(Re)penser l'islam Dans sa diversité et son histoire riche , complexe, cahotique parfoisPar delà les simplifications réductrices, les mythes, les peurs,les manipulations en tous genres ______________________
-La débâcle du monde arabe : L'Islam est-il responsable ? - AgoraVox:
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Depuis la chute de l’empire soviétique, il est apparu que la guerre froide, n’ayant plus raison d’être, des idéologues américains ont cherché et trouvé « un Satan de rechange ». Ceci a donné lieu, notamment après l’invasion de l’Irak et l’incantation de Bush père de l’avènement d’un « Nouvel ordre mondial » à des floraisons d’étude. Cela va de « La Fin de l’histoire » de Francis Fukuyama, à Samuel Huntington avec Le Clash des civilisations qui désigne le péril vert et le péril jaune comme adversaires de la civilisation judéo-chrétienne. L’Islam, « Le tiers exclu de la révélation abrahamique » est le bouc émissaire des maux actuels de l’Occident. Il n’est pas étonnant de ce fait, de soupeser le poids de l’adversaire en le dimensionnant ce qu’a fait The Pew Forum on religion & public life qui a publié, ce mois-ci, une étude détaillée sur les musulmans du monde, intitulée Mapping the Global Muslim Population. A report on the Size and Distribution of the World’s Muslim Population.
______Première leçon de cette étude, si l’on compte 1,57 milliard de musulmans (23% de la population mondiale), l’Asie représente la plus grande proportion d’entre eux, soit plus de 60% du total. Les quatre pays les plus peuplés de musulmans sont, dans l’ordre : l’Indonésie (202 millions), le Pakistan (174 millions), l’Inde (160 millions) et le Bangladesh (145 millions). Le pays arabe le plus peuplé de musulmans n’arrive qu’en cinquième position, c’est l’Egypte (78 millions). L’Afrique du Nord et le Proche-Orient ne comptent que 315 millions de musulmans (à peine plus de 20% du total), suivis de l’Afrique subsaharienne (240 millions). 80% des musulmans habitent des pays où ils représentent une large majorité.(1) Dans le même ordre de la connaissance de l’Autre, un ouvrage important est écrit par John L. Esposito, un des meilleurs spécialistes américains de l’Islam, et Dalia Mogahed, une analyste travaillant pour l’institut de sondage Gallup : Who speaks for Islam ? What a billion muslims really think (« Qui parle au nom de l’Islam ? »). Cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre, pour la première fois, à notre connaissance une image de la situation des musulmans dans le monde est donnée. Alain Gresh, qui le présente, écrit : « Cet ouvrage s’appuie sur une très large enquête d’opinion, à travers plus de 35 pays et représentant, selon les auteurs, plus de 90% des 1,3 milliard de musulmans. L’idée est de faire parler les musulmans eux-mêmes et pas les responsables ou les experts. Les auteurs résument ainsi les principaux résultats de leur enquête. »« Les musulmans n’ont pas une vision monolithique de l’Occident. Ils jugent les différents pays en fonction de leur politique, pas de leur culture ou de leur religion. Leur principal rêve est de trouver du travail, pas de s’engager dans le djihad. Ceux qui approuvent des actes de terrorisme sont une minorité et cette minorité n’est pas plus religieuse que le reste des musulmans ».(2) ...
...l’essentiel de l’Islam est asiatique. Les pays musulmans asiatiques semblent se développer dans l’ensemble, selon les règles de la démocratie et connaissent des taux de croissance à deux chiffres (Malaisie, Indonésie). De plus, l’alternance est consacrée (Turquie, Malaisie, Inde, Pakistan). Il est donc faux d’attribuer les problèmes des sociétés arabes à l’Islam qui est de ce fait innocent des avanies que subissent les musulmans arabes en son nom. Pourquoi alors, le monde arabe est-il dernier partout comme le martèlent chaque année les Rapports du Pnud ? Pourquoi l’alternance se fait-elle toujours par l’émeute ? Pourquoi le Monde arabe dans son ensemble, traduit moins de livres que la Grèce ?_______ Dans les années 60, Le Monde dit « arabe » était relativement mieux placé au niveau des indicateurs de développement économiques et sociaux que l’Amérique latine. En quarante ans, la régression est patente à la mesure du désarroi des sociétés et des individus privés de repères et de règles de jeu,soumis à un autoritarisme permanent, asservis dans un climat de répression qui fait que l’impasse paraissant durer mille ans [on a calculé qu’en moyenne un potentat arabe restait au pouvoir une vingtaine d’années, le record du Guinness est détenu sans conteste par El Gueddafi], le désespoir gagne des couches sociales de plus en plus importantes. Résultat des courses : les pays prennent un retard qui n’est pas linéaire, mais exponentiel. ______________On aurait pensé, écrit Hicham Ben Abdallah El Alaoui, que sur le plan économique, les « ajustements structurels » (y compris les privatisations et la réduction des subventions étatiques), les accords de libre-échange, l’appel aux investissements et les incitations à entreprendre allaient enfin faire émerger de nouvelles classes moyennes. (...) Vingt ans plus tard, le bilan de ces espérances dans les différents domaines (politique, économique, idéologique et relations internationales) est affligeant.(...) L’islamisme, sous ses différentes formes, est arrivé à apparaître comme le meilleur porte-parole des mécontentements et des exigences de changement, même parmi des groupes traditionnellement de gauche et laïques, comme les étudiants ». ..
Le véritable mal dont souffrent les sociétés musulmanes ce n’est pas l’Islam mais la gestion politique. « L’absence de catéchisme dans l’Islam fait dépendre l’enseignement religieux du pouvoir politique. Or les politiques culturelles ne sont nulle part innocentes. Elles reflètent des stratégies de pouvoir et répondent aux conditions de la reproduction des systèmes de domination sociale. (...) La formation d’une pensée déstructurée, qui est aujourd’hui la règle, est le fruit d’une stratégie éducationnelle et au-delà, politique. Elle fait partie de cette même entreprise qui voue le reste de la population à la marginalisation et à la clochardisation. Ces politiques ne sont pas séparables de l’ensemble des mécanismes sociopolitiques du système en place qui sanctionne, l’honnêteté, l’esprit d’initiative et la créativité. Il favorise le clientélisme, l’hypocrisie et la soumission aux chefs. Bref, il faut chercher la clé de la conscience déstructurée, désorientée, désaxée, désemparée et déstabilisée qui tend trop à définir la conscience musulmane d’aujourd’hui dans l’assujettissement de tout savoir, de toute culture, de toute religion, de toute littérature, de tout enseignement à la stratégie du pouvoir. »(4) ____ Burhan Ghalioun ajoute à toute ces tares, que l’instrumentalisation de tous ces Etats arabes dont le « tout-sécuritaire » est l’unique raison d’être, font subir à la religion, d’une part (réduite au seul aspect de la Shari’a) et au laïcisme proposé comme une nouvelle religion étatique, d’autre part. Pendant de longues décennies, l’Islam était considéré incompatible avec les valeurs de la démocratie. Quel est l’impact réel de l’Islam dans l’évolution politique des pays musulmans, en particulier les pays arabes du Moyen-Orient ? (...) Il est aussi faux de dire que l’Islam est incompatible avec la démocratie que de soutenir le contraire. (..) Les musulmans sont, comme dans toutes les sociétés, divisés entre libéraux et radicaux, cléricaux et laïcistes, républicains et monarchistes. (...) (5)
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L'élan brisé de l'Islam médiéval - AgoraVox :
"Le haut degré d’aboutissement de la civilisation de l’Islam médiéval est connu, même si on peut nuancer un enthousiasme parfois exagéré. Les Musulmans réussirent la synthèse de ce qui était à leur contact ; philosophie grecque, mathématiques indiennes, apports chinois et perses, créant une civilisation originale, mais leur avance sur l’Europe au Haut-Moyen Age fondit à tel point que, dès la fin du XVIIIème siècle, les Musulmans étaient incapables de résister aux ambitions européennes. Que se produisit-il ? Le processus garde un côté énigmatique dans ses détails. Il existe pourtant tout une série de causes identifiées, encore lourdes de conséquences dans le monde musulman actuel.___ Le déclin du monde musulman fut avant tout relatif, il ne put soutenir la comparaison avec l’Occident. Il faut éviter les tableaux catastrophistes, car sa période la plus favorable n’était pas exempte non plus de faiblesses ou de moindres réussites. Cependant, quand on se penche sur son histoire, on voit qu’à partir du XIIème siècle, quelque chose semble cassé dans la dynamique. A ses débuts, l’Islam avait une science, un droit, voire même une théologie libres et parfois audacieux, mais il semble que ce dynamisme se soit érodé au profit de courants plus conservateurs. Les premiers signes de déclin apparurent au XIIème siècle, et même si des recherches considérables restent à mener, on a un certain nombre de pistes....
Le processus historique qui voit une civilisation arrêter son développement, stagner, voire régresser dans certains domaines de la connaissance peut paraître étrange aux Occidentaux, dont l’essor technico-scientifique fut sans interruption. La Chine connut un destin comparable, en entrant au XVème siècle dans une phase de repli, de conservatisme et de limitation des contacts avec l’extérieur, en détruisant notamment la flotte de jonques de haute mer qui avait atteint l’Afrique de l’Est. Son évolution actuelle montre en tout cas que ces périodes d’enlisement ne sont pas définitives et que les sociétés sont capables de les surmonter...."
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Rencontres d’Averroès : entre Islam et Occident, la Méditerranée ?-
Portraits d'Islam (4) : Averroès, la Lumière de l'Andalus - AgoraVox-
Islam, islamisme et instrumentalisation-
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L'islam en France : la question de la laïcité-
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