mercredi 8 avril 2009

Obama: énigme...



Des lignes équivoques. Une politique qui se cherche ?...

Qui est Obama? Quelle vont être ses principales lignes d'actions après les années catastrophiques Bush et des décennies de dérégulations , depuis Reagan, qui ont mené les USA et l'économie mondiale là où l'on sait?

Trop tôt encore pour répondre de manière non équivoque, tant le personnage semble se chercher au contact de l'action et tant ses décisions paraissent parfois contradictoires : d'un côté, il esquisse un rapprochement avec l'Iran, fait un geste en direction de la Turquie, évoque une ouverture vers Cuba. D'un autre côté, en donnant des gages à l'Aipac, il maintient les mêmes liens avec la politique de Tel-Aviv, fait silence sur Gaza, renforce le présence américaine en Afghanistan, alors que des généraux du Pentagone estiment cette guerre, pour de douteux intérêts pétroliers, perdue d'avance .
Son équipe est constituée pour l'essentiel des mêmes hommes qui ont entraîné les finances à la faillite..et les mesures préconisées ne vont pas à l'essentiel, selon les économistes Krugman et Jorion, ce sont plutôt des cautères sur une jambe de bois, qui risquent fort d'approfondir la crise et de faire chuter le dollar à court terme.
Politique de l'entre-deux ,pas encore dégagée des ornières anciennes , notamment une volonté de mettre l'Europe sous tutelle...
Piégé par des forces puissamment conservatrices et notamment les intérêts de Wall Street, quelles sont ses marges de manoeuvre, s'il veut vraiment faire du neuf?
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Des discours souvent parfaits et prometteurs, mais à interpréter...-
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Obama, premier président noir de l’histoire des Etats-Unis, mettra-t-il en pratique le rêve de Martin Luther King ou le cauchemar de Condoleezza Rice ?Cette Maison Blanche, qui est maintenant sa maison, fut construite par des esclaves noirs. Pourvu qu’il ne l’oublie pas, qu’il ne l’oublie jamais." (E.Galeano)
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- Qu’espérer d’Obama ? par Eduardo Galeano:
"Pendant sa campagne, le mot leadership a été le plus répété dans les discours d’Obama. Pendant son gouvernement, continuera-t-il de croire que son pays a été élu pour sauver le monde, idée toxique qu’il partage avec la quasi totalité de ses collègues ? Continuera-t-il d’insister pour le leadership mondial des Etats Unis et leur messianique mission de commandement ?Pourvu que la crise actuelle, qui secoue les ciments impériaux, serve au moins pour donner un bain de réalisme et d’humilité à ce gouvernement qui commence.Obama acceptera-t-il que le racisme soit normal quand il s’exerce contre les pays que son pays envahit ? Ce n’est pas du racisme, que de compter un par un les morts envahisseurs en Irak, et d’ignorer royalement les quantités de morts dans la population envahie ? Il n’est pas raciste, ce monde où il y a des citoyens de première, deuxième et troisième catégorie, et des morts de première, deuxième et troisième catégorie ?La victoire d’Obama a été universellement applaudie comme une bataille gagnée contre le racisme. Pourvu qu’il assume, par ses actions au gouvernement, cette magnifique responsabilité...
Pourvu que la volonté de changement, que ces élections ont consacré, soit plus qu’une promesse et plus qu’une espérance. Pourvu que le nouveau gouvernement ait le courage de rompre avec cette tradition du parti unique déguisé en deux partis, qui a l’heure de vérité font plus ou moins la même chose en simulant qu’ils se disputent.Obama tiendra sa promesse de fermer la sinistre prison de Guantanamo ?Espérons, et pourvu qu’il en finisse avec le sinistre embargo sur Cuba.Obama continuera de croire que c’est très bien qu’un mur empêche que les mexicains traversent la frontière, pendant que l’argent passe sans que personne ne lui demande de passeport ?Pendant la campagne électorale, Obama n’a jamais affronté franchement le thème de l’immigration. Pourvu que maintenant qu’il ne court plus le danger d’effrayer les électeurs, il puisse et il veuille en finir avec ce mur, beaucoup plus long et honteux que le Mur de Berlin, et avec tous les murs qui violent le droit à la libre circulation des personnes.Obama, qui avec tant d’enthousiasme a soutenu le récent petit cadeau de 750 milliards de dollars aux banquiers, gouvernera-t-il, comme c’est la coutume, pour socialiser les pertes et pour privatiser les bénéfices ?J’ai bien peur que oui, mais pourvu que non.

- Welcome Home, BHO? Pas si sûr…:
"..I.l existe d’autres éléments récents préoccupants pour Obama, pour les tensions qu’ils impliquent, les frictions qu’ils induiraient éventuellement. Cette fois, nous parlons de sa position à l’intérieur de l’establishment et, dans un de ces deux cas, avec des effets sur la perception que le public a de lui.• Ses interventions sur “l’arrogance” des USA vis-à-vis de l’Europe ont soulevé une colère considérable chez certains commentateurs publics (Krauthammer). Il ne faut pas s’en tenir là et classer la chose au niveau de l’humeur de l’un ou l’autre, ou bien tenter de montrer que cette auto-critique est justifiée, car nous ne sommes pas ici sur le terrain de la raison. Il est assuré que ce genre de mea culpa, “en terre étrangère”, constitue une démarche extrêmement critiquable, pas loin d’être sacrilège, du point de vue de cet establishment. La vertu américaniste est un point essentiel du dogme en terre étrangère, elle ne peut être que proclamée au-dessus de tout soupçon. L’“équilibre” apporté par Obama dans son discours, en faisant suivre l’auto-critique américaniste d’une critique de l’antiaméricanisme européen, n’a aucun poids, aucune importance. Nous parlons ici d’une rhétorique de sacralisation, non pas de simple logique ou d’équité du jugement. Obama a été sacrilège, point final, et l’on sait comment les églises en jugent d’habitude...
• Un dernier élément (la liste n’est pas exhaustive) défavorable à Obama, c’est sa position extrêmement délicate vis-à-vis de Wall Street. On découvre chaque jour les dimensions stupéfiantes de la pénétration de Wall Street dans le gouvernement des USA, à un point où, dans le cadre de la crise à plein régime, il nous paraît difficile d’éviter qu’à un moment ou l’autre des tensions graves n’apparaissent. Même si Obama n’était pas cet Obama qu’on suppose de plus en plus qu’il est, cette situation ne pourrait pas ne pas provoquer des remous; mais en supposant, ce qui n’est tout de même pas absurde, qu’il est effectivement ce qu’on suppose qu’il est, les remous deviennent probabilité d’explosion, de crise grave. De toutes les façons, c’est la possibilité ferme qu’à un moment ou l’autre Obama deviendrait l’objet de la haine et de la vindicte de l’establishment. Dans des temps où le système a l’impression que c’est son sort qui est en jeu, les nuances et les préséances n’ont plus leur place, mais la brutalité règne en maîtresse. (Nous examinons d’une façon plus détaillée dans notre Bloc-Notes, le 7 avril 2009, le cas des rapports de BHO avec Wall Street.)...
Le cas Obama reste une énigme et un mystère parce qu’il est réellement ceci et cela, par rapport à la fonction qu’il occupe, – parce qu’il est jeune et depuis fort peu de temps dans le “circuit” politique, parce qu’il a un caractère marqué, parce qu’il a une culture et un passé très inhabituels, parce qu’il est Africain-Américain et donc, selon sa tradition, ô combien “en marge” du système. S’il se trouve où il se trouve, c’est parce que des circonstances extraordinaires ont permis qu’il y arrive; c’est, à l'origine, parce que les USA étaient en crise profonde bien avant la crise, au moins depuis 9/11 et l’aventure irakienne, et l’impuissance des démocrates à imposer aux républicains, après leur succès électoral de novembre 2006, un peu de remise en ordre. Dans ces circonstances, tous les politiciens confirmés étaient discrédités, jusqu’à Hillary Clinton bien sûr, et Barack Obama avait la vertu de “n’être pas des leurs”, d’une façon ou l’autre. (Qu’on veuille bien se souvenir des premières occasions où l’on parla d’Obama, hors du circuit intérieur US. Sa vertu, en décembre 2006, c’était son inexpérience, parce que cette inexpérience signalait qu’il était complètement neuf dans la politique, donc pas encore complètement infecté par les compromissions du système.) Quant à l'élection elle-même, on sait ce qu'elle doit à la crise, McCain étant inexistant à cet égard par rapport à son rival, en plus d'être du parti au pouvoir, qui n'a rien vu venir de la crise. Obama reste donc une énigme mais il est également, par ailleurs, président des Etats-Unis. Cela signifie qu’il est effectivement un président tout à fait énigmatique, sans doute le plus insaisissable, le plus inclassable de tous les présidents de l’ère moderne dans ses cent premiers jours...
...Un aspect extrêmement conformiste, sinon complètement manipulé selon certains, essentiellement bien sûr au niveau de la lutte contre l’aspect financier de la crise. En gros et pour l’essentiel, ou le plus spectaculaire sans aucun doute, c’est “BHO et Wall Street”. Il y a des variantes. Certains font de BHO le prisonnier de Wall Street en tant qu’entité collective, et c’est la thèse notamment du professeur Johnson dans son entretien avec The Atlantic, qui nous annonce que la Grande République est en fait une “Banana Republic” (voir notre Bloc-Notes du 28 mars 2009). D’autres font d’Obama le “prisonnier” d’un homme (Lawrence Summers, c’est la thèse du clan LaRouche). Il peut y avoir du vrai dans tous ces éléments sans pourtant que la conviction sur cette position d’Obama soit emportée.-• Un aspect inattendu, inhabituel, dans tous les cas par comparaison avec le courant, avec les coutumes et surtout dans l’atmosphère exacerbée que l’on connaît. Il s’agit des “originalités” du président, dont certaines ont déjà été mentionnées, comme celle de parler extra muros de l’“arrogance” des USA. Il y a d’autres cas… Son adresse à l’Iran pour le Nouvel An islamique, avec la politique qu’il serait en train de développer, ses départs hors de Washington D.C. dans certaines situations de tension, qui semblent une démarche “populiste” pour chercher un soutien populaire ; son attaque contre la bureaucratie du Pentagone ; l’annonce de la recherche d’un monde dénucléarisé… Comme on voit, nous mettons pêle-mêle “de l’intérieur” et “de l’extérieur”, car ce qui nous importe est l’effet produit à l’intérieur (establishment et population) sans classification des causes. Comme on le comprend, parlant d’“originalités”, nous désignons des faits qui peuvent aisément être très vite perçus comme “révolutionnaires” et antisystèmes.Bien sûr, ces “originalités” peuvent être mises sur le compte de la manœuvre, de l’artifice, de la posture, comme nombre de ses adversaires ne manquent d’observer. Bien entendu, on réplique aussitôt que le contraire est aussi bien possible: manœuvre, artifice, posture, – là aussi pour tromper son monde, sembler se soumettre à Wall Street et ruser jusqu’au moment de se découvrir. Il est logique selon les deux jugements, celui d’un BHO-pantin et celui d’un Obama révolutionnaire, que le président ne se découvre pas complètement et poursuive son jeu de rôles où il y a, quelque part, un rôle qui rencontre la réalité de sa pensée. Dans tous les cas, les deux jugements s’équivalent et il est raisonnablement impossible de trancher....
Les USA sont à un tournant de leur destin, pour des raisons essentiellement internes, donc fondamentales; ils ne font là que subir une tendance profonde de l’Histoire, de cette Histoire qu’ils ont toujours voulu écarter, – et l’on comprend pourquoi, à comprendre combien ce système est antagoniste de l’Histoire et de ses règles fondamentales.Pour le reste, pour les affaires très humaines quand elles sont hautes, BHO peut se tourner vers son héros favori, – Abraham Lincoln, au début de 1838, à Springfield, dans l’Illinois, dans son premier grand discours, alors que leur futur grand homme est encore bien jeune (29 ans) et qu’il vient d’être élu pour la première fois, comme Représentant de l’Illinois à la Chambre des Représentants du Congrès des USA: «A quel moment, donc, faut-il s’attendre à voir surgir le danger [pour l’Amérique]? Je réponds que, s’il doit nous atteindre un jour, il devra surgir de nous-mêmes. [...] Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant.»

- L’énigme Obama !:
"Le journaliste du Los Angeles Times Peter Nicholas écrivait l’autre jour qu’après un an et demi de campagne, à raison de dix-huit heures par jour avec le candidat, il ne pouvait toujours pas "dire avec certitude" à ses lecteurs qui est Barack Obama. Il avait pourtant partagé avec lui tous les moments qui font les délices de la caravane électorale. Il l’avait vu griller des hamburgers dans l’Iowa par une chaleur étouffante, alors que les mouches, au-dessus de sa tête, essayaient de lui faire perdre contenance. Il l’avait vu jouer au football à Chicago avec sa fille Malia. Il avait vu la discipline, l’endurance, rarement la spontanéité. Et il se surprenait à se poser la question : "Qui est, au fond, Barack Obama ?"La réponse est peut-être plus simple qu’il n’y paraît. "Barack est la personne qu’il a l’air d’être." C’est l’avis du professeur Mark Sawyer. Avant d’être professeur à l’université de Californie, à Los Angeles, il était étudiant à Chicago, où il suivait les cours de droit constitutionnel de Barack Obama. Le candidat enseignait à mi-temps, tout en étant sénateur à l’Assemblée de l’Illinois, à Springfield. Il était égal à lui-même : brillant, parfois énigmatique sur ses propres positions, capable de défendre des points de vue divergents. Et en même temps, toujours distant, appelé à autre chose. Il composait lui-même l’énoncé des problèmes de droit : "Dans l’Etat de Nirvana, un couple gay, Richard et Michael, veut un enfant...", ou "Vous devez conseiller Arnold Whatzanager, le gouverneur d’Utopia, sur un référendum interdisant la classification par races..."

-L'Europe de la servitude volontaire

-Turquie : en deux jours, Obama efface les années Bush | Rue89
-Cuba : Barack Obama envisage d'alléger les restrictions
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- Obama: otage des lobbies ?

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