jeudi 25 février 2010

France: diagnostic social

Crise et pauvreté

-"Je suis inquiet car je perçois, à travers les dossiers qui me sont adressés, une société qui se fragmente, où le chacun pour soi remplace l'envie de vivre ensemble (...). Cette société est en outre en grande tension nerveuse, comme si elle était fatiguée psychiquement"- Jean-Paul Delevoye -

-Lutte contre la précarité et la pauvreté-
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-Jean-Paul Delevoye : "Je suis inquiet, le chacun pour soi a remplacé l'envie de vivre ensemble"
-"Médiateur de la République depuis 2004, Jean-Paul Delevoye est un observateur privilégié de la société française. Ancien ministre de la fonction publique de Jacques Chirac, ancien président de l'Association des maires de France, maire de Bapaume (Pas-de-Calais), c'est vers lui que se tournent les citoyens lorsqu'ils sont en litige avec l'administration. Son constat d'une société émiettée et en tension alimente le rapport annuel qu'il remet, mardi 23 février, au président de la République et au Parlement.
Cela sonne comme un cri d'alarme et un appel politique à retrouver le goût du vivre ensemble. Jean-Paul Delevoye, dont le mandat devrait expirer fin 2010, évoque aussi le futur défenseur des droits, qui se substituera au médiateur de la République en 2011.

Quel diagnostic portez-vous sur l'état du pays ?
_Je suis inquiet car je perçois, à travers les dossiers qui me sont adressés, une société qui se fragmente, où le chacun pour soi remplace l'envie de vivre ensemble, où l'on devient de plus en plus consommateur de République plutôt que citoyen. Cette société est en outre en grande tension nerveuse, comme si elle était fatiguée psychiquement.
_Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?_
La moitié des 76 000 dossiers qui remontent à l'Institution sont des demandes d'information de droits. Un fossé s'est creusé entre le citoyen et l'Etat. Les personnes qui frappent à notre porte ont été mal comprises et mal orientées. Elles se sentent dépassées par des lois devenues trop complexes et changeantes. Elles se sentent mal défendues par l'Etat._Par ailleurs, des exigences démocratiques nouvelles - besoin de transparence, de dialogue - ne sont pas satisfaites : dans le pôle santé-sécurité des soins que j'ai créé en janvier 2009, 56 % des réclamations sont des demandes d'informations concernant notamment les dossiers médicaux : les patients veulent une information que le monde médical, sous pression, a du mal à lui garantir._J'ajoute enfin que les Français qui s'adressent à moi sont souvent en situation de grande fragilité sociale.
La crise économique n'obscurcit-elle pas votre jugement ?
_
La France a de bons amortisseurs sociaux. Mais je ne peux que constater que l'angoisse du déclassement augmente. Sont déjà confrontés à cette réalité un certain nombre de nos concitoyens, ceux qu'on ne connaît pas, que parfois on ne soupçonne pas, et qu'on peine à dénombrer, formant la "France des invisibles".__J'estime à 15 millions le nombre de personnes pour lesquelles les fins de mois se jouent à 50 ou 150 euros près. Je suis inquiet de voir que des personnes surendettées peuvent se retrouver en plan de redressement personnel (PRP) pour la deuxième ou troisième fois parce que leurs dépenses dépassent structurellement le montant de leurs ressources.
Pourquoi l'Etat a-t-il autant de mal à répondre à ces fragilités ?
_Parce que sa boîte à outil est mal adaptée. Aujourd'hui, les parcours de vie s'opèrent sur des trajectoires de plus en plus fracturées : le même boulot, le même conjoint pour la vie, c'est fini. Des échecs importants peuvent se produire en cours de route. Or
l'administration gère des dossiers, non des personnes dans la difficulté. L'octroi des aides se fait avec un décalage de plusieurs mois.__C'est pourquoi je défends l'idée d'une fiscalisation à la source et individuelle. Elle seule permettrait d'adapter, en temps réel, l'octroi des aides compensatrices à la réalité de la situation des personnes. L'enjeu, c'est de les aider au bon moment, faute de quoi elles s'installent dans une spirale du fatalisme, persuadées qu'elles ne sortiront pas de leur condition sociale.Je suis frappé par la cohabitation de deux types de sociétés : l'une officielle, que nous connaissons tous, l'autre plus souterraine qui vit d'aides, de travail au noir et de réseaux. Ces deux sociétés ont des fonctionnements parallèles, elles ont leur propre langage, leur propre hiérarchie, leur propre chaîne de responsabilité..."

-L'impact de la crise sur la pauvreté sera «considérable»
"L'étude, encore inédite, devait être rendue publique jeudi matin 25 février. C'est ce jour-là que l'Observatoire nationale de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes), un organisme gouvernemental, doit remettre son rapport annuel sur la pauvreté, en présence de deux membres du gouvernement, Martin Hirsch, haut-commissaire à la jeunesse et aux solidarités actives, et Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement. Cette année, l'Onpes a demandé à plusieurs équipes de chercheurs de travailler sur les conséquences de la crise. Une équipe de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le centre d'économie de Sciences-Po, s'est penchée sur une question cruciale: «L'impact de la crise sur la pauvreté». La France, lit-on, a connu en 2009 «sa plus profonde récession depuis la Grande Dépression des années 1930». Pourtant, jusqu'à aujourd'hui, très peu de données prospectives sur les conséquences de la crise étaient disponibles. Etonnant, alors que le chômage augmente et qu'un million de personnes perdront leurs droits à l'indemnisation chômage cette année...
«La brutale montée du chômage [..] va se poursuivre dans les années qui viennent, préviennent-ils en introduction. [...] On entre aujourd'hui dans une phase de chômage durablement élevé. Cette hausse du chômage aura des conséquences considérables en termes sociaux.»[> Cliquer ici pour télécharger le document (PDF, 417 Ko)]...
Les principaux enseignements de cette note, établie à partir des statistiques disponibles et de modèles économiques développés par les chercheurs eux-mêmes, sont très inquiétants. Malgré quelques signes encourageants, la crise n'est pas terminée: «Au cours de l'année 2010, l'activité devrait croître de nouveau (0,8% en moyenne annuelle) mais à un rythme très faible, insuffisant pour parler de reprise.» Mauvaise nouvelle: cela va durer. En 2011 et en 2012, la croissance ne serait, selon l'étude, que de 1,8%. Pas assez élevée pour résorber l'hémorragie des emplois héritée de la crise. Du coup, on comptera de plus en plus de chômeurs de longue durée, et la pauvreté va gagner du terrain..."

Vivre avec 1.000 euros par mois__-Julien, 25 ans, sans permis et prisonnier de sa campagne__-Les nomades de la misère__-Trop pauvres pour se chauffer__-Sans argent donc sans amis__

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Un million de chômeurs en fin de droits en 2010:
"...Seuls 38 % de ces "fins de droits" devraient bénéficier de la solidarité nationale : "Sur la période de juillet 2008 à juin 2009, 16 % des chômeurs en fin de droits étaient éligibles à l'allocation spécifique de solidarité (ASS), et 22 % au revenu minimum d'insertion (RMI), remplacé depuis par le revenu de solidarité active (RSA)", indique Jean-Paul Blouard, directeur adjoint de cette direction de Pôle emploi. L'éligibilité à l'ASS comme au RSA est en effet soumise aux conditions de ressources du foyer et non de l'individu.Ce sont donc plus de 600 000 chômeurs qui verront leur sort remis au seul soutien familial, entraînant un accroissement sensible de la pauvreté en France.
.."
- Explosion du chômage des jeunes
-Chômage : alerte rouge
-Chômage : une hausse, une ! - AgoraVox
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-Pauvreté en France
-France:inégalités croissantes

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