samedi 30 août 2008

Afghanistan : la nasse ?

Une guerre(?) aux objectifs douteux , menée sans discernement, sans espoir de succès...un fiasco annoncé

"Là-bas, nous ne sommes pas en guerre contre quiconque : nous construisons la paix".(Morin)

-"Les statistiques compilées par les états-majors de l'Otan dans des bases climatisées... annoncent la victoire prochaine de l'Otan contre les «terroristes». La réalité sur le terrain pourrait un jour leur donner un démenti." (A.J.)___

-"Pas assez d'hommes pour contrôler un pays immense au relief montagneux particulièrement hostile. Pas assez de moyens débloqués pour développer les régions et améliorer la vie quotidienne des Afghans. Un certain désintérêt des Américains aussi, polarisés sur l'Irak entre 2003 et 2007. Des bavures lors des opérations de soutien aérien. Un gouvernement local, celui d'Hamid Karzaï, corrompu. Et une série d'erreurs stratégiques qui ont permis aux talibans de gagner la guerre psychologique et de propagande au sein de la population locale." (I.Lasserre)___________________

-"..l’attitude brutale des militaires américains est désormais l’obstacle numéro 1 à la pacification. Les militaires américains font détester chaque jour un peu plus les occidentaux.
Leur brutalité et leur absence de discernement dans leurs opérations est permanente
. Je sais combien mon propos peut paraître excessif et je ne croyais pas un jour pouvoir écrire de tels mots que je croyais réservés aux spécialistes de l’antiaméricanisme dont je me sens si éloigné. Mais je pèse ces mots. La réalité est là, chaque jour un peu plus gravée dans la mémoire des afghans.
Chaque jour, des militaires sous commandement américain tuent des civils. Non pas en dommages collatéraux, comme chaque guerre en cause inévitablement. Mais par nonchalance, peur et bêtise dans les opérations militaires, et incompréhension des réalités politiques
..."(A.J.)___________

Les provinces basculent du côté de la rébellion:

"On le savait, les spécialistes le savaient, mais personne ne le disait jamais vraiment dans des états-majors de l'Otan. L'Afghanistan est en guerre, les insurgés afghans sont des adversaires sérieux, qui n'opèrent plus seulement dans les lointaines provinces du Sud pachtoune, mais sont maintenant aux portes de Kaboul.
Les insurgés, dont les talibans ne représentent qu'une fraction dominante, ne se sont pas forcément déplacés, même s'ils franchissent régulièrement la non-frontière pakistanaise pour se ravitailler. Les anciens étudiants en religion et leurs alliés n'ont pas repris de terrain en l'occupant. C'est surtout leur idéologie qui a regagné au cours des deux dernières années les clans et les tribus pachtounes des provinces voisines de la capitale : Parwan et Kapissa au nord de la ville, le Laghman et le Loghar à l'est, le Wardak et le Nangarhar au sud ont toutes, petit à petit, basculé du côté de l'insurrection. Les routes sont devenues d'abord dangereuses, puis impraticables. Les insurgés organisant à présent des points de contrôle en plein jour.
Les talibans ont ainsi réussi en quelques années, par un mélange classique de propagande habile et d'intimidation, à se remettre à flot politiquement, en se présentant comme des patriotes afghans luttant contre un envahisseur étranger, thème efficace dans ce pays jaloux de son indépendance. Les bavures de l'aviation de l'Otan, les erreurs et l'impéritie de l'administration de Hamid Karzaï ont fait le reste. Ils disputent à présent les provinces pachtounes du Sud et de l'Est au gouvernement.
Sarobi est le parfait exemple de ce basculement idéologique de provinces entières. Cette région, en majorité pachtoune, est un fief du Hezb-Islami, le parti de Goulbouddine Hekmatyar, l'ancien rival du commandant Massoud. Ce vétéran du djihad contre les Soviétiques n'avait jamais été allié aux talibans. Leur rapprochement s'est effectué après 2001, à la faveur de la nouvelle guerre contre l'Otan. L'est de la province de Kapissa et le district de Sarobi ont ainsi basculé dans l'insurrection.
Les gorges étroites de Sarobi forment un terrain favorable pour les insurgés. C'est par ces défilés étroits et ces vallées encaissées que passe la route Kaboul-Djalalabad, qui continue ensuite, à travers la Khyber Pass, vers Peshawar et le Pakistan. C'est là où les tribus afghanes Gilzaï avaient anéanti une armée britannique pendant sa retraite au cours de l'hiver 1841-1842. Au siècle suivant, les convois soviétiques avaient essuyé des pertes sévères en tentant de maintenir ouvert le passage des défilés. En 2001, au moment de la chute des talibans, trois journalistes avaient été assassinés de sang-froid dans les sombres gorges de Sarobi.

Contre-guérilla à l'aveuglette
Les insurgés afghans ne sont pas des surhommes mais des combattants sérieux. Qu'ils se battent pour une mauvaise cause n'y change rien. Dans ces combats d'embuscades et de coups de main, à coup de mortiers et de mitrailleuses, la technologie et la puissance de feu dont dispose l'Otan ne font pas toujours la différence. À forces égales, les talibans peuvent avoir le dessus contre une patrouille ou un poste isolé. Comme celui des parachutistes américains dans la vallée de la Pech, dans la province de Kunar, qui ont failli succomber à une attaque surprise, à l'aube, de leur petit poste, le mois dernier. Ou comme la patrouille française qui vient de tomber dans une embuscade meurtrière. Comme à l'époque de Kipling, l'«arithmétique sur la frontière», met souvent à égalité le coûteux combattant occidental surentraîné et suréquipé et le taliban avec sa kalachnikov à 100 dollars.
Pour faire face aux insurgés, l'Otan a placé beaucoup d'espoirs dans la nouvelle armée afghane, recréée en 2002. Mais ses bataillons ont été recrutés comme ceux d'une armée nationale, mélangeant dans chaque unité toutes les ethnies afghanes, Pachtounes et Hazaras, Ouzbeks et Tadjiks. Ce système, parfait sur le papier, contribue à casser les qualités traditionnelles des combattants afghans, qui reposent beaucoup sur leurs appartenances tribales.

Rusticité et endurance
Pour des raisons pratiques, cette armée a été entraînée et équipée comme une armée régulière occidentale, gourmande en matériel et en soutien logistique. Les qualités de rusticité et d'endurance des moudjahidins, ont elles aussi été perdues au profit d'une modernité factice. Pas de cohésion dans cette armée, si ce n'est celle de l'argent, et ses quelques bonnes unités sont noyées dans un système souvent corrompu, et rarement efficace.
Ainsi, au lieu de mener contre les talibans une guerre de commandos, de tendre des embuscades la nuit à leurs colonnes, l'Otan et ses alliés afghans font de la contre-guérilla à l'aveuglette, à coups de bombes de précision et de convois blindés, dépendant des routes et de l'air pour leur ravitaillement. Les statistiques compilées par les états-majors de l'Otan dans des bases climatisées, installées d'ailleurs à l'emplacement même des cantonnements britanniques de 1840 à Kaboul, ou des bases russes de Kandahar ou de Bagram, annoncent la victoire prochaine de l'Otan contre les «terroristes». La réalité sur le terrain pourrait un jour leur donner un démenti.(A.Jaulmes)

-Afghanistan : Voyage dans un pays en miettes
-» INTERVIEW - Balencie : «L'insurrection a changé d'échelle»

-» Les 70 000 soldats occidentaux à la peine face aux talibans-

-"HAMID KARZAI est repéré dans les années 1990 par Zalmay Khalilzad, un afghan naturalisé aux États-Unis en 1984 et qui fait partie de la RAND Corporation, un think tank proche de l'administration des États-Unis et actuel ambassadeur des États-Unis en Afghanistan. Sur ses conseils, le département d'État décide de le promouvoir comme futur président ; pour lui donner une légitimité, il est envoyé en Afghanistan en octobre 2001 pour rassembler quelques tribus pashtounes contre les talibans, les actes de guerre étant en fait largement effectués par les forces spéciales américaines et britanniques. Il échappe à un attentat le 5 septembre 2002.(Wiki)

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-MOURIR A KABOUL ?
- Afghanistan : mourir pour du pétrole ?
- Aventure afghane ?
-Débat sur l’Afghanistan, entre raisons officielles et motifs cachés de la présence de l’Otan | AgoraVox


2 commentaires:

  1. Pas difficile mon manuel de première le disait très bien .....Et la base de la pensée moderne occidentale aussi : Gerard de Villers et ses fameux SAS

    Toujours revenir aux bases ...
    Dans un pays "pacifié" _la France_ l'armée allemande ne comptait pas moins de trente divisions ou environ 500 000 hommes

    Le type de soldat super combattant/ compétent que l'on voit dans les films est rare (aussi et surtout aux USA) les super techno encore plus couteux et tenus soigneusement à l'écart des opérations

    La guerre moderne et sa capacité de dresser partout du fort contre du faible grâce à la mobilité impose que les meilleurs soient toujours au point de choc....

    La guerre s'est jouée au dessus de l'Angleterre non pas entre le Spitfire et le Me 109 mais entre les capacités de produire des pilotes.....et de les récupérer....
    L'externalisation et privatisation de la guerre insiste trop sur l'économie des éléments les plus couteux ...
    Par un mouvement induit dans l'ideologie de profit ....Les moins couteux / moins bons sont mis en avant, sauf à prendre des risques

    La guerre moderne impose un ratio de 1 combattant pour de 10 à 20 à l'arrière

    Aucune armée occidentale ne respècte ce ratio en Afghanistan . De ce non respect découle un abaissement du niveau général des troupes.

    De plus en modernisant la pseudo armée afghane les USA la propulsent vers ce ratio là, qu'elle n'aura jamais, même pas en rêve

    D.A.Furtif

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  2. Très juste, Le Furtif
    D'autant plus que LES tribus de ce pays ne se sont unies que pour résister
    Les Anglais en savent quelque chose...
    Toujours le même aveuglement...
    L'histoire semble parfois repasser les plats
    Cordialement

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