mercredi 11 janvier 2012

Tobin or not Tobin

____Stabiliser les échanges financiers internationaux_____

«Son objectif était d'abord de lutter contre la volatilité des devises, rappelle Yves Jégourel, économiste spécialiste de la finance alternative. Puis on a fait dériver son idée en la présentant comme une réponse à toutes sortes de crises. Il faut dire que sa notoriété et sa simplicité lui donnent une puissance politique considérable».
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__Un petit pas, mais important

"Parmi les options existantes pour réduire la spéculation boursière, on trouve la taxe Tobin.
Américain, professeur d’économie, disciple de Keynes, Tobin proposait dès 1972 une taxation sur les transactions des marchés des changes. Son but est de limiter les investissements à court terme. Son projet prévoit qu’à chaque transaction réalisée (je récupère mes sous pour les mettre ailleurs), une taxe doit être versée, une sorte d’impôt permettant de financer des programmes d’aide internationale. Double intérêt : d’une part, les entreprises cotées peuvent prendre des décisions d’investissement à long terme plutôt que des stratégies de profit réglées à coup de licenciements, et d’autre part, l’aide servirait à financer des programmes de lutte contre la pauvreté.

François Chesnais, fervent défenseur de cette taxe, est d’ailleurs membre de la commission scientifique d’ATTAC (Association pour un Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens)."

__La taxe Tobin, de retour par nécessité, aux yeux de politiques désemparés devant une crise dont il ne comprennent rien, semble logique et en théorie relativement efficace, malgré une certaine complexité dans sa mise en oeuvre, nécessitant une information pas toujours aisée et une collaboration des principales puissances. Etant donné la masse des capitaux échangés, le rapport est intéressant et l'utilité est certaine.
Le secteur financier y est plutôt hostile, ce qui est plutôt bon signe...
Le prétendu échec de l'expérience suèdoise semble avoir été mal comprise.

__Le Président s'est d'abord farouchement opposé
à la taxe Tobin, la considérant comme antiéconomique.
_Mais en 2009, dans une déclaration enflammée, malgré la phraséologie de circonstance non suivie d'effets, dénonçant «le capitalisme financier», il introduit habilement le doute
, une possibilité d'ouverture:
"Lors d'un mini-sommet sur l'emploi de l'Organisation internationale du travail (OIT), auquel participait une dizaine de chefs d'Etat, Nicolas Sarkozy s'est déchaîné contre le monde de la finance.Face à la crise, «on ne règlera rien, si on ne règle pas d'abord la question du capitalisme financier qui impose à l'économie et à la société son propre système et ses propres normes», a affirmé le Président, selon lequel «les réunions du G20 à Washington et à Londres resteront dans l'histoire comme des étapes décisives, à condition que les engagements qui y ont été pris soient tenus». Mais Nicolas Sarkozy estime que «dans beaucoup de domaines, il faudra aller beaucoup plus loin pour reconstruire un système financier qui finance davantage les entrepreneurs que les spéculateurs».
«Il faut tout revoir», a-t-il martelé, énumérant «la surveillance prudentielle des banques, la réglementation des hedges funds, les règles comptables, les modes de rémunération. La crise nous rend de nouveau libres d'imaginer. C'est le moment d'aller le plus loin possible...»
Selon lui, «dans certains milieux, ici-même peut-être, dans certaines administrations, parce que les marchés vont un peu mieux, parce que les spéculateurs se sont remis à spéculer (...) il y a la tentation de réduire la portée de ce qui a été décidé» mais «céder à cette tentation serait une faute historique», a insisté le chef de l'Etat, qui s'est voulu le moteur de la réforme.
«Je le dis à tous les Chefs d'Etat et de gouvernement du G20, c'est pour chacun d'entre nous une responsabilité historique (...) de ne laisser aucun groupe de pression, aucune bureaucratie, aucun intérêt particulier y faire obstacle. Je veux dire au président des Etats-Unis que l'Amérique doit être la plus ambitieuse parce que c'est sa vocation (...) Je veux dire à tous les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne que l'Europe doit être exemplaire parce c'est ainsi qu'elle sera la plus fidèle à ses valeurs et qu'elle aura une chance de la faire partager.»

Et Nicolas Sarkozy de presque prendre sa carte chez Attac: «Regardez le débat sur la taxe Tobin qui est une taxe pour freiner la spéculation. Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je ne sais pas si elle est applicable. Mais qui pourrait comprendre que ce débat soit enterré?» a-t-il demandé...."

_Aujourd'hui, il fait des moulinets, les élections approchant
"Ce texte, lancé en septembre dernier, n'a aucune chance de se concrétiser avant 2014! Mais Paris voudrait le mettre en place au plus vite, pour engager «un mouvement dans la zone euro». La chancelière, elle aussi favorable au principe de la taxe, a toutefois nettement pris ses distances avec la soudaine accélération du calendrier français, rappelant que le sujet divise, au sein même de sa coalition et qu'elle attendrait une initiative coordonnée au niveau européen... Mais ce débat hyper-médiatisé sur une improbable taxe Tobin franco-française détourne l'attention. Sur le fond, la crise de l'euro est toujours aussi vive. Les décisions prises lors des Conseils européens à répétition, sur l'impulsion du couple «Merkozy», n'ont rien donné. Et la crise continue de muter..."
___A supposer que la taxe Tobin finisse pas s'imposer (même si elle est déjà votée en France depuis des années!!!), ce ne sera pas suffisant pour redresser la barre.

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