Une économie de dettes
Aucune loi
sur le surendettement des ménages
"Même sans la crise financière internationale, le modèle économique espagnol n'était pas viable. La crise mondiale a seulement provoqué la crise espagnole qui aurait eu lieu de toute manière.En premier lieu, l'adhésion à l'Union Européenne a donné lieu au versement de très importantes subventions. Celles-ci n'ont pas été utilisées à des fins de recherche et de développement pour rendre l'industrie compétitive (à ce titre l'Espagne est en queue de peloton des pays de l'OCDE: pour les dépenses de R&D) mais essentiellement pour améliorer les infrastructures, en particulier routières et ferroviaires, qui en avaient effectivement très besoin.Ceci a conduit a enrichir les sociétés de construction et BTP qui ont investi leurs bénéfices dans des diversifications hors d'Espagne.Pour le reste, l'Espagne a bâti sa croissance sur la dette."[Immobilier Espagne : effondrement des ventes et chute des prix ]
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-Des vies sous « hypothèque » à Madrid:
"...Les annonces « à vendre », plus nombreuses aux balcons des immeubles, témoignent des changements. Et il suffit de jeter un œil sur la vitrine de n’importe quelle agence immobilière pour vérifier l’effondrement des prix. Ainsi à Aluche, une banlieue populaire, un appartement de 65 mètres carrés, situé au troisième étage avec ascenseur, était vendu 240 000 euros en 2006. Trois ans plus tard, des logements de ce type se vendent 160 000 ou 170 000 euros. Les sociétés immobilières ont fermé plus de 40 % de leurs agences depuis 2007. Néanmoins, quand on pousse la porte de l’une d’elles, les visages sont aimables et souriants : les affaires continuent. 86 % des Espagnols sont propriétaires — un modèle pour ceux, tel M. Nicolas Sarkozy, qui veulent encourager l’accès à la propriété en guise de politique du logement . Dans les faits, cet accès ouvre surtout sur... un endettement de longue durée. Entre 2004 et 2007, cinq millions de crédits avec garantie hypothécaire ont été octroyés pour l’achat de logements. Une situation si fréquente que l’expression « avoir une hypothèque » est passée dans le langage courant. Parallèlement ont proliféré les prêts à la consommation — le plus souvent garantis sur le bien immobilier —, les cartes de crédit, les crédits rapides accordés par des sociétés financières — dont les taux d’intérêt atteignent parfois 25 % — tout comme les entreprises privées de rachat de crédits. Au point que certains prêts ne sont plus associés à l’achat d’un bien concret, mais deviennent un produit de consommation à part entière. Il est ainsi habituel de recevoir des publicités ou des appels téléphoniques informant que des sommes de plusieurs milliers d’euros sont « mises à votre disposition » pour être dépensées « comme vous voulez ». Cette prolifération incontrôlée du crédit et de l’endettement pèse fortement sur les ménages. Au dernier trimestre 2008, le rapport entre la dette et les revenus de base disponibles (le ratio d’endettement) atteignait 125 %, contre 88,9 % en France. En 2008, les impayés des crédits hypothécaires se sont accrus de 310 %, et 2,7 millions de personnes ont fini l’année sans pouvoir acquitter leurs dettes. Pour 2009, on prévoit cinq cent mille mises en demeure pour des crédits personnels impayés, ainsi que plus de quatre-vingt-six mille saisies hypothécaires, soit trois fois plus qu’en 2007...
Lors du boom immobilier, les évaluations gonflées, la prolifération des intermédiaires, les crédits octroyés aux limites des possibilités de paiement étaient des pratiques courantes. Et il n’est guère surprenant que, désormais, nombre de personnes ayant commencé à payer des « hypothèques » se retrouvent dans l’incapacité de les honorer...."
-Surproduction immobilière et crise du logement en Espagne :
"Construction d’ensembles résidentiels en plein désert, bétonisation accélérée des côtes : l’immobilier espagnol est saisi par les folies des grandeurs – ce qui n’empêche pas une crise du logement endémique. Alors que le marché s’effondre et que la course au bâti se révèle dramatiquement coûteuse en termes écologiques et économiques, l’Espagne est conduite à repenser son modèle de développement urbain. Coup de projecteur sur un aspect méconnu du « miracle économique » espagnol...
Une économie dominée par le secteur immobilier.-La singulière ampleur de ce dernier cycle immobilier en Espagne n’est pas historiquement nouvelle. On observe, dans l’histoire de ce pays, la répétition de périodes où l’immobilier prend un poids très important dans l’économie nationale. Ce poids se reflète dans la passion sociale pour les questions immobilières et, depuis les politiques franquistes d’accession à la propriété, pour le fait de devenir propriétaire d’un logement.On peut faire remonter cette particularité espagnole à la seconde moitié du XIXe siècle. Les politiques d’extension planifiée des villes (ensanche) du dernier tiers du XIXe siècle, qui délimitent de nouveaux territoires urbains, entraînèrent une flambée des prix du sol, alimentée par des transactions à caractère spéculatif. Historiens et géographes ont montré comment les bourgeoisies urbaines, notamment à Madrid, se construisaient en accumulant le patrimoine foncier [4]. Plus tard, dans la période dite de desarrollismo, de la fin des années 1950 au début des années 1970, caractérisée par l’ouverture aux capitaux étrangers, le développement de l’économie espagnole s’appuie sur le bâtiment et le tourisme – et l’économie du tourisme est aussi fondée sur le bâtiment. Les trois dernières périodes de forte expansion (1969-1974, 1986-1991 et 1998-2006), qui « convulsionnent » [5] l’économie espagnole, sont encore marquées par la prééminence du secteur immobilier, qui tire vers le haut les indicateurs nationaux. Inversement, durant les périodes de récession qui les suivent, ce secteur est l’un des plus sinistrés.Entre 1997 et 2005, la part du secteur immobilier passe ainsi de 11 % à 17 % du PIB et de 9 % à 14 % de l’emploi [6]. Il absorbe également une part croissante des liquidités, au détriment des autres secteurs de l’économie. Ainsi le crédit consenti aux promoteurs immobiliers a-t-il augmenté, durant la seule année 2005, de 40 %. Les investissements absorbés par le secteur immobilier (financement de la promotion, de la construction, de l’activité des intermédiaires et de l’acquisition de logement) représentaient alors 54 % des investissements dans le secteur privé contre 40 % en 1997 [7]. Cette place considérable occupée par l’immobilier, qui est une des clés du « miracle économique » espagnol, pourrait avoir des conséquences lourdes sur l’économie nationale. Sa tendance hégémonique pourrait être à moyen terme un obstacle au développement du pays [8]. Il s’agit en effet d’un secteur de faible productivité et à faible composante technologique..."
-La fièvre de la brique espagnole:
"...Outre les énormes bénéfices de la spéculation, les causes de la formation de ce cancer sont multiples : attentes irréelles en regard de l’évolution future des prix de l’immobilier ; pérennité d’une longue liste de croyances populaires concernant ce domaine ; subventions publiques accordées à l’achat ; et assouplissement des critères de l’octroi des crédits.Les espoirs des acquéreurs étaient pour le moins fantaisistes quant à l’évolution des prix. En 2005, une enquête (2) auprès de plus de mille cinq cents personnes ayant acquis un logement depuis 2000 révéla que la plupart (92 %) l’avaient acheté afin d’en faire une résidence principale et non pour le revendre. Cependant, 50 % d’entre elles avouaient que la variable « investissement » avait pesé dans leur décision.De plus, 95 % des enquêtés pensaient que leur acquisition était surévaluée mais s’attendaient, au cours des dix prochaines années, à une augmentation des prix de l’ordre de 23 % par an, en moyenne. Difficile de trouver une manifestation plus claire de ce qu’est une bulle immobilière... "
-Espagne : Valdeluz, ville fantôme à cause de la crise immobilière
-Même sans la crise financière internationale, le modèle économique espagnol n'était pas viable
Même sans la crise financière internationale, le modèle économique espagnol n'était pas viable. La crise mondiale a seulement provoqué la crise espagnole qui aurait eu lieu de toute manière.En premier lieu, l'adhésion à l'Union Européenne a donné lieu au versement de très importantes subventions. Celles-ci n'ont pas été utilisées à des fins de recherche et de développement pour rendre l'industrie compétitive (à ce titre l'Espagne est en queue de peloton des pays de l'OCDE: pour les dépenses de R&D) mais essentiellement pour améliorer les infrastructures, en particulier routières et ferroviaires, qui en avaient effectivement très besoin.Ceci a conduit a enrichir les sociétés de construction et BTP qui ont investi leurs bénéfices dans des diversifications hors d'Espagne.Pour le reste, l'Espagne a bâti sa croissance sur la dette. Les sociétés espagnoles sont endettées à hauteur de 31 % de plus que la moyenne des sociétés de l'UE.Si l'on prend en considération que l'Espagne est avant-derniere (en 2006) pour sa recherche mais aussi que l'Industrie espagnole est la moins productrice de l'Union Européenne, on commence à avoir une idée de l'ampleur du problème. Cet état de fait se traduisait, fin 2007, par un déficit de commerce extérieur très elevé (plus de 10 % du PIB).L'adhésion a l'Euro a protégé l'Espagne, contrairement à ce qui s'était passé avant, de dévaluations successives.Et aujourd'hui, l'Espagne n'est plus compétitive.Le pays a tout misé sur le développement de deux secteurs d'activité qui représentent chacun à peine plus de 10 % du PIB :La construction et le tourisme..."
-Vends mon rein, bon prix, cause crise économique
-Espagne : Crise oblige, le budget de la famille royale gelé en 2010
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