mercredi 10 décembre 2008

Mondialisation et démocratie

Dès 1906, dans La Jungle, le romancier Upton Sinclair (1878-1968) dénonçait la fiction du « paradis américain » et les crimes du grand capital à l’époque des « Barons voleurs » : « Nous sommes au paroxysme d’un siècle de concurrence commerciale féroce - la bataille à mort au corps à corps entre les patrons du Beef Trust et la Standard Oil de Rockefeller pour décrocher le gros lot : faire main basse sur les Etats-Unis »



Mondialisation et democratie:

"La recherche d’une corrélation entre mondialisation et démocratie n’est pas très aisée.
Naturellement, si l’on pose le problème en termes normatifs ou idéologiques, le débat
s’éclaire de lui-même. On peut en effet identifier toute une série d’éléments qui militent en
faveur d’une corrélation positive entre mondialisation et démocratie, surtout si l’on se place
dans le contexte politique mondial de la fin de la guerre froide.
Inversement, il est tout aussi aisé de repérer des facteurs qui tendent à dévitaliser la
démocratie en raison, de la mondialisation du capital qui fait fi des espaces publics nationaux,
du déséquilibre croissant entre l’économique et le politique à l’avantage du premier, de la
démultiplication des dérèglements sociaux engendrés par la mondialisation. On pense
naturellement au développement des mafias, au blanchiment d’argent, aux trafics d’organes,
de médicaments ou d’enfants. On pense également à tous ces emplois supprimés sur la base
de considérations économiques globales sans que les personnes concernées soient toujours
consultées.
Certes, on pourra arguer du fait que ces différents dérèglements n’ont d’une certaine
manière rien à voir avec la démocratie, puisque ceux-ci existent aussi dans les pays non
démocratiques. De surcroît, il est difficile, par exemple, d’attribuer un licenciement
économique à un déficit démocratique, sauf à assimiler la démocratie à l’idée de justice par
exemple. Pourtant cette relation de cause à effet n’est pas non plus totalement incongrue si
l’on admet que la mondialisation entretient un sentiment de dépossession chez les individus,
qui directement ou indirectement perdent confiance dans la démocratie en tant que lieu
d’expression de choix et de préférences. De surcroît, les pays riches ont beaucoup plaidé,
depuis la fin de la guerre froide, en faveur d’une interaction entre démocratie et marché : c’est
la fameuse démocratie de marché. Or dans ce cas, il devient tentant de mêler dans son
appréciation les facteurs qui relèvent du marché et ceux qui sont imputables à la démocratie.
De surcroît, l’imaginaire consumériste gagne le champ du politique et de sa représentation. La
démocratie est de plus en plus identifiée à un marché où les élections tiennent lieu
d’un acte d’achat.
Ceci étant, ces jugements de valeur, si importants soient-ils, ne nous aident pas à
progresser. D’une part, parce qu’ils se situent sur un registre normatif, voire moral. D’autre
part, parce que le catalogue des articulations positives (la mondialisation favorise la
démocratie) peut largement être compensé par un catalogue tout aussi fourni des articulations
négatives (la mondialisation détruit la démocratie)..."
La dissociation des intérêts des entreprises et des nations conduit par la force des choses à une
séparation croissante entre ordre du marché et ordre des droits de l’Homme. Plus
préoccupant encore est le fait que la sphère économique tend parfois à considérer certaines
préférences collectives exprimées démocratiquement comme des obstacles à son
épanouissement. La pression qui s’exerce sur les Etats au plan fiscal est l’exemple même de
cette réalité. Elle vise non seulement à taxer davantage le travail que le capital mais également
à taxer proportionnellement plus les « salariés mobiles » que ceux qui peuvent jouer de leur
mobilité professionnelle pour optimiser leur situation fiscale. Or il est bien évident que les
politiques strictement nationales peuvent contenir mais pas enrayer cette évolution. D’où la
nécessité de se doter d’institutions mondiales ou régionales capables de réguler cette situation.
Autrement dit, la conséquence majeure de la mondialisation est de créer une demande de
démocratie à l’échelle mondiale. Or, la satisfaction de cette demande est extraordinairement
difficile à satisfaire. D’une part, parce que le déplacement vers le mondial ne signifie pas
l’obsolescence du cadre national. D’autre part, parce que l’on ne sait pas encore comment
résoudre la question de la représentation à l’échelle mondiale."

-Mondialisation et démocratie

-Les lieux communs de la mondialisation resistent-ils a l'analyse ?
-Les firmes géantes se jouent des Etats
-TEXTES
"...la mondialisation a deux effets contradictoires. En dissolvant la nation, elle sape le fondement de l’éthique de la liberté et de l’État de droit, et encourage les systèmes de discrimination sociale, ethnique, religieuse et confessionnelle. En outre, en approfondissant la dynamique de la polarisation, elle détruit les équilibres sociaux et politiques nationaux et nourrit les tensions et l’instabilité à l’intérieur des sociétés. De plus, en concentrant les richesses dans certaines régions et entre les mains de catégories limitées, elle abolit les fondements d’une croissance économique qui accompagnerait celle de la population, et élargit le fossé entre le Nord et le Sud, d’où une augmentation du chômage, voire de la famine
Mais d’autre part, en ouvrant les espaces nationaux, à l’intérieur au détriment des secteurs politiques, et à l’extérieur les uns aux autres, la mondialisation contribue à unifier les normes et crée une conscience commune ou mondiale des problèmes humains. Cela signifie qu’elle approfondit la conscience démocratique, fait de la démocratie un modèle de référence pour tous les habitants de la terre et créé progressivement des mécanismes de solidarité mondiale, qui n’existaient pas jusque là, et qui contribuent sans doute à des orientations permettant d’élaborer des solutions mondiales ou collectives."

-Mondialisation : tout le blé du monde pour les riches.
-Mondialisation democratie
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- Mondialisation implosive ?

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