Quand l'efficacité à tout prix ne paie pas...
_________Ou: comment faire le mieux quand on peut faire le pire?
Evaluer, c'est bien. Quoique...
Mais tout est dans le pourquoi et le comment.
On le sait depuis longtemps, on ne peut demander n'importe quoi aux hommes au nom de principes vertueux en droit, au nom du rendement exigé pour une tâche ou une action collective. Le mieux est l'ennemi du bien, disait-on.
Si on veut exiger une stricte discipline dans un bureau où l'on pense que l'on perd beaucoup de temps à discuter, on peut aboutir à l'effet inverse de ce qui est recherché: par réaction, une lenteur réactionnelle va s'installer et la productivité chuter. Si l'on tend à stimuler la productivité dans un atelier en attisant la concurrence entre les agents, il y a des chances pour que l'animosité développée compromette l'objectif assigné...
Il existe des stratégies absurdes
__Dans cet ouvrage très sérieux, l'auteur met en garde contre les pièges du management par les indicateurs.
Des indicateurs qui peuvent tourner au fiasco, qui peuvent être de fausses pistes, ou masquer la réalité, si on ne prend pas d'abord le temps de l'échange avec les acteurs ou les partenaires.
La motivation ne se décrète pas.
__On sait où mène le management brutal, le plus souvent conditionné par la recherche d'économies à tout prix en vertu des principes du lean management.
Comme chez Thierry Breton.
______Le lean management comme méthode de gestion purement utilitaire, financière des hommes, souvent critiqué dans le monde de l'industrie, s'invite aussi dans les services publics.
Le Nouveau management public, qui nous vient du monde anglo-saxon, visant un désengagement de l'Etat et une financiarisation généralisée, investit même l'hopital et l'enseignement,.dénaturant leur mission essentielle. Le patient devient client, l'élève, apprenant. La déshumanisation des institutions n'est pas loin.
La rationalisation managériale fait même son entrée dans le domaine judiciaire...jusqu'à l'absurde.____
"... La première difficulté propre aux services publics, et plus
particulièrement présente dans les secteurs les moins marchands, est de
définir les objectifs et de construire un indicateur. En effet, la
définition des objectifs est en elle-même problématique. L’exemple de la
justice
est particulièrement parlant. Avant même de chercher à préciser les
indicateurs de la qualité de la justice, encore faut-il s’entendre sur
la définition de la qualité. Dans le domaine judiciaire, la définition
des objectifs de la justice s’est avérée très difficile et délicate. Par
exemple, les TCPS, trial court performance standards, sont une
expérience de mise en place d’indicateur dans le domaine judiciaire aux
Etats-Unis, initiée en 1987 et étendue sur une décennie. Une commission
de 14 personnes, composée de juges, de responsables administratifs et
d’universitaires, a mis plus de trois ans pour établir la liste de ces
indicateurs. Elle est arrivée à la conclusion qu’il n’existait pas de
consensus sur les objectifs assignés au système judiciaire, ni sur les
facteurs qui déterminent la production des juridictions, pas plus que
sur ce que signifie la « performance » des juridictions et encore bien
moins sur la façon dont il conviendrait de mesurer cette performance..."
La langue de bois des gestionnaires peut masquer bien des effets pervers.
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- Le paradigme de l'évaluation.
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