dimanche 21 novembre 2010

TV sous influence

Sarkotélé sans fard

Elysée et trahison des medias

Sarkozy se rêverait-il en directeur de France Télévisions?

«Nous, nous vivons chaque jour l’indépendance.»(sic!) (Elkabach)

__Depuis le dirigisme d'Alain Peyrefitte, ministre de information contrôlée, pour qui «La télévision, c'est le gouvernement dans la salle à manger de chaque Français", beaucoup d'eau a coulé le long du quai de Passy. Le directeur de l'unique chaîne était aux ordres et la censure était directe et quotidienne.
Avec l'ouverture mitterandienne, la multiplication des chaînes, le glissement vers la privatisation et la marchandisation, la banalisation aussi, tout semble avoir changé. Bouygues promettait le
"mieux disant culturel", la main sur le coeur. En réalité, on a vite réalisé qu'à TF1, les marchands de soupe réglaient dans l'ombre l'information pour la rendre la plus insipide et conventionnelle, la moins critique possible, soucieux surtout de livrer à la pression commerciale le plus grand temps de "cerveau disponible" possible. En offrant le plus grand choix de divertissements insipides, on entreprenait de détourner les esprits d'une compréhension de leur vie réelle..... " A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit » (P.Lelay)
.L'information se censurait d'elle-même, sous le contrôle des barons d' affaires, le plus souvent familiers de l'Elysée. Le lien qui reliait au pouvoir n'était plus direct, mais il fonctionnait encore par le biais des nominations, des recommandations, des relations, des "amis", de la dictature de l'audimat imposée par la pression publicitaire. Toutes les chaînes se sont peu ou prou "tééfunisées". De l'info sans info....

___A l'heure sarkozienne, le problème de l'indépendance de l'information est loin d'être réglée, malgré les déclarations et les professions de foi. Un volonté de mainmise sur l'information se manifeste
périodiquement, plus ou moins habile, plus ou moins directe. Sur le sarkoshow de TF1, Laurence Ferrari apparaît comme une complaisante "hôtesse d'accueil"...pour le Maître auquel on va poser les questions les moins dérangeantes possibles. « La gauche en rêvait, Sarkozy l'a fait », écrit sans rire Etienne Mougeotte, patron de la rédaction du Figaro et ancien directeur des programmes de TF1 à propos de la fin de la « tyrannie de l'audience » sur les chaînes publiques.
La "servilité" reste grande. Peillon évoque «la mainmise [de Nicolas Sarkozy] sur de nombreux médias privés par sa proximité avec les propriétaires des principaux grands groupes privés», il concentre son offensive contre les dirigeants du service public : «La perspective de la nomination du président du service public par le président de la République exerce déjà une pression sur le travail [des rédactions de France 2 et France 3, ndlr] et favorise la servilité de certains dirigeants.» Ceux-là mêmes qui, à en croire Peillon, ont organisé le débat entre Eric Besson et Marine Le Pen sur l’identité nationale dans l’émission A vous de juger. En août, le mandat de Patrick de Carolis, nommé il y a cinq ans par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, arrivera à expiration et Nicolas Sarkozy, comme il l’a déjà fait à Radio France en désignant Jean-Luc Hees, va pouvoir se servir du joujou qu’il s’est lui-même fabriqué : choisir le patron de la télé publique.
____Le Président".. est toujours à intervenir dans les médias ce n’est pas un fantasme mais un plan bien programmé qui porte une très grave atteinte à la démocratie et à l’indépendance des médias. Les objectifs sont connus il veut que tous les journaux télévisés susurrent les vertus et les bienfaits de sa politique..."

_« La France change, le 20 Heures de TF1 doit changer aussi. » Cette sentence, on la prête à Nicolas Sarkozy, dont la presse a fait non sans raison le grand marionettiste du PAF, ces derniers temps. Il a un avis sur tout, se mêle de tout, de faire les programmes du service public, de faire nommer les responsables d’information, de recaser les animateurs au placard, d’écarter les journalistes irrévérencieux et d’en promouvoir d’autres, plus en empathie avec son style (un petit jeu auquel la gauche mitterandienne a sacrifié en son temps)..."

__Laurent Mauduit, dans Mediapart vient de faire un analyse pointue de la manière dont fonctionnent les relations entre le locataire de l'Elysée et les chaînes publiques.Même les faiseurs d'opinion traditionnellement les plus modérés et les plus légitimistes s'alarment et décrivent les pressions qui s'exercent sur eux et leurs confrères ainsi que le climat délétère qui règne dans les rédactions.
"'C'est peu dire que la réforme de la procédure de nomination des patrons de l'audiovisuel public a fait polémique, quand Nicolas Sarkozy, peu après son élection, a privé le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) de cette prérogative essentielle pour s'attribuer à lui-même ce pouvoir exorbitant. Mauvais coup contre la démocratie ! Régression autoritaire ! Remise en cause de l'indépendance de l'information sur les chaînes publiques !

La décision a déchaîné une tempête politique. Et de proche en proche, à l'occasion de l'éviction des saltimbanques Stéphane Guillon ou Didier Porte de France Inter, ou lors des tentatives (avortées) de pousser le patron d'Europe-1, Alexandre Bompard, qui est un ami proche de Nicolas Sarkozy, à la tête de France Télévisions, la controverse a repris sur le thème que l'on sait: le chef de l'Etat rêve d'un audiovisuel à la botte, et si la procédure de nomination a été réformée, c'est à cette fin. La vérité, pourtant, c'est que quand il n'y a pas de postes à pourvoir dans un avenir proche et que Nicolas Sarkozy n'a pas à intervenir, la polémique retombe. Sans doute parce que chacun pense qu'entre deux nominations, le danger s'estompe et que la vie de l'audiovisuel public reprend cahin-caha. Eh bien non ! Car la réforme de l'audiovisuel public est encore beaucoup plus grave que ne le soupçonnent même... ses plus farouches détracteurs. Pour la bonne raison que Nicolas Sarkozy peut intervenir non seulement lors des nominations mais aussi... à tout bout de champ...
___Dans
Cartes sur table (Plon), Patrice Duhamel raconte ce qu'a été au quotidien, à partir de mai 2007, la relation entre France Télévisions et l'Elysée : une cascade ininterrompue d'oukases, d'humiliations, de colères, de pressions, d'intimidations... Et si le récit de Patrice Duhamel finit par faire peur, ce n'est pas du fait des mots qu'il emploie – ils sont toujours sobres; c'est par l'accumulation des anecdotes qu'il rapporte. Tout commence très vite, raconte Patrice Duhamel, sitôt l'élection présidentielle passée : « Une fois ses fonctions prises, Nicolas Sarkozy ne tarda pas à se manifester auprès de nous : de mémoire, il nous a convoqué, dans son bureau, plusieurs fois entre le mois de juin et décembre 2007. Pour être honnête, je n'ai jamais autant vu, dans aucune de mes fonctions et tout au long de ma vie professionnelle, un président de la République, quel qu'il fût, à une telle fréquence : que ce soit en tête à tête ou dans des rencontres élargies. Je dis bien, jamais ! »A tout bout de champ, pour un oui, pour un non, Nicolas Sarkozy convoque donc à l'Elysée ou téléphone à Patrice Duhamel ou Patrick de Carolis...."

___________La censure ouvertement interventionniste d'un Peyrefitte avait le mérite de la clarté et de la franchise. Celle de Nicolas, libéral en paroles, est d'une grande duplicité, jouant de ses relations privilégiées pour tenter de faire de la télé un outil conforme à ses voeux et à ses ambitions.

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