Les comparaisons strictes en histoire sont toujours risquées
Mais comment ne pas être troublé par les analogies profondes?
-"Nous avons fait la fête comme en 1929 . Et maintenant nous sommes en 1930", affirmait récemment un autre économiste américain, Paul Krugman sur son blog. "La crise financière actuelle est en gros une version moderne de la vague de paniques bancaires qui avait balayé le pays il y a trois générations", ajoutait l’auteur de « L’Amérique que nous voulons » qui sort actuellement chez Flammarion.
En France aussi, la comparaison fait débat, même si pour la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, les problèmes sont maîtrisés. En revanche pour Jacques Attali, "la crise actuelle ressemble plus à un tsunami, c'est une série de vagues qui avancent, dont certains peuvent espérer qu'elles passeront au large, et qui sont beaucoup plus profondes et structurantes qu'un évènement isolé comme l'a été le 11 septembre". Pour l’économiste Michel Aglietta, qui a été un des premiers à voir la crise arriver, la comparaison avec 29 n’a rien d’exagéré. « L’ampleur de la crise est aussi importante que celle de l’entre deux guerres », expliquait-il sur le site Rue 89 dès le mois de mars."
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-L'histoire ne repasse pas les plats, ne se répète pas, mais elle bégaie...
-Les banques au coeur du séisme...-
-"La crise financière a créé une boucle de rétroaction négative sur les marchés financiers. Un niveau de désendettement inégalé et le processus de démultiplication ont créé une boucle de rétroaction négative dans l’économie réelle. C’est une boucle qui est bien plus difficile à inverser, et c’est pourquoi une seconde Grande dépression reste une réelle possibilité." (Thomas Palley)
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Crise de 1929 : avons-nous retenu la leçon ? - AgoraVox:
"80 ans après le krach qui a fait trembler les Etats-Unis et précipite le monde dans la guerre, la seule solution pour William Karel était de faire parler les archives de l’époque - des documents rares, souvent inédits en France - en les intercalant habilement avec les mises en perspective d’économistes (Joseph Stiglitz, Bernard Gazier, Daniel Cohen, Jeff Madrick, Richard Salsman) ou d’historiens réputés (Howard Zinn, déjà cité, ainsi que de Steve Fraser, Elaine Abeslon, Alfred Grosser, Harold James, Maury Klein, Amity Shlaes).
William Karel, comme il l’explique dans l’interview qui suit, ne voulait pas laisser aux seuls économistes le soin d’expliquer pourquoi le jeudi 24 octobre 1929, la bourse de Wall Street s’effondre.
Cet intrication entre archives et les expertises de chercheurs donne tout son sel à ce documentaire passionnant. Comment, en l’espace de quelques jours l’économie apparemment prospère des Etats-Unis s’écroule-t-elle, entraînant l’Allemagne dans sa chute et, partant, l’ensemble du monde.
Cet intrication entre archives et les expertises de chercheurs donne tout son sel à ce documentaire passionnant. Comment, en l’espace de quelques jours l’économie apparemment prospère des Etats-Unis s’écroule-t-elle, entraînant l’Allemagne dans sa chute et, partant, l’ensemble du monde.
Tel est le sujet de ce film en deux parties qui cherche à comprendre les causes de ce krach historique et en décrit les conséquences.
Ironie du sort, au moment où William Karel travaille sur son film, un autre désastre financier, la crise des subprimes, s’abat sur le monde. Des millions d’Américains se retrouvent à la rues faute de pouvoir payer leur crédit, des usines ferment partout dans le monde. Le spectre de 1929 plane et ce documentaire qui entendait expliquer sous l’angle économique, sociologique et historique une catastrophe ancienne devient un film d’actualité lui-même.
Ironie du sort, au moment où William Karel travaille sur son film, un autre désastre financier, la crise des subprimes, s’abat sur le monde. Des millions d’Américains se retrouvent à la rues faute de pouvoir payer leur crédit, des usines ferment partout dans le monde. Le spectre de 1929 plane et ce documentaire qui entendait expliquer sous l’angle économique, sociologique et historique une catastrophe ancienne devient un film d’actualité lui-même.
Comment en est-on arrivé-là ? La question se pose avec la même acuité pour 1929 que pour 2008. A cette différence que 1929 fut un événement fondateur. En 2008, financiers et économistes savaient que la crise allait tomber. Quand ? On l’ignorait. Pour le reste c’était couru.
Le film de William Karel s’attarde sur les années 20. En France c’est la « belle époque » (pas pour tout le monde). Aux Etats-Unis, c’est la prospérité, les roaring twenties, les rugissantes années 20. Seul bémol la prohibition et le gangstérisme prospèrent, mais pas seulement. On assiste à la naissance d’une classe moyenne. Chaque famille possède sa Ford T. On consomme, on s’enrichit et l’on pense que cela va durer des siècles. En cinq ans les cours de la bourses sont multipliés par quatre. En 1929, deux milliards de dollars sont investis sur le marché. La bourse est un eldorado. Le patron de la General Motors déclare que pour 15 dollars investis il garantit un gain de 80 000 dollars. La presse économique le salue comme un visionnaire. Les banquiers de Wall street sont des « prestidigitateurs ». On devrait dire des illusionnistes. Des escamoteurs.
Le film de William Karel s’attarde sur les années 20. En France c’est la « belle époque » (pas pour tout le monde). Aux Etats-Unis, c’est la prospérité, les roaring twenties, les rugissantes années 20. Seul bémol la prohibition et le gangstérisme prospèrent, mais pas seulement. On assiste à la naissance d’une classe moyenne. Chaque famille possède sa Ford T. On consomme, on s’enrichit et l’on pense que cela va durer des siècles. En cinq ans les cours de la bourses sont multipliés par quatre. En 1929, deux milliards de dollars sont investis sur le marché. La bourse est un eldorado. Le patron de la General Motors déclare que pour 15 dollars investis il garantit un gain de 80 000 dollars. La presse économique le salue comme un visionnaire. Les banquiers de Wall street sont des « prestidigitateurs ». On devrait dire des illusionnistes. Des escamoteurs.
En juin 1929 les premiers signes apparaissent. Depuis longtemps certains économistes prédisaient la catastrophe, l’éclatement de cette bulle. On ne les écoute pas... En septembre, Wall street vacille, le 24 octobre, elle chute, en novembre elle s’effondre. Ce qui signifie une perte de 30 milliards, soit dix fois le budget fédéral américain. Face à ce cyclone qui balaye l’Amérique et commence à faire ressentir ses effets sur l’économie « réelle » le président Hoover...ne fait rien, sinon de rapatrier l’argent prêté à l’Allemagne pour sa reconstruction, histoire de restaurer la confiance des financiers. Conséquence, l’Allemagne, est asphyxié. Hitler monte dans les sondages. Il sera élu chancelier, un mois avant Roosevelt. Le bilan de ce dernier est en demie-teinte. Roosevelt instaure le new deal, fait promulguer une série de lois sociales inédites aux Etats-Unis. Mais le new deal sauvera-t-il les Etats-Unis de la crise. Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain c’est que la menace qui vient d’Europe est une aubaine pour les Etats-Unis qui en faisant tourner les usines d’armement à plein se refont une santé économique inespérée...
1929 est une analyse historique et un document d’actualité aussi passionnant et riche l’une que l’autre.
1929 est une analyse historique et un document d’actualité aussi passionnant et riche l’une que l’autre.
-William Karel, invité des Rdv de l’Agora, répond aux questions d’Olivier Bailly-..."
-1929 - ARTE:
Dans son documentaire sobrement intitulé 1929, William Karel, à une exception près, n’interroge aucun témoin. Dans son précédent film - Mais qui a tué Maggie ? - il avait pu interviewer quasiment au complet le gouvernement anglais dirigé par Margaret Thatcher.
Mais 80 ans après 1929, impossible de retrouver des témoins vivants. Seule exception notable, donc, la présence de l’historien Howard Zinn qui, âgé de 7 ans en 1929, se situe ici à l’intersection de l’histoire et de la mémoire.
1929, documentaire en deux parties diffusées sur Arte le mercredi 28 octobre à 20h45(1ère partie - La crise et à 21h35 2e partie - La Grande dépression). Ce film est également disponible en dvd et comporte en complément un entretien entre les économistes Joseph Stiglitz et Daniel Cohen.
- Prêts pour la prochaine crise ?:
"-Les USA sont non seulement sous la coupe des intérêts privés du secteur financier qui a réussi jusqu’à présent à échapper à toute mesure de régulation sérieuse, mais ils sont aussi dans le peloton de tête des statistiques des inégalités de revenu et du taux de pauvreté. Ces deux caractéristiques sont en général celles des états faillis, souligne Paul Craig Roberts, qui s’inquiète que l’absence de réglementation des produits dérivés ne provoque un nouveau désastre.-
Les preuves montrant que les États-Unis sont un Etat failli s’accumulent plus vite que je ne peux les répertorier.L’une des caractéristiques décisives d’un Etat failli est que les escrocs sont placés à l’intérieur du gouvernement, et utilisent ce gouvernement pour protéger et promouvoir leurs intérêts privés.Une autre caractéristique déterminante est l’inégalité croissante des revenus, lorsque ces « insiders », ces initiés, manipulent la politique économique pour assurer leur enrichissement au détriment de tous les autres.L’inégalité des revenus aux États-Unis est aujourd’hui la plus extrême de tous les pays. Le rapport 2008 de l’OCDE, « Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE, » (PDF) conclut que les États-Unis sont le pays où l’inégalité est la plus grande et le taux de pauvreté le plus élevé dans l’OCDE. Depuis l’année 2000 on n’a constaté nulle part une telle hausse des inégalités de revenus.L’OCDE note par ailleurs que la répartition des richesses aux USA est encore plus inégale que ne l’est celle des revenus.Le 21 octobre 2009, Business Week a rendu compte d’un nouveau rapport du Programme de Développement des Nations Unies concluant que les États-Unis se situaient au troisième rang parmi les Etats ayant les pires inégalités de revenus.
Les deux premiers, Hong Kong et Singapour, étant en fait des cités-Etats et non des pays, les USA ont la honte d’être le pays où l’inégalité dans la répartition des revenus est la plus forte.L’augmentation marquée de ces inégalités de revenus aux États-Unis depuis l’année 2000 a coïncidé avec la délocalisation des emplois, qui a enrichi les cadres bénéficiant de « primes de performance » tout en appauvrissant la classe moyenne. Dans le même temps, on a également assisté à une croissance rapide des produits dérivés, négociés de gré à gré, non réglementés, qui ont enrichi Wall Street et le secteur financier au détriment de tous les autres.Des millions d’américains ont perdu leur maison et la moitié de leur épargne-retraite et devront supporter la charge de la dette publique qui a servi à renflouer les banksters qui sont à l’origine de la crise des produits dérivés.Le 21 octobre l’émission Frontline a diffusé, « The Warning », un documentaire qui montrait comment la Réserve fédérale, Alan Greenspan, le secrétaire au Trésor Robert Rubin, le secrétaire adjoint au Trésor Larry Summers, et Arthur Levitt, le président de la Securities and Exchange Commission, ont empêché Brooksley Born, alors responsable de la Commission des Commodity Futures Trading (CFTC), de remplir son mandat et de réglementer ces produits dérivés négociés de gré à gré.Après que la pire crise de l’histoire financière des Etats-Unis ait éclaté - comme Brooksley Born l’avait prévu - Alan Greenspan, désormais discrédité, a été tiré de sa retraite pour qu’il vienne s’expliquer devant le Congrès, lui qui avait affirmé qu’aucune règlementation des produits dérivés n’était nécessaire. Greenspan avait même déclaré au Congrès que la réglementation des produits dérivés serait préjudiciable. Pathétique, Greenspan a dû admettre que l’idéologie du marché libre qu’il avait fait sienne avait révélé ses « failles ».
Greenspan a peut-être parié le futur de notre pays sur ses croyances dans le marché libre, mais qui donc pourrait croire que Rubin et Summers faisaient autre chose que de protéger les énormes profits frauduleux que procuraient à Wall Street les produits dérivés ? Comme l’a souligné Brooksley Born, les dérivés négociés de gré à gré sont un « marché obscur », sans aucune transparence. Les régulateurs ne disposent d’aucune information sur ces produits, pas plus que les acheteurs.Même après l’effondrement et le renflouement de Long Term Capital Management en 1998, Greenspan, Rubin et Summers n’ont pas changé d’avis. Greenspan, Rubin et Summers, comme leur suiveur Arthur Levitt - qui regrette aujourd’hui de s’être fait duper par les banksters - ont réussi à manipuler un Congrès totalement ignorant en ne laissant pas la CFTC remplir son office. Brooksley Born, empêché par des représentants élus de protéger les citoyens, a choisi de démissionner.
L’argent de Wall Street avait tout simplement réussi à travestir les faits et à écarter les régulateurs honnêtes, s’assurant de l’inaction du gouvernement, et provoquant du même coup la crise financière qui a éclaté en 2008 et continue aujourd’hui de frapper notre économie.Les initiés de la finance qui ont la main sur le Trésor, la Maison Blanche et la Réserve fédérale ont transféré aux contribuables le coût de la catastrophe qu’ils ont provoqué.
Lorsque cette crise a débuté, Henry Paulson - nommé par le président Bush comme successeur de Rubin en tant que représentant de Goldman Sachs à la tête du Trésor US - a joué sur la peur afin d’obtenir de « nos » représentants au Congrès qu’ils acceptent sans poser de questions de débloquer les centaines de milliards de dollars des contribuables (l’argent du TARP) pour renflouer Goldman Sachs et les autres malfrats sévissant dans les produits dérivés.L’indignation de l’opinion publique a éclaté lorsque Goldman Sachs a annoncé récemment qu’elle allait octroyer d’énormes bonus à six et sept chiffres à ses salariés. Tentant de défendre les banksters qui, sauvés par l’argent public, s’offrent des primes supérieures à ce que la plupart des gens gagneront en toute une vie, Lord Griffiths, le Vice-Président de Goldman Sachs International, a déclaré que l’opinion devait apprendre à « tolérer l’inégalité en tant que moyen d’atteindre à une plus grande prospérité pour tous. »En d’autres termes, « qu’ils mangent de la brioche ».
Selon le rapport de l’ONU cité ci-dessus, la Grande-Bretagne vient en 7ème position ex-æquo des pays ayant les revenus les plus inégaux au monde. Après les bonus de Goldman Sachs, les Britanniques vont monter dans le classement, et pourront peut-être rivaliser avec Israël pour la quatrième place .En dépit de cette folie totale que sont ces produits dérivés, de la colère grandissante de l’opinion et de la confession de M. Greenspan devant le Congrès, rien n’a été fait pour les réglementer.L’un des assistants au Trésor de Rubin, Gary Gensler, a remplacé Brooksley Born à la tête de la CFTC. Larry Summers dirige le Conseil Economique National du président Obama. L’ancien membre de la Réserve fédérale Timothy Geithner, un protégé de Paulson, est le secrétaire au Trésor d’Obama. Un vice-président de Goldman Sachs, Adam Storch, a été nommé responsable de la Securities and Exchange Commission.Les Banksters sont toujours en place.Existe-t-il un autre pays dans lequel, au vu et au su de l’opinion publique, une petite minorité utilise de façon aussi flagrante le gouvernement au bénéfice d’intérêts privés, aidé par une coterie d’économistes adeptes du « marché libre », prêts à justifier le pillage, au motif que « le marché fonctionne au mieux » ?Un narco-Etat est une calamité. Mais Les États-Unis et leur « financio-Etat » dépassent cette horreur.Comme le dit Brooksley Born, si rien n’est fait, « cela va se produire à nouveau ».Mais rien ne peut être fait. Les escrocs tiennent le gouvernement.
[Note de Paul Craig Roberts : Le rapport de l’OCDE montre que malgré la réduction des impôts sous Reagan, la hausse des inégalités des revenus s’est ralentie durant cette période. Au milieu des années 1990 le coefficient Gini (une mesure de l’inégalité du revenu) a même diminué. A partir de l’année 2000, avec la nouvelle économie (qui consistait essentiellement en une fraude financière et à délocaliser les emplois), le coefficient Gini a connu une forte hausse.]
- Cessons de nous ruiner pour sauver les riches
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