Oser l'impertinence...
_____________________L'impertinence, comme comportement, n'a généralement pas bonne presse et tombe facilement sous les feux de la critique. Elle dérange.
Elle est généralement classée comme une manière irrespectueuse de parler ou d'agir, en opposition aux croyances ou aux comportements les plus admis ou aux règles de ce que l'on juge être celles de la bienséance.
Mais on voit là tout son sens relatif, car les opinions parfois les plus répandues peuvent apparaître comme contestables et les attitudes les plus partagées, les habitudes les mieux ancrées. Les règles de la bienséance partagée reposent parfois sur des principes discutables, à une époque donnée, dans une société donnée.
Les Sophistes grecs avaient déjà pointé ce problème à l'époque classique de la Grèce antique, certains affirmant que la religion n'était qu'un mensonge utile! Ne parlons pas de Diogène, qui osa certaines provocations comme moyens d'éveil à l'esprit critique.
Impertinence!
Impertinence de Voltaire et de Diderot critiquant les institutions et les valeurs de leurs temps partagées par l'élite sociale. L'impertinence positive, cette audace de l' esprit, contribue à modifier les structures mentales et à préparer des voies nouvelles.
_______ Impertinence du Guardian, qui à l'occasion de la naissance du Royal Baby, donne un coup de canif à une institution aussi désuète que dépensière, à un événement médiatisé jusqu'à la démesure, masquant la réalité sociale de la pauvreté dans le Royaume....
L'impertinence peut être subversive, comme parfois celle de Coluche, ou plus finement celle de Desproges.
Mais elle peut être aussi convenue, parfois trop conformiste, trop partagée médiatiquement pour être efficace, comme celle, parfois lassante et stérile, de certains nouveaux humoristes français , qui pratiquent souvent la rigolade obligée (qui)relève très précisément de ce que Nietzsche
appelait l’« esprit de sérieux » marqué par la lourdeur, la pesanteur et
la cérémonie… « Être sérieux », c’est au contraire prendre en
considération ce qui mérite de l’être. Ce qui n’exclut pas le rire
irrévérencieux, mais le met à sa juste place.
Il y a un véritable
intégrisme de la rigolade. Leur rire est la norme, disions-nous, un
certain rire du moins, qui mêle le dénigrement systématique, la
vulgarité et l’attaque personnelle (qui n’a rien à envier aux calomnies
d’avant-guerre). La rigolade est devenue une sorte de « paradigme », un
style imposé dans le traitement des questions générales, un prisme
privilégié pour aborder la société et les hommes..."...
....Ou celle de Canal+, sombrant dans le nouveau conformisme du rire convenu ou du sarcasme de masse, s'épuisant dans une banalisation fatigante, le registre bobo-parisien, l'esprit racoleur, publicitaire-marchand.
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