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vendredi 19 juin 2009

Etat malmené

Fonction publique en péril

Les vrais enjeux de la "modernisation" de l'Etat

"Alors que le déficit public pourrait atteindre 6% cette année, le Ministre du Budget, Eric Woerth envisage d'aller au-delà des 34.000 suppressions de postes de fonctionnaire envisagés pour l'année 2010.
" (L'Expansion)

-"...Les déclarations récentes du Président de la République comme du Premier ministre, F. Fillon, sur « l’accélération des réformes » montrent que la RGPP est l’urgence de ce gouvernement : rendu des premiers travaux à la Commission de modernisation de l’Etat dès les deux premières semaines d’avril 2008, adoption de la loi dit de « mobilité » par l’Assemblée Nationale en juin 2008. La RGPP a pour seul objectif de réduire les moyens d’intervention des services publics par :
– la réduction drastique des moyens publics, sous le prétexte de résorber les déficits de l’Etat sans jamais aborder la question de l’abondement des ressources,

– la suppression massive d'emplois publics, à l’aide de fusions et de compressions d'administrations, de fermetures de services de proximité, accompagnée d'externalisations, voire
de l'abandon pur et simple de missions de service public au secteur privé,
– la limitation de l'action de l'État à ses missions a minima de pilotage, de régulation, de contrôle et d'expertise,
– le transfert de charges aux collectivités territoriales,
– l’extension du champ des activités marchandes et lucratives,
– le recours croissant à l'intervention et aux financements privés,
– la destruction du statut et des garanties collectives des fonctionnaires et agents publics.
.."
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-Vous avez dit RGPP ? Plan de Régression sociale:
"...Quels sont les ingrédients de ce draconien régime amaigrissant ? Une méthode de management importée du Japon et des conseils en stratégie distillés par les milieux libéraux anglo-saxons en constituent les préceptes. La méthode, c’est le « lean » (que l’on peut traduire par management amaigrissant), mise au point par Toyota au Japon dans les années 60 et 70, qui vise à réduire les gaspillages, améliorer la productivité et s’adapter en permanence. « Alstom, L’Oréal, Toyota, Valéo, Rhodia, Faurecia... toutes ces entreprises ont un point commun : elles ont expérimenté, à une période donnée de leur histoire un système d’amélioration continue de gestion et de management (...). Dans un contexte de ressources budgétaires et humaines contraintes, l’administration s’apprête aujourd’hui à appliquer ce mode d’organisation, reposant sur l’optimisation continuelle des processus. Une méthode qui devrait lui permettre d’augmenter à la fois la performance publique, la satisfaction des usagers mais aussi la confiance des agents », affiche fièrement la Direction générale de la modernisation de l’Etat (DGME). Les cinq commandements de base du « lean » - « débarasser, ranger, nettoyer, standardiser, progresser » - s’afficheront-ils bientôt à côté de l’horloge dans tous les bureaux administratifs ?...
Pour « documenter » la « modernisation de l’Etat », pas moins de 167 audits ont été réalisés entre octobre 2005 et avril 2007. Des cabinets de conseil privés (lire ci-contre) ont ausculté « près de 150 milliards d’euros de dépenses de l’Etat » en matière d’éducation, de protection sociale, de transport, de sécurité, de justice, de coopération internationale ou de politique de la ville. La visite de ces « consultants seniors » a laissé des traces. « Ils débarquent et demandent d’abord combien il y a de gens en trop. Ensuite ils s’interrogent sur ce qui peut dépendre d’une structure para-publique qui ensuite sera privatisée. Ils ne s’intéressent pas au contenu », témoigne un habitué du Quai d’Orsay...
Les premières orientations fixées par le Conseil de modernisation des politiques publiques incitent effectivement à la vigilance. Nos experts de la réforme de l’Etat s’y interrogent, entre autres, sur les coûts, trop élévés, d’une place en crèche (« environ 13 000 euros »), de la prise en charge par l’assurance-maladie des affections longue durée (« ce type de soins absorbe 40% de l’ensemble des dépenses de santé ») ou du congé parental, dispositif « visant à inciter les femmes à se retirer du marché de l’emploi ». Des mesures pour lutter contre la fraude à l’assurance maladie, aux minimas sociaux ou aux allocations familiales ont été actées en priorité. Bizarrement, les aides financières aux entreprises ne font pas l’objet d’un contrôle plus assidu pour évaluer leur efficacité en matière de maintien ou de création d’emplois. Subventions, allègements ou exonérations ont pourtant représenté 65 milliards d’euros en 2005..."

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-"Si l'on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d'élèves ou d'étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d'inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l'enseignement.Cela se fait au coup par coup, dans une école et non dans un établissement voisin, de telle sorte qu'on évite un mécontentement général de la population."

Cahier de politique économique" n°13 de l'OCDE

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Fonction publique à la casse -La Petite Republique-:
"Pourtant cités en exemple depuis la crise des Subprimes dans le monde entier, le système français et son modèle social sont sur le point de disparaître. Le Ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, persiste dans ses projets de supprimer le plus possible de fonctionnaires. En effet, il n’exclut plus d’aller “plus loin” que les 34.000 postes supprimés comme annoncé..."

-La Petite Republique-: "Eric Woerth ou la logique de l’affaiblissement de l’Etat"
"...La crise obligerait donc l’Etat français à se départir
de ces fonctionnaires qui assuraient pourtant les missions de services publics : éducation, santé, administration, justice, recherche… Faute de moyens financiers suffisants, la logique comptable primerait sur le principe d’utilité publique et conduirait le gouvernement à faire des choix de « réforme » et de « réorganisation », comme le souligne Eric Woerth. « Réforme » du domaine public signifiant ouverture de nouveaux marchés économiques ou plus exactement appropriation des biens publics par des capitaux privés. Si l’on en croit le ministre du Budget, et la croyance est le point d’achoppement de l’économie et de la politique, la suppression des fonctionnaires et par voie de conséquence l’ouverture des espaces publics aux capitaux privés ne seraient dictées que par une logique de « sortie de crise ». C’est d’ailleurs à ce titre qu’Eric Woerth appelle les syndicats à se mobiliser contre la crise au nom de l’unité nationale et à consentir à soutenir la politique de Sarkozy...
Le ministre du Budget désignait à la fois la maladie et son remède : la baisse du pouvoir d’achat n’était aucunement liée à l’augmentation des prix à la consommation et aux marges toujours plus importantes des supermarchés mais incombaient à ces employés de la fonction publique dont les quarante annuités de travail accompagnées de leur retraite contraignaient les Français à payer toujours plus d’impôts.-Cible idéale des politiques de droite, le fonctionnaire ne remplirait aucune mission d’utilité publique, il participerait au contraire à accentuer les déficits, à diminuer le pouvoir d’achat. De même la définition juridique selon laquelle les services publics participent d’un besoin social impliquant la « continuité » et « l’égalité » ne peut plus être entendue ni en période d’embellie économique, ni même en temps de crise où les services sociaux sont plus que jamais nécessaires.-Eric Woerth accomplit son œuvre de ministre libéral et entend rompre avec toute la logique du contrat social qui soudait les Français dans un principe d’existence sociétale qui garantissait à tous l’accès aux droits de se soigner, de s’éduquer, de se défendre, de vivre librement au nom de l’intérêt collectif. Faisant feu de tout bois, Eric Woerth participe depuis son entrée sur la scène politique à un affaiblissement de « la puissance publique » au nom de cette fascination pour la grandeur du marché et la baisse d’impôts pour les plus fortunés. A l’instar des Etats-Unis, le modèle économique organisé par l’équipe de Nicolas Sarkozy risque d’être très difficile pour les classes sociales les plus basses : elles devront se contenter de services publics exsangues qui ne pourront ni les soigner ni les éduquer et encore moins les accompagner dans leurs démarches juridiques et sociales..."

-The Economist : la France fait mieux que les Anglo-Saxons | Eco89:
Le trés libéral The Economist consacre dans sa dernière édition trois pages à démontrer que le rôle de l'Etat, le système de protection sociale français, et les résidus de « colbertisme » permettaient aujourd'hui à la France de s'en tirer mieux que les autres pays industrialisés face à la récession. »Jean-Baptiste Colbert règne de nouveau à Paris. Et, plutôt que de s'opposer au dirigisme, les Britanniques et les Américains s'emploient à l'imiter. »Le magazine analyse très bien le deuxième paradoxe de cette découverte : le fait que Nicolas Sarkozy en soit aujourd'hui l'incarnation, alors que, note The Economist, « il a été en partie élu Président de la France en expliquant que le modèle français était moribond, et en vantant les louanges des modèles britannique et américain ». C'est le même homme qui a pris la tête de croisade contre « le laisser-faire capitaliste », souligne à juste titre le magazine.
Ce paradoxe illustre d'une certaine manière la grande chance de Nicolas Sarkozy, qui n'a pas eu le temps d'introduire en France les réformes de libéralisation qui ont provoqué la catastrophe financière ailleurs. On se souviendra qu'il avait en particulier vanté pendant sa campagne un système de prêts immobiliers à la subprime, dont le monde entier réalise aujourd'hui à ses dépens les périls.Cette inacapacité à introduire ces réformes en France permet aujourd'hui à un « born again » Sarkozy de se présenter en néo-dirigiste européen aux réunions du G-20, et de revendiquer un rôle de leadership au nom de valeurs auxquelles il ne croyait pas il y a peu...The Economist souligne à quel point aujourd'hui le « modèle français » ou du moins sa perception idéalisée ou mythifiée, influence les raisonnements en vigueur à Washington et à Londres, alors que la faillite des établissements bancaires ou de pans entiers de l'industrie réhabilitent le rôle de l'Etat, alors que la régulation est revenue au goût du jour, alors, enfin, que des millions d'individus qui perdent leur emploi dans les pays industrialisés s'en sortent mieux dans les pays à forte protection sociale que dans ceux qui ont libéralisé à outrance depuis l'ère Thatcher, il y a trente ans..."

-«Sans Etat, on bascule dans la déraison»
-La phase néolibérale de l’économie-monde
- Un exemple:EDF: enquête sur un service public taillé en pièces | Mediapart:
"Il y a des expressions qui ne trompent pas. Brusquement, au cours de la conversation, les mêmes mots échappent aux salariés d'EDF: «depuis que le groupe est devenu EDF SA» (pour société anonyme). Dans ce SA, il y a toute la distance, la réprobation parfois, par rapport à la façon dont leur entreprise évolue aujourd'hui. EDF, pour eux, c'est l'entreprise publique, fière de son savoir-faire technique et de sa puissance nucléaire, travaillant au service de tous. Aujourd'hui, ils ne la retrouvent plus, ne s'y retrouvent plus. Leur groupe, désormais coté en Bourse, leur est devenu anonyme, une étrangeté sans rapport avec le passé...."
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-Fonction Publique : culte de la performance ?

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