samedi 18 octobre 2008

Crise : dernières nouvelles


1-Comprendre les plans de sauvetage:
"...Le plan de sauvetage français repose, lui, sur deux piliers. Une enveloppe de 40 milliards d'euros est destinée à d'éventuelles recapitalisations. Par ailleurs, une société de droit privé est créée, la Société de refinancement. Elle est présidée par Michel Camdessus, ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI). L'Etat en sera actionnaire à hauteur de 34 %, ce qui lui donne une minorité de blocage. Les 66 % restants sont détenus par les banques. En échange d'actifs "de bonne qualité" (point sur lequel la ministre de l'économie Christine Lagarde a insisté) qui serviront de gage en cas de défaillance, elle refinancera les établissements de crédit en leur prêtant du cash. L'Etat se portant garant à hauteur de 320 milliards d'euros. Cette approche vise à permettre aux banques de prêter de nouveau aux entreprises et aux particuliers. Elle n'a pas pour objectif direct de faire refonctionner le marché interbancaire. C'est donc un mécanisme différent de celui promu par les Britanniques....
l'enveloppe de 40 milliards d'euros sera-t-elle suffisante ? Paris a déclaré qu'il ne laisserait tomber aucun établissement bancaire. Implicitement, cela signifie que le gouvernement est prêt à porter secours à l'ensemble des établissements français... donc à dépenser 3,5 fois le PIB. C'est inimaginable...Toutes ces mesures sont des rustines. Elles se substituent au marché interbancaire mais ne le relancent pas. Ce dernier a beaucoup de mal à repartir : les établissements ne se font pas assez confiance entre eux pour se prêter. Si les Bourses ne montrent pas une tendance à la hausse, les gouvernements risquent d'être obligés de prendre d'autres dispositions...."

2-L'Etat crée une société écran pour prêter 320 milliards aux banques sans avoir l'air de s'endetter:
"En temps de crise, la dette est plus que jamais un honteux secret de famille. Pour éviter d'affoler le contribuable et de s'attirer le courroux des autorités européennes, le ministère de l'Economie et des Finances a décidé de créer… une société écran pour mettre à disposition 320 milliards d'euros de garantie sans faire bondir la dette publique de 20%.
Détaillé par le rapport du sénateur Marini sur le projet de loi de finances rectificative présenté mardi 14 octobre, le montage consiste tout bêtement à confier aux banques une majorité des parts de la «société de refinancement» créée pour l'occasion et de ne conserver pour l'Etat que 34%. Sous la loupe de critères d'Eurostat (l'organisme statistique de la zone euro), les 66% d'actifs détenus par des entreprises privées en font une structure commerciale dont la dette, toute colossale qu'elle soit, ne rentre pas dans les comptes publics. L'Etat, de son côté, se ménage une minorité de blocage et le droit de veto d'un commissaire du gouvernement pour contrôler les opérations....
Derrière l'écran de fumée, les deniers publics seront donc gérés par un banquier au service des banques. Et la dette ? Pas d'inquiétude : elle ne deviendra celle de l'Etat que si les banques viennent à faire défaut dans le remboursement des emprunts contractés auprès de la société de refinancement. Il suffit donc juste d'avoir confiance dans le système bancaire français."

3-Et l'économie réelle ?:
"...craintes principales se sont déplacées de la sphère financière au sens strict vers la sphère réelle. Les acteurs financiers redoutent désormais surtout une récession profonde et durable tant aux États-Unis qu'en Europe. Tandis que la Chine ou l'Inde, qui, mesurées en dollars ou en euros, restent encore de « petites » économies, pourraient bien connaître elles aussi un ralentissement marqué et des troubles financiers graves compte tenu des bulles spéculatives qui s'y sont également formées....Rarement l'avenir de l'économie mondiale aura si fortement dépendu de l'attitude des gouvernements européens. Seront-ils capables dans l'urgence de sortir des règles qui paralysent leurs politiques budgétaires comme ils ont été, finalement, capables de ranger au placard celles qui leur interdisaient théoriquement de renflouer leurs banques ? On le saura bientôt..."

4-Un plan de sauvetage pour les villes spéculatrices | Rue89:
"...Par où la crise va-t-elle arriver? Les villes seront-elles les prochaines cibles de l'effondrement boursier? Les départements? Les régions? Alerté depuis des mois, le gouvernement prépare un plan de sauvetage des collectivités locales: « plusieurs milliards d'euros », selon une source officielle.Place Beauvau comme à Bercy, on suit en effet la situation de près. L'estimation des encours de prêts pour les collectivités locales en 2008 s'élève à 67 milliards d'euros. Or, sur cette somme, 10 milliards seraient des « produits toxiques », précise-t-on dans l'entourage de la ministre de l'Intérieur, Michèle Aliot-Marie. L'agence de notation financière Fitchratings estime, elle, ces produits toxiques à 20 à 25 milliards d'euros. En juillet, elle livrait le diagnostic suivant:« Ces produits, qui comportent généralement des contrats d’option très risqués, ont déjà entraîné certaines collectivités dans une fuite en avant qui pourrait les mener jusqu’à l’insolvabilité. »Car les principales banques manquent de liquidités pour faire face aux demandes croissantes des collectivités locales...
C'est la deuxième fois que les élus autorisent la collectivité à prendre des risques sur les marchés financiers. Et pas n'importe lesquels: le même jour, dans la délibération «Recours aux instruments de couverture du risque de taux et de change en 2009», un chiffre est lâché:«Au 31 décembre 2007 le portefeuille d'instruments de couverture comprenait 48 contrats représentant un montant notionnel de 955 068 669,46 euros, soit 57,40 % du stock de dette.»En clair, sur les 1,7 milliard d'euros de dette, 57% sont adossés à des produits spéculatifs. Le banquier du Grand Lille? Dexia... la banque qui assure les trois-quarts des crédits dédiés aux collectivités territoriales françaises...."
>>Sauvetage des villes : Matignon confirme

5-L’inégalité des revenus, cause des bulles spéculatives:
Retour sur l’analogie entre inflation monétaire et inflation des actifs. A quelle condition peut fonctionner une relance de la demande Keynésienne, qui consiste à injecter de la monnaie supplémentaire dans une économie anémiée ? Lorsque des capacités de production sont sous employées. Au-delà, l’apport monétaire bute sur l’inélasticité de l’offre et ne se traduit plus par une élévation de la production, mais simplement par une hausse des prix. Et dans les actifs ? Le processus est le même. L’épargne, le surplus de capital, ne produisent d’effets positifs qu’à condition de trouver une offre d’investissements où s’employer utilement. Mais son élasticité, comme celle de l’offre des biens et services, n’est pas infinie. Que trop de capitaux cherchent à s’investir simultanément, et rapidement les possibilités d’emplois en viennent à se tarir. Et comme dans le cas de l’offre des produits et services, les prix commencent alors à monter. L’investissement spéculatif prend alors le pas sur l’investissement productif. L’excès de capital peut donc être aussi néfaste à l’équilibre économique que l’excès de monnaie. A ceci près que si la sévérité anti-inflationniste - structurellement défavorable aux salariés - fait désormais partie de la vulgate, dans nos sociétés l’excès de capital - qui croît en proportion avec les inégalités de revenu - est lui salué d’applaudissements nourris. La croissance exponentielle du nombre de milliardaires, le luxe ostentatoire, les patrimoines équivalents à des millénaires de revenus, nous sont présentés comme autant de réussites exemplaires, preuves des succès d’une économie en plein boom. Alors que ce ne sont que les signes avant-coureurs d’une bulle dont le dégonflement risque de mettre nos sociétés à genoux....

6-L'Ecureuil a bouffé ses noisettes :
"L’écureuil, figure emblématique de l’épargne française, avec ses noisettes, a perdu 600 millions d’Euros. Son fameux livret A représente l’épargne favorite des Français, avec près de 46 millions de livrets, 3 Français sur 4. Ces gens-là avaient mis leur argent au chaud. Un placement pépère, sans risque. Mais, officiellement, ils n’ont pas à s’inquiéter...."
>>Caisses d'épargne : le président du directoire dit se sentir "responsable"

7-Ces petits paradis fiscaux français qu'on laisse prospérer:
"Les paradis fiscaux « ne doivent plus exister », a déclaré un François Fillon emporté par la crise, le 14 octobre. Le Premier ministre pensait-il aux places off shore qu'abrite le territoire français ?Selon les spécialistes, Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Tahiti, Wallis-et-Futuna mais aussi des départements d'outre-mer peuvent fonctionner comme des paradis fiscaux, voire des places de blanchiment....">>Privés de paradis ?

8- La crise n'est pas finie:
"Après les mauvaises nouvelles du mois d'août, un mois avant la chute boursière, l'UNEDIC table désormais sur une hausse de 46.000 chômeurs en 2008. Il y a à peine trois mois, elle attendait une baisse de 80.000 pour l'année. Une autre nouvelle, tombée vendredi dernier, est passée inaperçue : la production industrielle a fléchi de 0,4% en août par rapport à juillet en France, alors qu'elle a augmenté en moyenne de +1,1% dans la zone euro le même mois..
L'inflation s'est confirmée à 3,6% en septembre dans la zone euro, preuve que le marché reste tendu malgré le ralentissement de la croissance, voire l'entrée en récession pour certains pays tel la France depuis 3 mois...."

9-Virilio:"Le krach actuel représente l'accident intégral par excellence"
"...Comme pour tout événement contemporain, il faut prendre en compte une série de synchronisations au niveau mondial. Synchronisation des coutumes, des moeurs, des façons de réagir, mais aussi des émotions. On est passés d'un communisme de classe à une mondialisation instantanée et simultanée des affects et des peurs - et non plus des opinions. C'était le cas avec les attentats du World Trade Center ou avec le tsunami. Pour la Bourse, c'est la même chose. Après une courte phase technique - faillite de banques, chute des cours -, on est passés à une période d'"hystérisation" exagérée des réactions. On parle de "folie des marchés", de réactions "irrationnelles", presque de fascination pour la fin du monde. Les terroristes ont très bien compris ce phénomène, et ils en jouent...
...Après avoir déstabilisé le système financier, le krach risque de déstabiliser l'Etat, dernier garant d'une vie collective. Il essaie en ce moment de rassurer. Mais si la Bourse continue de baisser, c'est l'Etat qui sera à son tour en faillite, et va plonger les nations dans le chaos. Ce n'est pas du catastrophisme de ma part. Je ne crois pas au pire, je ne crois pas au chaos, c'est absurde, c'est de l'arrogance intellectuelle, mais il ne faut pas s'empêcher d'y penser. Face à la peur absolue, j'oppose l'espérance absolue. Churchill disait que l'optimiste est quelqu'un qui voit une chance derrière chaque calamité."

-Larrouturou ;comprendre la crise

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