vendredi 11 septembre 2009

Obama:difficile combat


Tournant décisif à la Maison Blanche?

Obama engage sa crédibilité


-Une réforme courageuse nécessaire, quoique limitée, floue et faisant encore la part belle aux assurances privées et au business pharmaceutique-
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-Aux sources de la gangrène:
"Patience. Barack Obama n’en manque pas, mais elle est mise à rude épreuve ces dernières semaines, depuis le début du débat sur la réforme du système de santé. La virulence de ses opposants l’a surpris, lui et une presse encore sous le coup de l’«Obamania» de 2008. Il y a un an, en pleine bataille électorale, 57 % de ses concitoyens estimaient «urgents» des changements importants sur ce terrain, son rival républicain, John McCain, insistait presque autant que lui sur cette nécessité, seuls 29 % pensaient que le système américain était «bon ou très bon». A l’été 2009, ils étaient 48 % de cet avis, alors que rien ne s’est passé pour rendre leur jugement plus favorable, au contraire…La réalité est pourtant simple, et accablante. Classés 37e dans l’évaluation du niveau de santé nationale de l’Organisation mondiale de la santé, les Etats-Unis dépensent pourtant pas moins de 16 % de leur PNB en frais de santé (contre 6 % en 1968, et 10% au Canada ou en France actuellement). 48 millions d’Américains, près du cinquième de la population, ne disposent d’aucun type d’assurance maladie. Le coût de la santé est en train d’atteindre de telles proportions qu’au moins 85 000 Américains sont partis à l’étranger cette année pour se faire opérer ou soigner. La triste ironie est que ce «tourisme médical» est encouragé par les grands assureurs privés - l’un des secteurs où la concentration des entreprises a été la plus forte cette dernière décennie, au point de rendre la concurrence de plus en plus hypothétique. Les cotisations réclamées par les assurances privées continuent de flamber, et avec elles le niveau de la franchise à atteindre avant tout remboursement : ainsi les frais de santé engagés par un travailleur indépendant avoisinent 2 800 dollars par an, mais son assureur ne le couvrira qu’après dépassement des 4 000 dollars de franchise....
Quand cet été Barack Obama a commencé à dresser ce tableau lamentable de la santé en Amérique lors de «townhall meetings» (réunions citoyennes), et à préconiser une réforme où l’intervention du gouvernement fédéral devrait être importante, il a soulevé des réactions pour le moins surprenantes. «Vous voulez financer l’avortement avec l’argent des citoyens !», «Vous voulez le socialisme !», «Vous voulez instituer des "comités de la mort" qui euthanasieront les patients trop âgés !»...-
La santé est un sujet hautement émotionnel. En Amérique, c’est également devenu une affaire d’«exception nationale». Le rapport aux soins est profondément marqué par les habitudes de penser, les réflexes culturels ; par exemple, l’Amérique est certainement le seul pays du monde inondé de pubs télé pour des médicaments ou des plans d’assurance maladie, mais le concept de suivi médical reste marginal. A cause de la cherté de la santé, justement, les Américains ont tendance à n’aller consulter qu’au moment où leur état devient alarmant.-Pour les milieux conservateurs, tout cela est une «menace contre les libertés individuelles». Comme la régulation du port d’armes, comme tant d’autres «spécificités américaines» qui, avec le temps, se sont révélées plus dommageables qu’enrichissantes. Dans l’état où se trouve le Trésor américain, prétendre que le gouvernement fédéral serait capable de couvrir à lui seul les frais d’un système qui assure 35 millions d’hospitalisations par an, 64 millions d’interventions chirurgicales, 900 millions de consultations et 3,5 milliards d’ordonnances serait de la pure démagogie. Pour cette raison, Obama a choisi une démarche combinant le maintien - avec régulation de leurs excès - des assurances privées pour ceux qui le désirent, l’introduction d’une «option publique» qui présenterait une concurrence sérieuse au privé et les obligerait à baisser leurs prix, et la création de «co-ops», coopératives d’usagers partageant les frais de santé sans but lucratif, non sans ressemblance avec les mutuelles de santé françaises...
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Puissance du lobbying:"...Pour quelqu'un de mon âge qui gagne 40.000 dollars par an, il faut débourser 5000 dollars de prime d'assurance pour une couverture santé qui ne couvre rien si on n'a pas versé au préalable la somme de 2000 dollars ", explique Himmelstein. "Vous en êtes déjà de 7000 dollars de votre poche avant même de pouvoir bénéficier de soins médicaux. Pour la majorité des gens cela signifie qu'ils sont déjà endettés avant de bénéficier de leur assurance maladie. Et au bout du compte, leur situation a empiré. Au lieu d'avoir ces 5000 dollars pour acquitter certaines de leurs dépenses de santé, ils les ont versés pour les primes d'assurance".-Les Etats-Unis dépensent deux fois plus que les autres pays industrialisés pour les soins de santé - 7129 dollars par tête— alors que 45,7 millions d'Américains n'ont toujours pas d'assurance maladie et que des millions d'autres ont une couverture santé insuffisante. Actuellement, il y a 14.000 personnes qui se retrouvent chaque jour sans assurance maladie.
Un article dans le journal "Health Affairs" estime que, si le système reste tel quel, un dollar sur les cinq que dépenseront les Américains en 2017 ira à la couverture santé. L'administration et la paperasserie des assurances privées comptent pour un tiers, 31%, de chaque dollar consacré à l'assurance maladie.
Rationaliser les payements en regroupant toutes les opérations dans un seul organisme à but non lucratif et géré par l'Etat (****) ferait économiser plus de 400 milliards de dollars par an - assez, souligne l'association "Physicians for a National Health Plan", pour offrir à tous les Américains une couverture des soins complète et de qualité. Mais cette loi (appelée: America’s Affordable Health Choices Act of 2009) qui est proposée, au lieu de faire baisser les dépenses, augmentera le déficit budgétaire fédéral de 239 milliards de dollars sur une période de dix ans. Et si cela est très bon pour les intérêts privés, c'est très mauvais pour nous.
Les lobbyistes ont, comme ils l'ont fait pour le sauvetage scandaleux des banques et des sociétés d'investissement, détourné la législation pour escroquer le citoyen.
Les cinq plus grandes assurances privées et leur groupe financier, America’s Health Insurance Plans, ont dépensé plus de 6 millions de dollars pour faire du lobbying au cours du premier trimestre 2009.
Pfizer, le leader mondial de l'industrie pharmaceutique, a dépensé plus de 9 millions de dollars au cours du dernier trimestre de l'année 2008 et des trois premiers mois de cette année.
Le Washington Post indique que
jusqu'à 30 membres du Congrès des deux partis qui font partie de comités charnières détiennent des parts importantes dans des compagnies d'assurances privées pour une somme totale comprise entre 11 et 27 millions de dollars.
Le directeur de la politique de santé d'Obama qui rejette l'idée d'un organisme de santé unique géré par l'état, a été membre des conseils d'administration de plusieurs groupes privés de santé.
Obama et les dirigeants du Congrès ont exclu du débat les défenseurs d'un organisme central public. La presse, y compris des journaux comme le New York Times, traitent de marginal le mouvement pour un organisme public unique. Les chaînes de télévision n'en parlent pratiquement jamais. Or, entre 45 et 60 % des médecins y sont favorables. E
ntre 40 et 62% de la population, parmi lesquels 80% de démocrates encartés, souhaitent aussi un organisme central public unique pour tous.
La capacité des sociétés privées de discréditer et de faire taire les voix qui représentent au moins la moitié de la population est une preuve supplémentaire désespérante de la puissance des intérêts privés."Nous envisageons toute une série d'actions marquantes pour le début de l'automne" dit Himmelstein, "parmi lesquelles, des manifestations dans les capitales des états avec des médecins de tout le pays, des vidéos conférences dans 70 ou 80 villes, et des manifestations où des médecins s'enchaîneront éventuellement aux grilles de la Maison Blanche".

-Etats-Unis: bataille rangée autour de l'assurance santé | Mediapart:"...Il doit d'abord faire face à une fronde au sein du Parti démocrate. Un groupe d'élus démocrates centristes et fiscalement conservateurs, surnommés «la coalition du chien bleu», menacent de ne pas soutenir le plan de réforme lors du vote au Congrès.En plus, Obama doit lutter contre les efforts des lobbies des groupes d'assurances privés et des groupes pharmaceutiques qui ne veulent pas voir leurs positions sur le marché de la santé mises en danger. Et sortent le chéquier pour s'en assurer. Résultat, une campagne de lobbying à 1,4 million de dollars par jour, un record, débauchant même des anciens sénateurs ou directeurs de cabinet, pour mieux convaincre leurs anciens collègues.La marge de manœuvre de la majorité est donc réduite, surtout qu'une partie de la population est loin d'être acquise à l'idée de la réforme. Si des négociations avec les Républicains sont en cours pour trouver un compromis, c'est aussi par la pédagogie que l'administration Obama veut faire passer ce plan de santé présidentiel auprès du public ..."

-Le débat sur la réforme de la santé dérape aux Etats-Unis
-Glenn Beck, le messie de la furie conservatrice contre Obama | Mediapart
-Haine anti-Obama
-Assurance santé aux Etats-Unis: et Dieu dans tout ça? | Mediapart:
"...Opposants et partisans de la réforme de l'assurance santé aux États-Unis tentent de mettre Dieu de leur côté. Car, dans un pays où seulement 15% de la population se dit «sans religion» et où, chez les croyants, 76% se disent chrétiens (catholiques, évangélistes et protestants cumulés), le soutien de fidèles est essentiel. Le poids des religions avait permis à George W. Bush d'être réélu en 2004, après une campagne portant sur les «valeurs morales» qui avait su séduire les 30 millions d'évangélistes du pays, ces chrétiens qui pour la plupart prônent une interprétation littérale des Écritures.En difficulté sur l'assurance santé, Obama refuse de laisser le champ libre aux puissantes communautés religieuses conservatrices. La Maison Blanche a donc lancé une offensive pour promouvoir son projet jusque dans les églises, temples, synagogues ou mosquées, à l'intitulé explicite: «40 jours pour une réforme du système de santé»..."
- La France citée en exemple et le projet Obama en difficulté - AgoraVox
-Obama reforme de la sante - Recherche Google
-Les media ou Le premier pouvoir de désinformation au service des lobbies
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- Obama et la santé
- Medica-ment

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