lundi 8 octobre 2012

Que veut l'Allemagne?

Allemagne: Ostpolitik et délitement de l'UE
_______________________________________Angela regarde vers l'Est

____Au milieu de ses contradictions actuelles, de ses conflits, des critiques internes et externes, l'Allemagne sait-elle ce qu'elle veut et le savons-nous nous-mêmes clairement?
A.Merkel, contestée dans sa politique européenne ambiguë, s'est trouvée fragilisée lors des dernières élections et prépare les prochaines dans des conditions peu favorables. Même son père politique, Helmut Kohl, critique la position européenne de la chancelière, qui va jusqu'à envisager l'hypothèse d'une Europe à deux vitesses. Avec les petits patrons, A Merkel  est en train de perdre ses soutiens les plus fidèles.
L'Allemagne commence à souffrir de la crise en Europe et prend conscience de ses  points faibles (il est le pays où les inégalités salariales s'accroissent le plus rapidement»), traversée par de fortes contradictions.
 L'Allemagne, qui n'est pas si vertueuse, est à la croisée des chemins, dans une Europe qui a perdu ses repères.
 En tout cas, elle semble sans boussolle politique, sans plan B.
__________Depuis la réunification et Schröder, les intétêts économiques de l'Allemagne se situent de plus en plus dans la Mitteleuropa.
Malgré son ancrage à l'Ouest, les intérêts allemands, qui ont misé sur le tout-export, s'éloignent de la zône d'influence américaine, depuis la chute du Mur et la douloureuse réunification. Un nouvelle Ostpolitik, initiée par W.Brandt au niveau surtout politique et culturel, est devenue surtout économique et commerciale...jusqu'à la Chine, un des principaux débouchés pour le technologie allemande. (Handel durch Annäherung)
 "L’intérêt que porte l’Allemagne à l’Europe de l’Est, et en particulier à la Russie, ne
concerne pas uniquement sa politique énergétique ; il est aussi motivé par la perspective du commerce extérieur allemand. L’économie allemande repose pour une large part sur la production de biens industriels, et se trouve donc en très bonne position pour satisfaire le besoin urgent qu’ont l’Europe de l’Est et la Russie de construire des infrastructures modernes et de mettre en place des capacités de production efficaces. L’Allemagne bénéficie en outre de sa relative proximité pour les transports vers l’Europe de l’Est, et peut s’appuyer sur un réseau dense de contacts politiques et économiques. Le niveau relativement élevé d’engagement des entreprises allemandes en Europe de l’Est apparaît nettement lorsqu’on le compare à la présence des entreprises françaises..."

___Berlin, de par sa position européenne centrale (Mittellage) se trouve dans la nécessité  de nouer un nouveau partenariat avec Moscou.
______________________________Wolfgang Münchau, journaliste au Spiegel, très pessimiste sur l'avenir de l'Union européenne dans ces conditions, estime que  "La réunification allemande est notre péché originel"
"L'Allemagne ne se considère plus comme un membre de l'Union européenne mais comme une puissance autonome, traitant d'égale à égale avec les Américains, les Russes et les Chinois sans se préoccuper de petits importuns comme les Etats européens...
  Au début des années 90, il était inconcevable que l'Allemagne se détache un jour du consensus proeuropéen. Ce glissement s'est en partie opéré avec l'arrivée de responsables politiques est-allemands, comme Angela Merkel, qui n'avaient pas de lien personnel avec le projet européen et se sont détournés de l'intégration européenne.
La réintégration de l'ex-Allemagne de l'Est ne suffit toutefois pas à expliquer cette évolution. Dans les pays occidentaux aussi, les priorités ont changé. L'une des raisons est économique. A cause du poids de la réunification, l'Allemagne a adopté la monnaie unique avec un cours surévalué. Résultat, durant 10 ans, la politique économique de l'Allemagne a consisté à augmenter sa compétitivité au lieu d'essayer de renforcer la productivité de l'espace européen dans son ensemble. C'est là l'une des principales causes de la crise actuelle.
La réunification de l'Allemagne et celle de l'Europe ne vont pas de pair, toutes deux ont économiquement mal tourné. Les futurs historiens porteront, à mon avis, un regard plus critique sur la réunification et les mérites du chancelier Kohl qu'à l'heure actuelle."

H.Schmidt:"Die Europäische Union kann scheitern"

______Selon le Céri, "les Allemands appréhendent le monde en des termes plus géoéconomiques que géostratégiques : il y a quelques années, Peter Struck, alors ministre de la Défense, avait déclaré que la défense de l’Allemagne commençait à l’Hindu Kusch. Celle de l’économie allemande débute à Shangaï et Guenzhou, pas à Paris ou à Londres.
Le progressif délitement de la cohésion et de l’esprit européens, conséquence à la fois directe et indirecte de la réunification de l’Allemagne et de l’Europe, est en revanche une donnée nouvelle. Naguère, l’OTAN et la Communauté européenne ancraient la République de Bonn en Occident. Le concept d’Occident dissimule (mal) le rétrécissement du monde occidental, les tensions diffuses et centrifuges entre les Etats, le fossé transatlantique, le désenchantement européen et le désamour des Allemands pour l’Amérique comme pour l’Europe. L’extraordinaire parenthèse des relations germano-américaines, ouverte en 1949 avec la mise en place du pont aérien, s’est refermée à la fin des années 1970. Avec la disparition de la menace soviétique, l’Allemagne n’a plus eu à importer sa sécurité des Etats-Unis. Les erreurs et le discrédit de George W. Bush ont fait le reste. La République de Berlin n’avait plus de leçons à recevoir de personne, comme l’a rappelé Gerhard Schröder à la veille de la guerre contre le régime de Saddam Hussein.
Dans l’Union européenne, l’élargissement ne s’est pas accompagné d’un véritable approfondissement. L’élargissement n’a pas entraîné de dysfonctionnement institutionnel mais aucun gouvernement européen ne s’investit aujourd’hui dans les biens communs européens. Les Britanniques n’ont jamais caché leur intérêt limité dans l’Union (à l’exception du grand marché intérieur), les Français utilisent la cause européenne à des fins intérieures, les Hongrois ou les Italiens se sont désengagés de la cause européenne et les Allemands, élites et opinion publique confondues, ne croient plus à une embellie démocratique. Pour Berlin, les Vingt-sept sont au mieux un marché ou un régulateur du marché), la démocratie étant garantie par les institutions allemandes, comme l’a rappelé la Cour constitutionnelle de Karlsruhe à deux reprises, en 1994 et en 2009. Au pire, l’Europe est un gouffre financier dans lequel disparaissent les contributions allemandes, comme l’avait souligné de façon peu élégante Gerhard Schröder en 1999. Le sauvetage de la Grèce a ainsi fait l’objet de nombreuses critiques. Les Allemands estiment avoir beaucoup payé pour la réunification et, surtout, s’être vu imposer une union monétaire qui à aucun moment ne devait devenir une union de transfert redistributrice..."

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-Vers un fédéralisme bismarkien?

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