Atouts et fragilités
-La Chine peut-elle relancer l'économie mondiale ?
" L'éclaircie tant attendue dans la tempête qui balaie l'économie mondiale viendra-t-elle de Chine ? En effet, face à la crise, l'empire du milieu fait de la résistance. Mieux, son économie devrait rebondir dès cette année et redémarrer pleinement en 2010.-Certes, la Chine ne passe pas à travers l'orage. Un rapport de la Banque mondiale publié le 7 avril prévoit que le produit intérieur brut (PIB) du pays ne dépassera pas une croissance de 6,5 % cette année, contre 13 % en 2007 et 9 % l'an dernier. Une prévision en ligne avec celle de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui table sur une croissance du PIB chinois de +6,3% en 2009.Les deux institutions soulignent néanmoins que de récentes statistiques de l'économie chinoise laissent penser que le pire a été atteint et que la reprise est amorcée. Les banques chinoises ont ainsi prêté 2.690 milliards de yuans (296 milliards d'euros) au cours des deux premiers mois de l'année pour financer les grandes dépenses d'infrastructure engagées dans le cadre du plan de relance national. Par ailleurs, la production industrielle du pays est repartie : l'indice des Directeurs d'Achats (PMI) a ainsi progressé en mars pour le quatrième mois consécutif à 52,4. Enfin, la Chine achète à nouveau des matières premières.Les raisons de cette résistance ? Tout d'abord, le secteur bancaire chinois n'a pas été exposé, comme ses homologues occidentaux, aux actifs à haut risque, grâce à son contrôle des capitaux. Surtout, le colossal plan de relance du gouvernement chinois, qui mobilise 4.000 milliards de yuans (440 milliards d'euros), soit 12% du PIB du pays, commence à porter ses fruits. Essentiellement fondé sur les investissements dans les infrastructures, le plan de relance chinois devrait contribuer pour près de trois quarts (4,9 points) à la croissance du PIB national cette année, selon la Banque mondiale.
Au final, la croissance de la Chine devrait s'accélérer au cours des deux derniers trimestre de 2009 - à +8 ou 9% selon les prévisions du département économie de Natixis - pour s'affirmer en 2010. L'an prochain, la croissance du PIB chinois atteindrait +8,5% selon l'OCDE. Pour la Banque mondiale, c'est « grâce à la Chine que la croissance des pays en développement de l'Asie de l'Est et du Pacifique sera la plus rapide de toutes les régions du monde ». L'économie chinoise devrait ainsi « redémarrer pleinement en 2010 et contribuer à la stabilisation de la région, voire à sa guérison», assure l'institution.Le rebond de l'économie chinoise, troisième économie au monde, est-il également une lueur d'espoir pour l'économie mondiale ? La Chine peut-elle seule relancer la croissance de la planète ? Malheureusement non.Certes, la reprise de la production industrielle chinoise est une « bonne nouvelle » pour les économies qui font du commerce avec l'empire du milieu, indique Edgardo Torija-Zane, économiste chez Natixis. La Chine va en effet augmenter sa demande de matières premières. Le rebond chinois peut être un « catalyseur » de la reprise mondial, explique Laurence Bonne, chef économiste chez Barclays Capital, à condition d'être accompagné par une reprise aux Etats-Unis grâce au vaste plan de relance budgétaire du gouvernement Obama. Seule, l'économie chinoise a un impact limité.-Tout d'abord parce que l'économie chinoise est relativement fermée. Sa part dans les importations mondiales ne s'élevaient ainsi qu'à 6,5% en 2007. Ensuite parce que le poids de la Chine dans l'économie mondiale n'est pas aussi significatif que celui des grandes économies occidentales. La Chine ne pèse que 7% du PIB mondial en 2008, contre 23% pour les Etats-Unis et 32% pour l'Union européenne.« Le consommateur moyen chinois ne peut remplacer le consommateur moyen américain en termes de panier et de pouvoir d'achat », souligne Laurence Boone. D'autant que la relance par la consommation n'est pas acquise en Chine.En dépit des grands projets d'infrastructures qui visent à maintenir l'emploi, le chômage reste à un niveau très élevé. Selon le ministère de l'agriculture chinois, 20 millions de travailleurs ruraux (15% du total) ont perdu leur emploi depuis le début de l'année. Sur les 70 millions de travailleurs migrants partis dans les zones rurales à l'occasion du Nouvel An chinois, fin janvier, 80% (56 millions) sont retournés dans les villes. Parmi eux, 11 millions n'ont pas retrouvé d'emploi. La plaie du chômage, amplifiée par l'inexistence de filets de sécurité sociale, n'incite pas le consommateur chinois à dépenser. Le taux d'épargne en Chine est l'un des plus élevés au monde« On ne peut pas compter sur l'économie chinoise pour relancer seule l'économie mondiale, résume Françoise Lemoine, économiste au CEPII. Elle peut en revanche éviter que celle-ci ne plonge plus fortement. »
"...Dans une interview, ou plutôt une "conversation à bâtons rompus", pour l’institut Turgot, avec Henri Lepage, Charles Gave, financier établi à Hong Kong, se montre optimiste pour l’avenir à long terme de la Chine (vidéo - la partie sur la Chine ne commence qu’après 13 minutes).Selon lui, la Chine a compris que son rebond passerait par un développement des échanges intérieurs et avec la zone commerciale de l’extrême orient, la plus peuplée du monde, avec 3 milliards d’individus dont la marge de progression en terme de richesse est considérable. Elle met donc tout en oeuvre pour parvenir à former une sorte de marché économique commun asiatique, utilisant ses réserves de changes pour aider ses voisins les plus pauvres à développer leurs infrastructures d’échange avec elle. Et surtout, elle se prépare à un changement monétaire majeur : la convertibilité du Renminbi (RMB, la monnaie chinoise, parfois aussi appelée Yuan, selon les auteurs, et officiellement Yuan Renminbi, littéralement "la monnaie du peuple"). Nous verrons plus loin pourquoi la convertibilité du Renminbi peut être extrêmement bénéfique pour l’économie chinoise, contrairement à ce que dit la presse mainstream qui n’y voit qu’une menace pour les entreprises exportatrices.Ajoutons que, selon M. Gave, la Chine utilisera la mutualisation des forces régionales pour en maximiser les fruits par l’échange, ce qui éloigne le spectre de tout conflit avec Taïwan, par exemple. Taïwan dispose d’une classe managériale formée qui manque à la Chine. Depuis la normalisation croissante des relations entre les deux pays, de nombreux taïwanais travaillent à shanghaï pour les entreprises chinoises, qui ne s’en portent pas plus mal. La Chine normalise également ses relations avec le Japon, en vue, entre autres, de développer les échanges technologiques avec leur voisin. Un commerce développé est le meilleur garant de la paix, les adversaires de la mondialisation et autres protectionnistes de chez nous feraient mieux de s’en rappeler... Enfin, les Chinois disposent d’une épargne considérable (50% du PIB), qui va nécessairement être dérégulée avec la convertibilité du RMB. Cela fera de Hong Kong, à moyen terme, l’épicentre de la finance mondiale, devant Londres sûrement, dans un axe conjoint avec Wall Street.Toutes ces informations sont évidemment de nature à rendre très optimiste pour l’économie de l’Asie orientale à moyen et long terme. Mais à court terme, l’économie chinoise ne risque-t-elle pas de traverser des turbulences ? Seront-elles modérées ou sévères ?
Maintenant, les mauvaises nouvelles
.A long terme, l’évolution positive de l’économie Chinoise évoquée par Charles Gave fait sens. Toutefois, à court et moyen terme, de nombreux autres observateurs de l’économie chinoise observent que cette économie avance aujourd’hui sur le fil du rasoir, car elle est plombée par de nombreux déséquilibres conjoncturels et structurels.Or, comme aux USA, des politiques économiques et monétaires inopportunes sont la cause de ces déséquilibres, même si ces politiques furent différentes. Les deux leçons sont les mêmes : On ne soumet pas impunément la monnaie, le crédit, et les contrats, à l’arbitraire politique.Les dernières déclarations d’un officiel chinois, Cheng Siwei, ancien vice président du parti, aujourd’hui ambassadeur itinérant de l’économie chinoise, montrent à quel point les politiques chinois, au moins hors de leurs propres frontières, se montrent à la fois lucides, pragmatiques, mais aussi très embarrassés.M. Chieng a déclaré, lors d’un symposium au lac de Côme, apparemment sans langue de bois : que : "l’or était tout à fait une alternative au dollar, mais que les Chinois ne pouvaient faire que des achats mesurés pour ne pas déséquilibrer les cours", que "Si la Fed continuait à créer des dollars à partir de rien pour racheter des bons du trésor, alors le dollar chuterait et l’inflation aux USA réapparaitrait sous une à deux années", que "la Chine ne pouvait se désengager brutalement, mais que désormais, les recettes de changes supplémentaires seraient diversifiées en Yen, en euro, autres devises et or", et que "le flot d’excédents commerciaux chinois avait aussi provoqué des bulles d’actifs, et notamment immobiliers, en Chine, et que cette bulle menaçait d’éclater, avec des conséquences imprévisibles".Rien que cela
.-Dollar Trap:La presse économique évoque fréquemment le "piège", le "dollar trap", dans lequel s’est jeté la Chine ces 10 dernières années. En convertissant massivement ses excédents commerciaux en bons du trésor américain, la Chine se retrouve aujourd’hui piégée par la politique de surendettement menée par l’administration Obama et soutenue par la FED par une politique officielle et rampante de "Quantitative Easing".Si la Chine, selon les termes de M. Cheng, arrête d’augmenter ses encours de dette du trésor US, alors le trésor US perdra un peu plus de capacité à trouver des clients pour financer l’augmentation de ses dettes, du moins à un taux d’intérêt compatible avec la remise en forme d’une économie malade de surendettement. La FED devra donc poursuivre sa politique de Quantitative Easing, et de répurgation des dettes du système financier américain par création monétaire, ce qui pourrait finir par créer une inflation forte (pronostic controversé, mais partagé par M. Cheng Siwei), et donc faire tomber la valeur des bons du trésor à des niveaux abyssaux...."
-La reprise chinoise est artificielle__-_Chine, la République populaire a 60 ans______________
-Que fera la Chine ?
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