mercredi 4 juillet 2012

Amazon, par l'aide publique alléché...

___________Succès pour Montebourg, mais menaces pour le livre...
________________________________________________"Défendre la librairie indépendante est plus qu’un choix de société, c’est un choix de civilisation. Il s’agit de choisir entre l’âme et le commerce, entre l’intelligence et la vacuité, entre la pensée et les marchands du Temple." (Vincent Monadé)
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 ___ Amazon vend de tout, même des livres.
Beaucoup de livres. Toujours plus de livres.
La firme américaine grignote rapidement des parts de marchés de plus en plus importantes au quatre coins du monde.
Commode Amazon! A domicile, vous pouvez commander ce que vous voulez, le dernier ouvrage paru, et télécharger à la vitesse de la lumière sur votre  Kindle l'ouvrage ou le journal qui vous intéresse. C'est pratique et avantageux (pour l'instant), mais c'est à double tranchant.
Un vrai service dans la durée ou un piège?
__A vrai dire, la firme de Seattle n'est pas une oeuvre caritative, ni un service public, ni particulièrement soucieuse de culture, ni vraiment exemplaire
Pourquoi son siège européen est-il fixé au Luxembourg? Bonne question...
 _Même si sa marge est pour l'instant réduite au regard de ses investissements, on peut voir la firme comme un prédateur rampant, qui commence à déstabiliser l'industrie du livre et qui risque de se trouver en situation de monopole ou de quasi monopole, finissant par dicter sa loi aux éditeurs, peser sur les ventes et orienter le choix des lecteurs. Logique marchande imparable...
Mais le livre est-il une marchandise comme une autre?
Amazon avance ses pions, sans se presser, tendu vers un avenir sans doute prometteur.
On parlait de risque de googelisation. Faut-il évoquer le danger d'amazonisation?
______________Arnaud Montebourg est satisfait dans sa nouvelle fonction et de cette aubaine régionale en termes d'emplois:" L’implantation de cette plate-forme logistique de 40 000 m2 doit permettre la création de 500 à 1000 emplois dans la région, dont 400 contrats à durée déterminée maximum et 600 emplois d'intérimaires."
Mais ce n'est pas gratuit: " Le montant de l'aide publique versée pour chaque emploi créé sera d'environ 20 000 euros. « Aujourd’hui la Saône-et-Loire conforte son industrie et investi aussi dans l’économie de loisirs et la culture. Après la tempête voici le printemps et le renouveau, » a déclaré le ministre du redressement productif.
 Vraiment productif à long terme, sans compter les cadeaux?...
_" Le développement croissant des activités d’Amazon en France n’augure rien de bon pour l’emploi et « la culture », chers à Arnaud Montebourg. Car, derrière les emplois crées par Amazon qui, rappelons-le, bénéficiera d’aides publiques en échange de sa bienveillance, il y a la face cachée. Celle d’une entreprise que rien n’arrête dans sa course à l’hégémonie.... son activité principale demeure la vente de livres en ligne. Et à ce jeu là, Amazon écrase tout sur son passage. Aux Etats-Unis, où le premier site est mis en ligne en 1995, les acteurs de l’industrie du livre savent de quoi il retourne. A titre d’exemple, la grande chaîne américaine Borders a fermé plus de 200 grandes surfaces en 2010 avant de faire faillite. En France, c’est la librairie en ligne française Bibliosurf qui a jeté l’éponge, cinq ans après son lancement, fin 2011. En cause : les prix pratiqués par Amazon.
Désormais, ce sont les libraires qui se sentent menacés. Ce sentiment tient à un constat simple : les librairies en ligne se sont emparées de plus de 11 % du marché du livre français en 2010 et s'imposent de plus en plus dans le circuit de l'occasion; or les professionnels considèrent qu'Amazon totalise 80% au moins du chiffre d'affaires de la vente en ligne. En intégrant les frais de livraison dans le prix de vente et en proposant à ses clients systématiquement des livres d'occasion à prix cassés  Amazon pratique selon eux une concurrence déloyale. Beaucoup de librairies ont ainsi dû mettre la clé sous la porte ces dernières années, comme le laisse entendre Vincent Monadé, président du MOTif, dans une tribune publiée en 2011, intitulée « Amazon m’a tuer »
 Il y aurait danger à ce que les librairies disparaissent les unes après les autres de nos villes car, en effet, celles-ci sont indispensables à la diffusion du livre et participent à faire découvrir de nouveaux auteurs ainsi qu'une littérature exigeante, soigneusement selectionnée par les libraires eux-mêmes."
___Heureusement, pour l'instant, Amazon se plie au prix fixé par l'éditeur, même pour son Kindle, au prix garanti, évitant une concurrence sauvage. Il n'a d'ailleurs pas le choix. Le vrai livre résiste encore. Mais pour combien de temps, surtout quand on connaît la fragilité du marché du livre, si particulier, et les tentations locales d'aider à tous prix les entreprises qui promettent beaucoup sans toujours respecter leur contrat?
Amazon pourrait bouleverser l'édition et lui dicter sa loi.
 Créer  1000 emplois, c'est bien, mais combien d'autres détruits en contre-partie?
_Toujours revient, en logique néo-libérale, le problème de la faiblesse des  politiques face aux pouvoirs exorbitants de groupes financiers, aux dépens de l'intérêt général à long terme.
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- Amazon dicte sa loi et asphyxie les petits éditeurs
- Comment Amazon menace l'édition française
- Les libraires contre Amazon 
- La machine Amazon

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