dimanche 10 octobre 2010

Les Roms valent bien une messe...

..A Rome

Naïveté d'enfant de chœur ou calcul politique?






Jamais encore on n'avait vu un Président de la République laïque faire ainsi allégeance au chef d'une église, de manière aussi ostentatoire, aussi médiatisée. Un pas de plus dans la "diplomatie gesticulatoire"?
Le chanoine de Latran ébranle la laïcité, ce principe essentiel selon lequel l'Etat ne doit favoriser aucune religion, qui doit rester affaire privée.
De toute évidence, il s'agit d'une opération de reconquête , d'une démarche de séduction à l'égard d'une franche de son électorat, choquée par la politique sécuritaire à l'égard des Roms. Beaucoup de catholiques n'avaient pas apprécié la manière avec laquelle elle avait été conduite et certains évêques avaient élevé la voix. Il fallait redorer son blason de ce côté. Les élections se profilent , les sondages sont au plus bas...
Cette démarche fut moyennement appréciée. Même si MAM dit qu'il était souhaitable de "reconnaître le rôle de la spiritualité, de toutes les spiritualités, sous toutes leurs formes. Les Français y sont très attachés.", à l'évidence, cette réponse ne suffira pas à "clore" le débat, comme l'avait demandé François Hollande la semaine dernière. Et accréditera un peu cette réflexion de
François Bayrou, président du MoDem, qui s'exclamait après le discours de Latran: "Ce n'est pas autre chose que l'opium du peuple que dénonçait Marx."

_Ce n'est pas la première fois que Nicolas brouille sciemment les frontières entre croyances privées et engagement politique. Il avait déjà fait sienne la notion discutée et discutable, inspirée par le Vatican, de "laïcité positive".
"Si la polémique enfle avec la fréquence et l'importance des propos présidentiels, ses références à la religion et à ses propres croyances ne sont pourtant pas nouvelles. En septembre, lors d'un entretien accordé depuis l'Elysée à TF1 et France 2, il lui avait été demandé comment il faisait pour tenir le rythme de son hyper-présidence. "Grâce à Dieu", avait-il répondu dans un large sourire. Il y a trois ans et demi, il avait aussi fait publier La République, les religions, l'espérance, réflexion sur la place des religions dans la société et le monde. Et à Neuilly, dont il a longtemps été le maire, il avait habilement conquis les diverses communautés religieuses. La France n'est pas encore les Etats-Unis, où les candidats affichent leurs convictions souvent précieuses en termes électoraux, et où l'actuel président ponctue immanquablement ses interventions d'un "God bless America" ("Dieu bénisse l'Amérique"). Mais le pas qui sépare la France de ce type de mots semble de moins en mois grand, et nombreux sont ceux qui craignent de voir le président le franchir..."

__Remettre la religion au cœur de la vie de la cité, tel est le but avoué du néo-Bonaparte élyséen. Son obsession: sortir la religion de la spère privée.
Si Nicolas Sarkozy et le pape insistent sur le rôle de la religion, c'est pour retrouver de nouvelles formes de restauration d'un certain ordre , les bases perdues d'une nouvelle légitimité, surtout là où le pouvoir semble sans prise .La religion doit-elle devenir l’opium des banlieues ?
-Bonaparte avouait cyniquement que
"toutes les religions ont été inventées par les hommes", mais que «La religion, c’est parfait pour tenir les gens du commun tranquilles»
«
… En tant que je suis concerné, je ne crois pas qu’une personne telle que Jésus Christ ait jamais existé ; mais comme le peuple penche vers la superstition il est de mise de ne pas s’y opposer. »
Nicolas se situe-t-il dans la même configuration?
Voilà qui devrait faire réfléchir les croyants...

-Le père Michel Lahet, directeur du pèlerinage des Gitans à Lourdes, considère, dans une déclaration à l'AFP, que cette visite officielle est un « attrape-couillon » :« Il fait une politique d'exclusion odieuse pour se mettre dans la poche une partie de l'opinion et va se refaire une vertu auprès du pape. » Joint par Rue89, le prêtre commente l'enchaînement de la matinée :« Malgré la prière qu'il vient de faire avec le cardinal Tauran, qui appelle à mieux accueillir les immigrés, Nicolas Sarkozy confirme qu'il ne change pas de ligne : il enfonce le clou et continue de taper sur ses boucs-émissaires.C'est d'un cynisme… Pour moi, c'est simplement de l'affichage. »

M. Bayrou: " Je suis quelqu'un qui a la foi, pour qui c'est important. Je n'aime pas qu'on mélange la religion et la politique. Encore moins que l'on se serve de la religion pour la politique".

Ite Missa est!...

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Article repris dans Agoravox


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