Bien que souvent sollicité.
Pour Facebook, je n'ai pas osé...
On m'avais bien dit: attention, danger!
J'ai pourtant failli m'y mettre à plusieurs reprises.
Je voulais sortir de mon triste anonymat, de mon petit cercle de relations étriquées, m'évader de mon quartier gris et trop connu, élargir le cercle de mes contacts , rencontrer une multitude de copains, égayer mes longues et tristes soirées d'hiver en échappant à TF1...
On m'avait dit que twitter était vachement plus supercool que facebooker
____________________Sa Sainteté a levé mes inhibitions ...
Il s'est passé une sorte de Miracle au Vatican: Habemus Tweeter!
Le premier gazouilli papal .m'a convaincu.
Dans la plus grande solennité, le faste cardinalice, il a franchi un pas de géant dans l'hypermodernité, permettant aux fidèles de recevoir en retour son e-bénédiction.
Presque une messe virtuelle, très anglobranchée, une adresse urbi et orbi: Dear friends, I am pleased to get in touch with you through Twitter. Thank you for your generous response. I bless all of you from my heart.
Certes, le saint homme a dû se faire aider à pianoter timidement d'un doigt mal assuré sur le saint clavier ...Mais ce grand pas pour l'humanité était louable et l'événement fut hautement historique: une Pierre blanche dans les Annales du Vatican, un tournant décisif depuis Saint-Pierre. Twitter fut déclaré pastoral et immaculé, instrument de la nouvelle propagation de la foi, virtuel et instantané frère prêcheur. Le numérique fut consacré nouveau messager dans la conquête planétaire des âmes, venant suppléer aux pasteurs en voie de raréfaction.
Même les curés s'y mirent!
Je me suis dit: pourquoi pas moi?...Il faut en être aussi.
Mon athéisme endurci n'a pas résisté. Je me suis converti, ayant trouvé mon chemin de Damas, my Damascene conversion, comme ils disent...
J'ai donc fait aussi mes premiers gazouillis, avec la ferveur des premiers baptisés .Dans la grande (
Donc, avec un zèle de néophyte, j'ai twitté, comme Obama..Je twittais du matin au soir et du soir au matin..♪♫♪... et rencontrais plein de gens, d'abord des milliers. Cool!
Le cercle s'élargissait, exponentiellement. Avec les amis des amis des amis, nous fûmes vite des millions, de Terre-Neuve à Prétoria, de Denver à Kobé. Je n'étais plus seul dans mon terroir exigu, les murs de mon bureau s'élargissaient à l'infini, provoquant l'ivresse des grands espaces et des contacts sans fin...
Je twittais, donc j'étais. Comme Nosados .
Il eût fallu que j'eusse twitté plus tôt, me disais-je...
Incontournable, même pour le business, qu'ils disent. Le monde était à moi!
Je m'y suis lancé à corps perdu, twittant sans répit, avec Juliette, Omar, John, Kurt, Cheng, Dimitri, Fernando et les autres...
J'y passais mes jours et mes (longues)soirées, oubliant TF1, sautant des repas, écourtant mon sommeil.
____Depuis, j'ai maigri, je suis devenu très nerveux, acariâtre. Mon épouse semblait m'éviter, mes proches se posaient des questions, mes voisins me fuyaient, mes livres non lus s'amoncelaient, le robinet non réparé fuyait toujours...
Mon médecin pointa l'addiction: de twitterophile, j'avais glissé insensiblement dans une twitteromanie aiguë...C'est la dose qui fait le poison, m'a-t-il indiqué, en bon disciple d'Hippocrate.
Dangereux, Twitter?
On m'avait pourtant prévenu: une perte de temps...
_______Je me suis finalement remis à lire et à cultiver mon jardin... en
Tout est redevenu normal...Je ne twitte plus, mais je suis (enfin, presque...)
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Paru dans Agoravox
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