Acquis, le tour?
Vélo-business
Lance Armstrong revient. Le septuple vainqueur du Tour de France, l'homme qui a vaincu le cancer, sera, à compter du 4 juillet, face au "plus grand défi de sa carrière". Telle une superproduction hollywoodienne, ce retour promet un sacré spectacle: du sang, de la sueur, des larmes. Est-ce pour autant une bonne nouvelle pour le sport? Dans leur livre Le Sale Tour, qui paraît ce 4 juin, les journalistes Pierre Ballester et David Walsh apportent une réponse sans équivoque. "C'est une catastrophe: Armstrong symbolise tous les dérapages, toutes les perversions du sport business: dopage, manoeuvres d'intimidation, affairisme...", assure Ballester, ex-journaliste à L'Equipe.
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-"Lance Armstrong se dope":
"...On se retrouve dans un monde à deux têtes, avec d'un côté des sportifs qui mentent sur leurs pratiques et de l'autre le monde de l'antidopage qui ment sur les résultats. Pour avoir été médecin de l'intérieur, sur le Tour de France pendant trois ans (de 1973 à 1975, Ndlr), j'ai des éléments pour décrypter les messages et l'hypocrisie qui règnent dans le monde du sport en général et du cyclisme en particulier. Bien sûr qu'Armstrong se dope. Mais moi j'essaie d'apporter mes connaissances à ceux qui n'ont qu'un seul son de cloche. Qu'on ne se trompe pas, Armstrong est un très bon coureur. Qu'il triche devrait me choquer, mais comme presque tous les autres font pareil... Ce qui me gêne le plus avec lui, c'est qu'il persiste à vouloir se faire passer pour le héros de la lutte antidopage. Il prend le public pour des imbéciles...
Armstrong a commandé son retour. Le plus dérangeant c'est le jeu d'Amaury Sport Organisation (ASO) qui se disait le chantre de l'éthique. Ils envoient avec la présence de Lance sur le Tour le message le plus pervers que l'on puisse envoyer au monde entier. On lui dresse carrément le tapis rouge ! Tous ses anciens concurrents ont été rattrapés par la patrouille et lui débarque comme si de rien n'était...
Quand j'étais vraiment à l'intérieur du Tour, donc entre 1973 et 1975, je peux vous dire que tout le monde était pour le dopage. Mais une fois devant les médias, le discours changeait radicalement. On entendait l'inverse. Pourquoi pensez-vous que les grands quotidiens que sont L'Equipe, Le Monde, Le Parisien ne me demandent jamais mon avis en matière de dopage? La presse depuis toujours fabrique ses spécialistes. Tout est formaté. Parfois, ils prennent des gens qui ne le sont pas au départ et finissent par le devenir... Il y a quand même des journalistes qui font leur boulot mais eux sont souvent à l'extérieur, ils n'ont pas accès à toutes les informations. Et vous savez, quand on est dans l'avion du président, on a envie de garder sa place. C'est pareil dans le monde du sport. Je ne mets personne en cause mais le système.
Vous savez, l'amélioration des contrôles professionnalise les tricheurs. .."
-Lance Armstrong, l'obscur:
"... Armstrong se dope, très bien, il n’est pas le premier ni le dernier et, cyniquement, on peut penser qu’il n’est qu’un professionnel se donnant les moyens de bien faire son boulot pour satisfaire son employeur. Avec la même précision documentaire, Jean-Emmanuel Ducoin aurait pu mener ses investigations sur l’athlétisme, le football, le rugby, la natation, le tennis, tous les sports où désormais prime l’idée d’assurer le spectacle pour satisfaire les sponsors. Armstrong n’est qu’un parmi les acteurs de ces « spectacles sportifs » que l’on qualifie encore - à tort - de sport.
Armstrong est un symptôme de la perversion des valeurs sportives, le produit d’une société capitaliste qui ne vit que pour vendre. Avec Armstrong, elle vend de la performance et du produit pharmaceutique comme d’autres vendent des idées, des disques ou de la crème à raser. La critique de cette société du spectacle a déjà été faite et bien faite par Debord. N’y revenons pas. Ce qui compte pour Jean-Emmanuel Ducoin, c’est qu’Armstrong (qui ne court plus qu’une course par an !) « n’a pas écrit une seule ligne de la légende du cyclisme ». Il est « le Néant de la route ». Quand on pense à Anquetil (à la mémoire de qui le livre est dédié), à Coppi, à Merckx, à Hinault, à Fignon, à Bahamontès et à tant d’autres, mille images viennent à l’esprit, mille exploits où le panache, la fantaisie, l’audace et la démesure font, des années après, encore vibrer ceux qui aiment le vélo. Avec Armstrong : rien. Armstrong n’a pas de visage, pas de corps. Il n’est qu’une machine anonyme lancée à toute allure, un homme obscur dont l’obscurité ne masque qu’un misérable petit tas de secrets à jeter aux ordures comme ce sac-poubelle plein de seringues qu’Emma O’Reilly (soigneuse en chef de l’équipe US Postal et masseuse personnelle du Texan de 1998 à 2000) fut chargée de faire disparaître après le tour des Pays-Bas.Pour Jean-Emmanuel Ducoin, c’est ce « rien » qui tue le cyclisme et qui détruit cette grande fête populaire qu’est le Tour de France. Armstrong est au cyclisme ce que Richard III est au théâtre shakespearien, l’image du mal absolu, du plus méchant, du plus malin, du plus disgracié qui, pour se venger, tue ceux qui lfait roi, les trahit pour assurer sa gloire, élimine tous ses rivaux, les piétine, les méprise autant qu’il méprise le peuple et finira seul au milieu d’un champ de ruines hurlant : « Mon royaume pour un vélo ! » C’est cette figure haïssable qu’interroge Jean-Emmanuel Ducoin, encore et encore. Une figure du mal qui ne finit pas de nous interroger tant elle dépasse la question sportive..."
-Armstrong et le business Tour:
"Le Sale Tour s'attaque moins au dopage qu'aux rouages du business Armstrong: ses revenus, les mécanismes et les objectifs de Livestrong, sa fondation de lutte contre le cancer, qui aurait levé 250 millions de dollars (190 millions d'euros) en douze ans. Pour les deux journalistes, l'entreprise est délicate: le fait de mettre ainsi en accusation un champion ayant lui-même surmonté la maladie peut choquer. D'autant plus que, cette année, il court gratuitement pour une équipe kazakhe, afin de promouvoir sa fondationUn retour en forme de stratégie commercialeLes auteurs voient là une stratégie commerciale. Pour eux, le coureur ne serait pas seulement candidat au rachat de cette étrange équipe (voir l'encadré ci-contre). Il caresserait aussi des rêves d'OPA sur le cyclisme dans son ensemble. Après avoir un temps imaginé mettre la main sur Amaury Sport Organisation (ASO), la société organisatrice du Tour de France, il déclarait en mars: " Un sport unifié est terriblement séduisant. Comme la formule 1." Autrement dit, une discipline sportive dont le pouvoir économique échappe à sa fédération, l'Union cycliste internationale.
Autre aspect de son "business": les nouvelles orientations de sa fondation. A l'origine, Livestrong et son site Internet (Livestrong.org) affichaient une vocation exclusivement caritative: l'information et le soutien aux malades atteints du cancer. Mais, en 2008, un site Internet à but lucratif- Livestrong.com- a vu le jour, dédié à la vente de produits liés au "bien-être, [à] la santé et [à] la remise en forme". Au mois de novembre dernier, Armstrong assurait lui-même la promotion: "Si les gens faisaient un petit peu plus attention à ce qu'ils peuvent trouver sur Livestrong.com, ils n'auraient sans doute jamais besoin de se rendre sur Livestrong.org."... En d'autres termes, "suivez nos conseils, achetez nos produits, et vous échapperez au cancer". De ".org" à ".com", trois petites lettres de différence et "le caritatif devint un business", concluent les auteurs.C'est cet homme d'affaires que le Tour se prépare à accueillir. Une perspective qui suscite un silence poli, tout juste troublé par des grincements de dents. Sollicités par L'Express, les organisateurs n'ont pas souhaité s'exprimer. Armstrong, lui, était trop occupé. Marc Madiot, le manager de l'équipe Française des jeux, ne veut plus parler de l'Américain. En septembre 2008, il avait qualifié ce retour de "totalement surréaliste". Bel euphémisme..."
-Les vrais chiffres du dopage dans le Tour de France
-Fignon: "Je n'ai pas peur de mourir"
-Dopage sur le Tour de France - Wikipédia
-Le Tour 2009, vraiment propre?
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-Actualité du dopage
Vouaye. On a vraiment du mal à comprendre ce silence complice autour du bonhomme. Est-ce en raison de pratiques rigoureusement identiques par les autres coureurs professionnels ?
RépondreSupprimerDisons que dans la norme, il fait mieux que les autres...
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