1- L'UMP s'attaque à la «refondation du capitalisme»:
"La commande a été passée par Nicolas Sarkozy à Toulon, le 25 septembre : il faut «refonder» le capitalisme. L'UMP commencera les travaux mercredi, en consacrant une première réunion de ses «ateliers du changement» aux «nouvelles règles du jeu du capitalisme financier». Frédéric Lefebvre, maître d'œuvre de l'opération, animera une table ronde rue La Boétie avec Gilles Carrez et Philippe Marini, les rapporteurs généraux du budget à l'Assemblée et au Sénat....
Le dispositif mis en place par Nicolas Sarkozy suscite lui aussi des réserves au sein de la majorité. Si l'ancien ministre du Budget Alain Lambert est le seul à juger le plan «insensé», parce qu'«on va mettre de l'argent à la disposition des banques sans avoir les moyens de contrôler ce qu'elles vont en faire», les deux rapporteurs généraux du budget rivalisent de conseils de prudence..."
>> Les Vingt-sept appellent à une refondation du capitalisme
>>La crédibilité de Nicolas Sarkozy
2-( Les Inrock) Pourquoi la crise: P. LARROUTUROU:
".... Pourquoi le pays le plus riche du monde est-il si endetté ?
C’est en prenant du recul et en analysant les statistiques données par la Réserve fédérale pour les cinquante dernières années qu’on comprend vraiment d’où vient cette crise. Entre 1950 et 1980, le ratio dette/PIB était parfaitement stable aux Etats-Unis car l’économie était régulée par un compromis “fordiste” : un certain nombre de règles collectives assuraient une progression régulière des salaires et un partage équitable des gains de productivité entre salariés et actionnaires. Ces règles du jeu furent à l’origine des trente années de forte croissance que connurent les Etats-Unis et l’Europe.
Mais, en 1981, Ronald Reagan arrive à la Maison Blanche. C’est à partir de là que la dette va considérablement augmenter. D’abord la dette publique (à cause des baisses d’impôts sur les plus riches), mais surtout la dette privée, parce que la précarisation du marché du travail amène à une baisse de la part des salaires dans le PIB : un nombre croissant de ménages américains sont obligés de s’endetter pour continuer à consommer.
Dans un contexte de gains de productivité très élevés, les politiques libérales ont provoqué sur le marché du travail une précarité catastrophique.
Le dernier rapport économique de la Maison blanche indique que la durée réelle moyenne du travail (sans compter les chômeurs) est tombée à 33,6 heures car des millions de salariés américains ne font que 10 ou 15 heures par semaine. Petits boulots, petits salaires… Des millions d’Américains ont vu leurs revenus diminuer depuis vingt ans. Si la consommation a continué d’augmenter, c’est uniquement parce qu’on aura poussé les classes moyennes et les pauvres à s’endetter chaque année un peu plus. Jusqu’à s’endetter au-delà du raisonnable.
En générant des millions de petits boulots, on sape durablement la demande. Il fallait donc lâcher la bride du crédit. D’une main, on enlève du salaire aux travailleurs pour mieux rémunérer les actionnaires, de l’autre on leur prête de l’argent pour qu’ils continuent à acheter ce que produisent les entreprises. La crise actuelle n’ est pas due seulement à l’inconscience de quelques traders fous. Le problème est plus grave et plus profond : pour assurer un maximum de bénéfices aux actionnaires tout en maintenant le niveau de consommation du plus grand nombre, le néolibéralisme a eu structurellement besoin d’un endettement croissant. Comme l’explique Patrick Artus, directeur des études de la Caisse des dépôts et consignations, “sans la hausse de la dette des ménages, la croissance serait nulle en zone euro depuis 2002”. En Grande-Bretagne, la dette des ménages dépasse les 160% du revenu disponible. Une étude récente montre que, sans l’augmentation de la dette des ménages, la Grande-Bretagne serait en récession depuis 2002 !
C’est un point fondamental : la crise ne vient pas de la rémunération excessive des banquiers et des pdg, mais d’une rémunération insuffisante de l’ensemble des salariés pendant vingt-cinq ans...."
3-Des nouvelles règles pour sortir d’un système toxique-(Susan George):
"Panique à bord ! Péril en la demeure ! Feu au lac ! La situation est-elle devenue suffisamment dramatique pour qu’enfin les dirigeants européens prêtent l’oreille à ceux qui dénoncent depuis de longues années l’économie-casino, le tout-marché et l’empire de la finance déchaînée ? Ceux qui ont gobé l’idéologie, affirmé comme Mme Thatcher qu’il n’y avait "pas d’alternative", ou cru pouvoir "humaniser" le néolibéralisme en sont pour leurs frais. Ecouteront-ils à présent ?
Les partis sociaux-démocrates qui ont choisi d’accompagner ce système se sont rendus complices de son projet : enrichir indécemment une minorité, augmenter substantiellement la part du capital dans le partage de la valeur ajoutée, mettre les salariés partout sur la défensive, se faire aider des Etats, de la Commission et de la Banque centrale européennes (BCE).La crise vient de l’explosion du crédit, surtout aux Etats-Unis, de "l’effet de levier" permettant la création de 40 dollars et plus pour chaque dollar "réel". Elle résulte des "innovations" des banques, débarrassées de toute entrave. Leur métier ? Mélanger toutes sortes de dettes, en faire des saucissons, les trancher et vendre les tranches à d’autres avec l’aide des agences de notation accordant des labels AAA de complaisance...."
4-La nouvelle pompe à phynance
« Encore une fois, je veux m’enrichir, je ne lâcherai pas un sou »
(Ubu roi, acte II, scène 7)
"...il y a la crise financière. Car le fléau de la phynance sait se donner des expressions variées. Cette phynance-là ne se confond pas avec celle – actionnariale – qui pompe au quotidien et silencieusement ; elle procède plutôt à grand fracas et par éruptions – quoique celles-ci deviennent récurrentes et, à force, d’une quasi-permanence pénible. À défaut de pomper directement, la merdre financière de la crise fait chier par la bande : comme le Père Ubu, elle sème une telle désorganisation dans la vie matérielle de la société, et d’abord parce qu’elle détruit les fonctionnements réguliers du crédit, qu’elle finit immanquablement en pertes de croissance et d’emplois. Comme on se demande jusqu’où l’on tolérera les progressions de la captation actionnariale, il faut se demander jusqu’à quand nous sommes prêts à souffrir l’éternel retour de la crise des marché..."
>>Petit cours d’économie politique en temps de crise | AgoraVox
5-La corbeille:
"Il y a quelques semaines encore, l’affaire était entendue : hors quelques coups de tabac périodiques et secondaires comme en connaissent les maisons les mieux tenues, le capitalisme était increvable. Arrimé à sa commère la démocratie, le système était là pour toujours, « horizon indépassable de notre temps », comme disent les têtes pensantes de la rue de Solferino. Depuis la chute du Mur, une fois déblayés les décombres du « socialisme réellement existant », nous pouvions célébrer tout à la fois « la mort des idéologies » et « la fin de l’Histoire ». Plus personne pour dire bien fort, après Saint-Just, que « la Révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur » : nous devions apprendre à nous satisfaire de ce que nous avions, soit – inusable formule de Churchill ! – « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres ». Comprenez : la main invisible du marché dans la culotte de soie d’une ploutocratie arrogante qui, du haut des privilèges qu’elle s’octroie, ose se réclamer du peuple souverain. Ou encore, dit autrement et théorisé par Dame Thatcher [1] et ses disciples : le règne de Tina (« There is no alternative »). C’était hier encore. Aujourd’hui, on appelle en urgence l’intervention de la main de fer de l’État (dans son gant de velours, quand même, hein !)..."
6-Prédation et prédateurs
"« On est passé d’un capitalisme du laisser-faire à un capitalisme de la brutalité. Il faut, au XXIe siècle, instaurer un capitalisme de la responsabilité. » (Daniel Brennan, Corporate Social Responsibility [24].)
En 1975 s’est produite une rupture dont on ne saurait surestimer l’importance. Entre autres phénomènes elle nous a fait entrer (ou revenir), sans que rien ne nous y ait préparés, sous le régime de la prédation..."
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