mardi 7 avril 2009

Libre- échange en question













Pour un protectionnisme européen...


Il faut refonder l’Europe avec une nouvelle doctrine de la concurrence européenne. Cela permettra d’établir une concurrence loyale, équitable. Mais il faut un protectionnisme moderne, intelligent, éclairé, partiel… » (JLGréau)

-"Il y a des phases où le libre-échange est bénéfique, mais on n'en est plus là. La pression sur les salaires aboutit à l'insuffisance de la demande globale, à l'échelle planétaire. Avant la crise, le système tournait grâce aux Etats-Unis : en situation monétaire et militaire dominante, ils consommaient chaque année 800 milliards de dollars en trop, soit leur déficit commercial annuel. L'Amérique était l'agent de relance de l'économie mondiale et sa surconsommation était financée par le mécanisme des subprimes, des prêts hypothécaires, qui vient d'exploser. La globalisation a dans un premier temps détruit des emplois dans la partie développée du monde. Les pays émergents se sont nourris de cette destruction mais finissent par être touchés par l'effondrement de la demande intérieure des pays qu'ils étaient en train d'affaiblir. C'est le problème classique du virus qui finit par tuer son hôte. L'Europe pourrait décider de devenir un espace de régulation économique se protégeant des importations et des délocalisations vers les pays à bas salaire. Ce protectionnisme serait techniquement facile pour une Europe de 450 millions d'habitants qui peut financer sans difficulté ses importations d'énergie et de matières premières, à la différence des Etats-Unis. Le but ultime du protectionnisme n'est pas de repousser les importations venues des pays à l'extérieur de l'Union européenne, mais de créer les conditions d'une remontée des salaires et de la demande intérieure. Imaginons que les élites françaises, redevenues de vraies élites, se décident à assumer leurs responsabilités sociales, se convainquent de la nécessité de passer au protectionnisme pour éviter une destruction totale de l'industrie et du tissu social sur le Vieux Continent.." (E.Todd)

-"Sous ses diverses formes, la question du protectionnisme est partout posée. Et les Etats ont beau se récrier qu’une telle hypothèse les horrifie, presque chacun pratique ce qu’il dénonce…"
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-Protectionnisme : libres échanges:

"Les instances économiques internationales - Fonds monétaire international (FMI), Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce (OMC) – avaient déterminé que le salut de chaque pays passait par la spécialisation commerciale, par par une implication plus grande dans les rouages du commerce international (lire « Mais exportez donc ! dit le FMI », de Gabriel Kolko). La répression, voire la dépression actuelle constituent donc un choc d’autant plus terrible qu’elles sont souvent plus prononcées dans les pays concernés qui s’étaient dessiné un profil d’exportateur. Le niveau des ventes chinoises à l’étranger de février dernier est en baisse de 26 % par rapport au même mois de l’année précédente ; l’OMC prévoit pour 2009 un recul de 9 % du commerce mondial.Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? La crise actuelle va-t-elle conduire chaque pays à re-localiser nombre de ses productions ? Un recul du commerce mondial réduira-t-il la pression que la libéralisation des échanges a exercée sur les salaires des catégories populaires, constamment soumises au chantage des délocalisations ? Ce chantage a-t-il constitué un argument supplémentaire des classes dirigeantes ou leur principal instrument pour accroître à leur avantage la part de la richesse produite ?On le sent bien, sous ses diverses formes, la question du protectionnisme est partout posée. Et les Etats ont beau se récrier qu’une telle hypothèse les horrifie, presque chacun pratique ce qu’il dénonce…"

-Le retour du protectionnisme et la fureur de ses ennemis,


-Jean-Luc Gréau: «Le G20 a sauvé le soldat libre-échange»:

"Ne surtout rien changer, si ce n’est à la marge. Donner l’impression que l’on agit, mais ne pas s’attaquer de front aux véritables problèmes. Invité à participer à un forum du club Gauche avenir, ce week-end, à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Gréau a affirmé queiles « puissants de ce monde » réunis à Londres ont réussi leur coup : « L’objectif du G20 était de sauver le soldat libre-échange ». L’économiste en veut pour preuve tous les sujets sur lesquels l’impasse a été faite. Il évoque notamment « la titrisation » alors que l’on connaît aujourd’hui parfaitement la responsabilité de cette pratique dans la crise des subprimes. Mais ce qu’il regrette aussi, c’est que le G20 n’ait pas donné « un diagnostic purement économique » de la crise. Lui qui « il y a quinze ans, [était] libre échangiste », lui qui se définit comme étant de « tradition libérale de droite » (il a œuvré comme expert au Medef, ndlr), livre sans hésiter son interprétation de la crise. Il évoque en premier lieu « la sous-rémunération du travail » qui a conduit à « l’endettement des ménages » : « Il a pris une intensité particulière depuis quinze ans. Nous sommes passés d’un régime d’endettement acceptable à un régime d’endettement inacceptable. »

Il voit donc derrière la tempête financière, économique et sociale (et peut-être bientôt politique ?) que nous traversons, « une crise de la demande ». Mais il distingue deux types de pays parmi les premières victimes de cette crise. D’une part, les pays qui ont joué le jeu du surendettement à outrance (Etats-Unis, Angleterre, Espagne, etc) e, d’autres part, les pays qui apparaissaient comme étant « les plus compétitifs » : « Ce sont ces pays qui ont été les plus touchés : le Japon, la Corée, l’Allemagne. Il faut rappeler ça aux partisans du libre-échange ». Jean-Luc Gréau a aussi proposé une batterie de mesures pour réformer le système. L’auteur de La Trahison des économistes (1) propose pêle-mêle de « revaloriser le travail », de « nationaliser les banques » (« A la faveur de la crise, explique-t-il, les banquiers ont pris le pouvoir » !), de « rétablir un marché coopératif du crédit », d’« encadrer la titrisation » et de lancer « un nouveau Bretton Woods ». - « Il faut ouvrir le débat sur le protectionnisme » Mais il propose, aussi et surtout, d’« ouvrir le débat sur le protectionnisme » : « Le G20, s’indigne-t-il, l'a clôt avant qu’il n’ait commencé » ! Et de se moquer de ceux qui voient dans le protectionnisme « une maladie », comme Pascal Lamy dont il fait semblant de ne plus savoir s’il est directeur général de l’Organisation mondiale du commerce ou de l’Organisation mondiale de la santé !

Jean-Luc Gréau réfute par ailleurs en bloc l'argument maintes fois utilisé par les opposants au protectionnisme qui consiste à dire que son application au moment de la crise de 1929 a conduit à la catastrophe : « On est en train de falsifier l’histoire des années 1930. Les deux secteurs moteurs de l’économie américaine étaient l’automobile et le logement. Entre 1929 et 1932, la construction chute de 80%, l’automobile de 75%. Ce sont des marchés intérieurs qui se sont effondrés… »

Voilà pourquoi il n’hésite pas aujourd’hui à « [appeler] de [ses] vœux » la mise en place d’un « protectionnisme européen » : « Il faut refonder l’Europe avec une nouvelle doctrine de la concurrence européenne. Cela permettra d’établir une concurrence loyale, équitable. Mais il faut un protectionnisme moderne, intelligent, éclairé, partiel… » Intelligents et éclairés, les « 20 », ne l’ont pas été assez à son goût. Reste les responsables politiques français ? Jean-Luc Gréau regrette d’avoir si peu vu le protectionnisme évoqué dans les programmes des partis pour les élections européennes… "



-Les paradis sociaux ignorés par le G20:
"...Îles asiatiques paradisiaques, petits Etats d'Amérique centrale et même Etats membres de l'Union européenne : les «paradis sociaux» sont légions ! Alors que le G20 a établit une liste noire et deux listes grises des Etats aux fiscalités minimales sur le capital et à l'opacité bancaire suspecte, Marianne2 vous révèle un premier brouillon de liste des paradis sociaux.
Dans ces pays où le coût de main d'œuvre défit toute concurrence, des milliers d'entreprises, y compris des multinationales françaises du Cac 40, viennent implanter leurs usines et produire en toute impunité au mépris du niveau de vie local et au détriment des pays plus regardant sur les droits sociaux.Les Etats le savent et ne font rien !
Un petit tour par les sites des agences gouvernementales le prouve : les grands Etats ont tous connaissance de l'existence de ces lieux. Le ministère du Travail américain établit régulièrement une comparaison des coûts de main d'œuvre dans 31 pays, le Bureau international du travail dispose de statistiques précises sur plus d'une centaine d'Etat, Eurostat établit des comparaisons entre les salaires horaires des 27 Etats membres... Bref : l'absence de prise de position sur ce sujet est bien volontaire. -2€ de l'heure en Bulgarie, 0,61$ au Sril Lanka
Portant sur le coût horaire du travail (hourly compensation cost), l'étude du ministère du Travail américain pointe clairement du doigt l'Asie du Sud-Est : alors que le coût horaire moyen d'un ouvrier américain est évalué à 24,59$, son collègue philippin émarge à 1,10$ et leur alter égo sri-lankais à 0,61$. Des prix au regard desquels le très abordable Mexicain (dont l'heure coûterait 2,92$) passe pour un ignoble nanti !..."

-Le protectionnisme, est-ce la bonne solution?:
"Les délocalisations sont perçues comme un des aspects les plus directement menaçants de la mondialisation : une menace immédiate et concrète pour les salariés des pays du Nord que les entreprises multinationales mettent en concurrence avec la main-d’œuvre bon marché des pays du Sud. Quelle est l'ampleur de cette menace et comment y faire face ? Comment sortir du piège qui tend à faire des salariés des différents pays des adversaires ? Quelles mesures pourraient stopper la dégradation pour les salariés du rapport de force qui les oppose aux employeurs ? Comment ces politiques s'articulent-elles à une stratégie économique de transformation sociale ? Ces problèmes constituent le cœur de l'entretien qu'avaient accordé les économistes Michel Husson et Jacques Sapir en juin 2006 à la revue en ligne Les Cahiers de Louise. Partant de la question des délocalisations, il comporte toujours des éléments éclairants pour le débat qui s'amorce aujourd'hui sur le protectionnisme..."

-Continental victime du libre-échange
-Derrière les mythes du libre-échange
-Emmanuel Todd: vive le protectionisme.
-Protectionnisme: l'OMC constate un "glissement significatif" depuis janvier
-Les Etats-Unis tentés par le protectionnisme
- L'UE secouée par la tentation protectionniste
-Le localisme n’est (surtout) pas du protectionnisme | AgoraVox

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- Retour au protectionisme ?
-Protectionnisme raisonnable ?

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