Gouvernements sous la coupe des banques?
La bourse: une vieille histoire...
La bourse apparaît comme une nécessité économique , mais joue-t-elle encore le rôle qui devrait être le sien?
-La Bourse est-elle la Vie ?
-Les marchés financiers sont-ils rationnels ?
Une finance devenue folle?
-"La thèse de la « folie » vaut à peu près ce que vaut celle de « l’immoralité », c’est-à-dire rien
.On peine à croire d’ailleurs que la cécité intellectuelle ou l’entêtement idéologique puissent aller jusqu’à une telle nullité de pensée, spécialement au moment où les destructions - financières se produisent là, sous nos yeux, révélant leurs causes les plus évidentes.Le plus étonnant dans cette affaire ne tient presque plus aux événements eux-mêmes - pourtant ô combien spectaculaires ! - mais à l’acharnement de la croyance libérale et à la force du déni.Si même des catastrophes de cette magnitude ne parviennent pas à dessiller l’escouade des « experts » et des précepteurs de service, on se demande quel degré de convulsion il faudra atteindre pour obtenir d’eux le premier doute… Il faut bien se mettre à leur place cependant : la « folie » et « l’immoralité », c’est tout ce qui leur reste avant d’en arriver à l’indicible mise en question, celle des structures.
__Car tel est bien, malheureusement pour eux, l’enseignement à vif de la crise : jusque dans l’effondrement, la libéralisation financière demeure parfaitement conforme à son concept. Ce à quoi nous assistons est le déploiement nécessaire d’une mécanique inscrite au cœur des structures libéralisées de la finance.UBS a perdu 18 milliards de dollars, Merril Lynch, 19 et Citigroup,21, sans opérations frauduleuses ni Jérôme Kerviel local.Bref, elles ont perdu en jouant, strictement, le jeu de la finance tel qu’il est configuré actuellement. C’est bien cette configuration qui est intrinsèquement l’origine du problème. Comment peut-on imaginer un seul instant que des opérateurs financiers pourraient renoncer à poursuivre d’extraordinaires opportunités de profit dans un univers qui les démultiplie et leur donne des proportions sans commune mesure avec les gains de l’économie réelle ?..." (F.Lordon)-[Son site]
-__Quand la finance prend le monde en otage-
-__Frédéric Lordon, la crise financière décryptée_-____________________________
-Points de vue:
-Frédéric Lordon : « il faut fermer la Bourse ! »
"Les idéologues libéraux, qui ont l'amnésie intéressée, voudraient faire oublier cette période du fordisme dans laquelle la finance a été cadenassée, la Bourse inexistante… et la croissance étincelante. Or que je sache, le fordisme, ça n'était pas le Gosplan ni les soviets mais bien le capitalisme. Mais la vraie réponse à cette question est ailleurs. Elle consiste à dire que, dans la logique même des entreprises d'aujourd'hui, la Bourse est une aberration :
1) les entreprises vont moins s'approvisionner en capital à la Bourse qu'elles n'y vont s'en faire dépouiller, puisque ce que les actionnaires leur extorquent (en dividendes et en rachat d'actions) finit par l'emporter sur ce qu'ils leur apportent, de sorte que ce n'est plus la Bourse qui finance les entreprises mais les entreprises qui financent la Bourse
-2) la contrainte actionnariale censure une part de plus en plus importante de l'investissement en écartant les projets jugés insuffisamment rentables (et l'« insuffisance » commence à 10% voire 15%...), par conséquent la Bourse est un frein au développement économique
-3) les entreprises sont soumises par l'actionnaire à des contraintes de gestion (modes managériales successives, court-termisme…) incompatibles avec la conduite de moyen-long terme de projets industriels -
4) et le comble du paradoxe est atteint lorsque les actionnaires finalement découragent eux-mêmes le financement par action puisque les nouvelles émissions ont des propriétés dilutives…
C'est précisément parce que ce rapport de force s'est renversé du tout au tout qu'il est urgent de remettre des limites au capital actionnarial qui n'en connaît aucune et, de lui-même, ne s'en imposera aucune. C'est pourquoi les appels à la modération qui ont pour nom « moralisation du capitalisme » sont d'une indigence qui partage entre le rire et les larmes. L'emprise acquise sur les firmes par le capital actionnarial au travers de la configuration présente du capitalisme est un fléau que l'on ne réduira que par les mêmes moyens qui l'ont imposé : une transformation radicale de structures.___Des contraintes de gestion aberrantes et des effets d'anti-financement résument ce fléau qui naît bien moins de la dépendance financière des entreprises aux apporteurs de capitaux (les capitaux, les « apporteurs » les leurs prennent !) que du contrôle des équipes dirigeantes par le cours de Bourse : si les actionnaires sont mécontents, des ventes font baisser le cours, l'entreprise devient opéable… et le patron éjectable. L'histoire récente du capitalisme est (en partie) l'histoire d'une lutte de puissance entre deux fractions du capital : le capital financier et le capital industriel, le premier ayant reçu de la modification des structures un pouvoir inédit qui lui a permis de déposséder le second de son ancienne souveraineté. Et de lui imposer tout et n'importe quoi. Et à la fin le capital industriel passe le mistigri au salariat…______Le financement des start-ups technologiques est l'argument de dernier recours pour justifier la finance actionnariale mais au travers de ce compartiment très spécial et en fait très étroit de l'amorçage et du venture capital. La perspective de l'introduction en Bourse y est présentée comme stratégique précisément du fait que le financement de l'innovation radicale est hautement incertain, finit mal neuf fois sur dix, et qu'il faut décrocher le pompon sur la dixième pour rattraper les neuf autres. Mais une telle économie de la péréquation est très concevable hors de la Bourse et on pourrait parfaitement l'imaginer opérée au travers d'instruments de dette un peu sophistiqués à base de taux d'intérêt variables indexés sur les profits des start-ups par exemple.____________Rien dans leur financement ne justifie incontestablement de maintenir un passage par la Bourse, à part le désir de l'enrichissement hors de proportion de créateurs d'entreprise et de business angels mus au moins autant par le projet de faire fortune que par celui de créer quelque chose. Pour ce qui est de la contribution de la finance à la croissance, je vous suggère de comparer le taux de croissance moyen des trente glorieuses, donc sans finance dérégulée et avec une Bourse croupion (5% l'an en moyenne), et celui de la période de hourrah-dérégulation depuis deux décennies. L'affaire est vite vue. Et ceci n'est nullement un plaidoyer passéiste mais simplement l'idée – logique – qu'un contre-exemple suffit à ruiner une généralité. Dont nous ne devrions donc plus être prisonniers..."[-Et si on fermait la Bourse..., par Frédéric Lordon__-"Et si on fermait la Bourse ?" Version intégrale]
-Frédéric Lordon propose une réforme de la finance mondiale:
"...il faut redire l’extravagant privilège de profitabilité dont la finance aura joui du temps de sa splendeur. Rappelons donc pour la énième fois qu’en regard des quelques pourcents du taux d’intérêt (éventuellement allongés d’une prime de risque) qui constituent normalement la rémunération du capital, les 40 % de ROE (Return On Equity, soit retour sur capitaux propres) communément crachés par les départements de banque d’investissement (qui concentrent les activités de marché) sont une aberration que rien absolument ne saurait justifier._____Si cette simple comparaison ne suffisait pas, le caractère exorbitant de l’enclave financière apparaîtrait complètement au constat qu’avec 5 % de la population active, l’« industrie financière » fait 10 % de la valeur ajoutée… et 40 % des profits de l’économie des Etats-Unis en 2007. Outre un foyer d’inégalités en soi, le privilège de sur-profitabilité déchaîne les élans de capture – lorsque la bulle enfle, « ne pas en être » est au mieux une faute professionnelle, au pire une tare profonde –, et distord à l’extrême les comportements d’investissement, ceci d’autant plus que toutes les forces de la concurrence financière sanctionnent plus sévèrement l’abstention ou la simple réserve...
______Cette forme de vie, où se mêlent inséparablement l’appât du gain le plus brut, l’excitation virtuose qui vient du maniement des instruments les plus complexes, et la sécession indécente d’avec le reste de la société, il faut la détruire. Aussi, médiocriser la finance, c’est-à-dire faire à nouveau de la banque un métier terne et ennuyeux, constitue-t-il presque en soi une ligne stratégique selon laquelle envisager la reconstruction des structures financières puisque, en cette matière, « terne et ennuyeux » signifie : 1) ramené à l’ordre normal de la profitabilité, et 2) privé des mirages de « l’innovation », donc reconduit aux produits simples, aisément maîtrisables, peu risqués… et peu rémunérateurs._______C’est bien une ligne stratégique dès lors qu’elle s’en prend directement au complexe sur-risque/sur-profit (d’ailleurs lisible dans les deux sens) dont tout, fondamentalement, découle ; et, pour si distante qu’elle puisse en paraître, c’est aussi une reformulation du principe directeur, proposé il y a quelque temps déjà [2], selon lequel il n’est pas de re-régulation sérieuse qui ne se donne pour but d’éviter impérativement que toute bulle ne se reforme. Comme l’a prouvé la période 1945-1975, seules les basses intensités en risque et en profitabilité de la « banque terne et ennuyeuse » prémunissent contre l’hyperinflation des prix d’actifs – et, derrière ces basses intensités, des contraintes d’encadrement très strictes qui interdisent réglementairement les excès auxquels la finance est spontanément tentée de retourner..."
-« Des idées pour arraisonner la finance, il y en a ! »
-Privatisations et déficit public - AgoraVox
-Giscard d’Estaing: «Fermer la Bourse ? Parlons-en!»
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-Bourse : raison ou déraison ?
- USA: banqueroute d'Etat?
-Maison Blanche :qui gouverne?
-Banques: hold-up sur l'Europe
-Le dollar, l'empire et la monnaie
-Dérives banquaires
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