Après Fukushima, un tournant?..
Il y a bien un avant et un après.
Quel sera cet après?
________________Hypothèses, questions et incertitudes__
__Au Japon, rien ne se passe comme "prévu" (?) et (officiellement ) annoncé par Tepco et le gouvernement, au fur et à mesure que des langues continuent à se délier.
Fukushima n'a sans doute pas encore révélé toute sa capacité de nuisance...
Le moins que l'on puise dire est que le dossier Fukushima n'a pas été géré de manière exemplaire depuis le début de la catastrophe sismique
Des risques "sous-estimés" selon l'euphémisme de la toujours trop prudente AIEA.
Un désastre longtemps nié, dont on est loin de mesurer l'ampleur.
Un démantèlement qui s'annonce comme très long et ruineux.
Tous les jours, on apprend des nouvelles sur cette catastrophe rampante.
Le dossier est très lourd. De nombreuses incertitudes demeurent. La polémique continue.
-70 000 personnes sont trop exposées à la radioactivité.
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_Premiers effets Fukushima en Europe:
______L'Allemagne débranche le nucléaire en 2022
Le débat sur l'énergie nucléaire civile est engagé depuis longtemps, mais connaît maintenant une accélération et une tournure vive.
La sortie du nucléaire civil divise les pays et, à l'intérieur des pays, diverses tendances. L'Allemagne elle-même a connu des tensions sur ce sujet, jusqu'à 2009.
L'Italie renonce à l'aventure du nucléaire civil et va organiser un référendum .
La Suisse va démanteler progressivement ses centrales
__La décision de l'Allemagne , assez ambigüe jusqu'ici, qui se déclare " mûre pour sortir du nucléaire", réveille en France clivages et débats. Elle provoque espoir et inquiétudes et on lui reproche de n'être pas dépourvue d'opportunisme. Le choix de Merkel de sortir du nucléaire installe les Verts au centre du jeu .
__La France dit ne pas vouloir changer de cap, malgré les risques possibles...
Mais le PS et les Verts se proposent de modifier progressivement le cours des choses.
Jusqu'où ira la controverse entre les deux pays, dont l'un accuse l'autre de "décision politique" , comme si un telle décision n'était pas "politique"?...et non purement technique. Un choix de société qui engage l'avenir, tout simplement.
Il est vrai que la France n'est pas l'Allemagne : "En France, près de 80% de l'électricité est d'origine nucléaire. En Allemagne, seul 22% de l'électricité vient de l'atome. Il est donc beaucoup plus facile pour l'Allemagne de quitter le nucléaire que pour la France. En moyenne les plans de sortie du nucléaire les plus optimistes dans l'Hexagone comptent sur un minimum de 20-25 ans, tandis que l'Allemagne vient de scénariser une sortie sur 10 ans. Le temps que le pays parvienne à ses objectifs en éolien et en solaire, il devra néanmoins approvisionner la population en électricité. Pour ce faire, l'Allemagne sera donc obligée soit de consommer plus de charbon - fortement émetteur de gaz à effet de serre- soit d'importer d'avantage de gaz russe, soit de faire venir plus d'électricité française, d'origine nucléaire ! Et cela pour un temps indéterminé."
Comment Berlin va-t-il réaliser son pari sans tomber dans des contradictions manifestes?
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Eléments pour un débat:
________________________L'épisode Fukushima relance aussi les débats de fond sur le sens et les risques de la technologie nucléaire civile ainsi que sur l'avenir énergétique de nos pays industriels, à l'heure où le pic pétrolier est sans doute atteint ou dépassé et à la lumière de certaines évolutions climatiques, souvent difficiles à interpréter.
___Les idées reçues sur le nucléaire sont nombreuses, selon certains spécialistes.
Dans: "« Nucléaire : le déclin de l'empire français » (voir ici), le nouveau numéro des Cahiers de Global chance, la revue de l'économiste et ingénieur Benjamin Dessus et du physicien Bernard Laponche, conçu et réalisé avant l'accident de Fukushima. _Experts en énergie, ils dénoncent depuis plusieurs décennies les failles de l'énergie nucléaire et le discours dominant qui les occulte. Dans le nouveau numéro de leur revue, ils passent au crible l'ensemble du système français : son modèle industriel sous tension, son manque de sécurité, son mauvais bilan énergétique, ses problèmes de démantèlement et de déchets... C'est un réquisitoire factuel, précis, chiffré. « On s'est pris un mur de béton pendant si longtemps, avec face à nous l'appareil d'Etat, les corps, EDF... ça représente une puissance énorme », soupire Bernard Laponche, inquiet de ce que l'actuelle catastrophe japonaise n'ébranle pas la croyance hexagonale collective en la supériorité du nucléaire sur les autres sources d'énergie. Mais « est-ce qu'on accepte collectivement que tous les quinze ou vingt ans se produise un accident grave ? Non, je ne crois pas », poursuit-il... (lire directement le contenu passionnant, voir ici).."
__Selon Mycle Schneider: «L'énergie nucléaire n'a plus de perspective», affirmant notamment, de manière plutôt optimiste, que :" Le choix d'Angela Merkel s'appuie sur un texte, le rapport de la Commission éthique pour l'approvisionnement énergétique sûr, qui analyse la situation énergétique et propose un ensemble de mesures cohérentes pour remplacer le nucléaire. Ce rapport a été demandé par le gouvernement, et la commission est présidée par Klaus Töpfer, ancien ministre de l'environnement, qui a aussi été directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). La commission Töpfer estime que sortir du nucléaire en dix ans n'est pas un problème et qu'il serait même souhaitable d'aller encore plus vite !_Selon le rapport, des changements systémiques profonds s'imposent dans la manière de gérer l'énergie. Et Töpfer défend l'idée intéressante que la sortie du nucléaire peut être un «booster de croissance». La campagne pour les élections législatives allemande de 2013 pourrait tourner autour de la question « qui sortira le plus vite du nucléaire?... »
Mais est-il possible d'atteindre 80%, 50% ou 30% d'énergies renouvelables en 2050 ?
_L'énergie nucléaire serait la plus chère , si l'on tient compte de tous les coûts, de la construction des centrales aux démantèlements et à l'enfouissement contrôlé (voir Bure)
_L'UE réglemente les bananes, mais pas le le nucléaire. Chaque pays fait à peu près ce qu'il veut en ce domaine, dans la plus grande l'opacité.
__L'avenir du nucléaire ne serait pas qu'un problème technique. De sa conservation ou de son abandon dépendrait en partie l'avenir de l’humanité .
__Le nucléaire ne représenterait-il pas l'expression la plus forte et la plus périlleuse d'une sorte d' "extase technologique" propre à l'humanité en cette période historique, où la relative maîtrise des moyens finit par supplanter la considération des fins, où nos modes de vie et nos rapports avec la nature demandent des changements profonds pour un avenir viable?
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-Corinne Lepage : La vérité sur le nucléaire
-La droite allemande pour la sortie du nucléaire
-Comment l'Allemagne va sortir du nucléaire: le détail du plan
-L'avis d'un spécialiste
Intéressant ton article ZEN, mais sur le nucléaire, j'ai une position qui est bien à moi, en effet, je suis plutôt favorable à cette source d'énergie, un peu comme Jancovici. Tout comme lui, je considère que le débat ne porte pas sur les centrales actuelles à uranium 235, tout simplement parce que sa relative rareté fait que le nucléaire actuel ne peut être une solution à l'échelle mondiale. Le vrai débat est plus sur la réalisation de centrales nucléaires de nouvelle génération (pas l'EPR, qui est déjà dépassé d'une certaine manière) avec d'autres éléments de fission (la fusion nucléaire reste encore de la SF pure et simple).
RépondreSupprimerDans les faits, il n'y aura pas de dénucléarisation du monde, tout simplement parce que l'Inde, qui représente 1/6 ème de la population mondiale, a décidé d'en faire une source d'énergie majeure. http://www.physorg.com/news205141972.html
Et si ils font un tel programme de recherche, ce n'est pas pour bâtir 5 réacteurs dans le pays, mais c'est à une toute autre échelle. Pour moi, ce sont eux qui ont raison, et je suis quelque part triste de voir que l'Europe et l'Occident en général ne croient plus à ce type de recherche scientifique fondamentale. Qui vivra verra, mais pour moi, ceux qui pourront effectivement utiliser de telles centrales seront les Saoudiens du XXIème siècle.
Sur les accidents, Tchernobyl, c'était un réacteur RBMK, et il faut voir certaines caractéristiques qui sont assez stupéfiantes (pas d'enceinte de confinement, des barres de contrôle des réactions catastrophiques), sur Fukushima, si on avait accepté la perte de ce réacteur par corrosion dès le début en l'arrosant d'eau de mer pour le refroidir, on n'en serait pas là, on voit les limites de la privatisation dans une telle branche. Et sur les effets, il faut aussi penser aux comparaisons avec les autres énergies, je pense notamment au charbon, qui n'est pas spécialement bon pour les bronches non plus, ou à comparer avec la pollution chimique.
Bonjour Wald
RépondreSupprimerMerci d'être passé et de ton avis
Après avoir été un "fan" de Jancovici", je suis maintenant plus réservé sur ses options.
L'EPR est dépassé,ça oui, mais je ne vois pas d'autres technologies de remplacement.
L'Inde va peut-être se poser des questions après Fukushima. D'ailleurs, j'ai lu que la Chine le faisait, de son côté.
Les problèmes du démantèlement et du stockage des déchets sont des casse-têtes qu'on laisse en héritage aux générations futures (voir le dossier sur Bure, que je connais un peu)
Ceci dit, je n'ai pas de religion (sauf négative)sur le sujet et mon papier pose plus de questions qu'il ne prétend en résoudre.
Même avec un fils à EDF, je manque de lumière....
Je viens de découvrir qu'en Inde un vrai débat de fond est en train de se développer
RépondreSupprimerhttp://www.lexpress.fr/actualite/environnement/en-inde-aussi-le-danger-nucleaire-fait-trembler_972510.html
Bonjour ZEN,
RépondreSupprimerSur l'après Fukushima, la Chine se pose des questions qu'elle peut plus facilement se permettre que l'Inde. Outre les réserves de charbon que l'on sait, la Chine est un gros producteur de pétrole qui peut produire le tiers de sa consommation (http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9trole#Pays_producteurs), alors que l'Inde, si elle a une assez bonne quantité de charbon, n'en a pas assez et de qualité médiocre. Par contre, le pays possède le quart des gisements de thorium de la terre, dont l'exploitation nécessitera la mise au point de réacteurs nouveaux (dont les prototypes fonctionnent), et l'on sait que c'est on ne peut plus faisable pour eux techniquement.
Après, je ne suis pas devin, mais pour l'Inde, ils seront quasiment obligés de passer par là s'ils veulent ne pas importer leur énergie, sauf percée de nouvelles techniques, dont les renouvelables.
Le charbon massif, il existera mais d'une l'Inde devra le payer faite de le produire, et de deux c'est une énergie que l'on cherchera à limiter, je me tiens vaguement au courant de l'actualité climatique et les nouvelles sont plus que moyennes (banquise arctique basse, années 2009 et 2010 dans les plus chaudes), et il y aura forcément des interrogations au terme de quelques décennies.