_____________________Du moins si l'on en croit les déclarations officielles:
"Le gouvernement a su rester ferme pour que la culture ne soit pas traitée comme une marchandise. C'est une victoire pour la diversité culturelle européenne qui va pouvoir être préservée. A travers cette exception c'est un modèle de production culturelle, basé sur un système de soutien public et de régulation économique qui se trouve renforcé...", affirme le PS.
Mais l'arbre ne cache-t-il pas la forêt?
Les réactions sont mitigées. Certains voient là un rideau de fumée, une manoeuvre, un os à ronger, une concession qui ne résistera pas avec le temps, vu la puissance de l'industrie culturelle us et la faiblesse de la réaction européenne, souvent alignée, par tropisme ancien, sur les intérêts de l'oncle Sam.
___Les USA font dans la critique, la dérision ou le sarcasme:
La France a obtenu son «caramel» («fudge» en anglais), s’est moqué Martin Walker, éditorialiste britannique de l’agence américaine UPI, dans l’un des rares commentaires consacrés à l’affaire."
Barroso emboîte le pas, manifestant par là quel type d'Europe il défend.
Il y a un os. Un européiste notoire n'est pas dupe concernant les objectifs finaux du traité :"Et si l’«exception culturelle» n’était qu’un chiffon rouge, destiné à détourner l’attention pour mieux faire passer la pilule ? Celle de l’abandon du «modèle européen» au profit d’une logique du tout marché ? Car si la France a réussi à obtenir, vendredi, au prix de treize heures de négociations avec ses partenaires de l’Union, l’exclusion de l’audiovisuel du mandat de négociation confié à la Commission, celle-ci a emporté l’essentiel : la mise en chantier d’un grand marché transatlantique unissant l’Union européenne et les Etats-Unis, les deux principales puissances économiques de la planète, où les biens, les capitaux et les services circuleront librement (lire mon papier précédent ici).
Certes, les milieux culturels français et européens peuvent être soulagés que leur secteur reste à l’écart de cette zone de libre-échange. Mais «l’enjeu stratégique du Transatlantic Trade and Investment Partnership [TTIP] est ailleurs», souligne un fonctionnaire européen. En effet, il s’agit non pas d’abaisser des droits de douane déjà historiquement bas (4% en moyenne), mais d’éliminer les «obstacles non tarifaires» aux échanges que sont les normes environnementales, sanitaires, phytosanitaires, les lois protégeant les consommateurs ou les données personnelles, les droits d’auteur, le droit bancaire et financier, l’accès aux marchés publics, etc. En clair, il faut har-mo-ni-ser et créer entre l’UE et les Etats-Unis l’équivalent du marché unique...
Paris a sans doute grillé toutes ses cartouches en se battant pour l’exception culturelle. «Cela
fait partie, avec le siège du Parlement à Strasbourg et la politique
agricole commune, des constantes politiques françaises», se
justifie un diplomate hexagonal, tout en reconnaissant qu’il va
désormais être difficile d’agiter le veto français pour défendre la
réglementation sur les OGM ou les normes sanitaires. «La Commission a bien joué avec l’exception culturelle : elle a pour longtemps cornerisé les Français», admire un diplomate européen. Yannick Jadot, eurodéputé vert, n’est pas dupe : « Le
gouvernement nous a dit que pour protéger l’audiovisuel, il fallait le
sortir du mandat. C’est bien la preuve que tout le reste ne l’est pas... »
______La lutte du pot de terre contre le pot de terre a toutes chances de se faire au détriment d'une Europe affaiblie, sans cohérence, aux intérêts divergents quand à l'alignement sur les intérêts US. L'américanisation de la France pourra franchir les derniers obstacles.
Il n'y a pas que l'exception culturelle au sein d'accords qui risquent de tourner en farce. "La défense de l'exception culturelle, aussi précieuse soit-elle, fait passer à la trappe d'autres enjeux. Le mandat de l'accord, tel qu'il s'annonce, brasse bien plus large. Les inquiétudes sont nombreuses sur la naïveté des Européens s'embarquant dans des négociations dont ils sortiraient forcément perdants (lire nos entretiens avec Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sur le sujet). Pourquoi le gouvernement français ne réclame-t-il pas davantage de garanties sur ces autres points qui s'annoncent, à terme, explosifs ?.."
Un marché de dupes, si les choses restent en l'état...
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