules rouges (des tomates ?), dont les semences viennent de Roumanie, génétiquement modifiées, poussent dans la laine de roche pour faire ensuite parfois 3000 km pour arriver dans nos assiettes.Marsupilani a analysé magistralement pour nous la situation des cultivateurs de maïs mexicains et la hausse spectaculaire des tortillas, produits alimentaires de base, conséquence des investissements US massifs dans l’éthanol(http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=20213)

Tous ces aspects forment un système, à l’heure des échanges mondialisés.En achetant un poulet nourri au soja brésilien, on contribue à affamer la population locale...L’exportation des produits excédentaires condamnent les paysans des pays pauvres à l’immigration.. Dans l’Empire de la honte , Jean Ziegler parle de la faim comme d’ « une arme de destruction massive » et dénoncent les « machines à broyer » des grand groupes transcontinentaux privés (Pioneer, Maggi,Nestlé...).L’une des séquences du film montre aussi le gaspillage :l’énorme quantité de pain détruite tous les jours à Vienne, qui suffirait à nourrir un ville comme Linz...

Devant un tel bilan, le citoyen peut être saisi d’un immense sentiment d’impuissance, car il pressent bien qu’une partie de notre avenir commun est en jeu. Mais le film est une incitation à réagir. Jean Ziegler pense que « depuis une dizaine d’années une société civile planétaire émerge, qui demande à être informée pour savoir comment changer les choses » , et il ajoute : « Les mouvements de l’opinion sont imprévisibles, mais lorsque l’insurrection des consciences est en marche, le bouleversement devient imprévisible . » Trop optimiste, Jean Ziegler ?

En tous cas, allez voir ce film, dans les salles où on a le courage commercial de le diffuser.Vous en reviendrez différents...

Sources et liens :

http://www.agrobiosciences.org/rubrique.php3 ?id_rubrique=0023

http://www.agrobiosciences.org/article.php3 ?id_article=2042

http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3476,36-901095@51-891339,0.html

http://www.jp-petit.com/Presse/empire_de_la_honte.htm

http://www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=1748

http://citoyen.eu.org/agriculture/mondialisation

http://www.unesco.org/courier/2001_01/fr/doss12.htm

http://www.monde-solidaire.org/spip/article.php3 ?id_article=2576

http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp ?id=98410

http://www.biofrais.com/Autonomie-alimentaire-Soiree-debat-14-11_a1748.html

http://www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=2217

http://www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=1748

http://www.urfig.org/agriculture-omc-ue-euromed-legrand-pt.htm


ZEN


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