mardi 1 avril 2014

Euro: malfaçon

 Y'a comme un défaut...                                                                
                                           La monnaie unique en question, encore en question...
                                                                                                      Simplement aborder la question d'une remise en cause de la monnaie unique,  de ses effets délétères au sein d'une crise révélatrice de ses faiblesses congénitales, essentiellement au profit d'une monnaie commune plus souple, permettant d'apporter aux économies autres qu'allemande la possibilité de respirer, de s'ajuster, de créer les moyens d'exporter enfin au lieu de nous corseter, de nous pénaliser....est considéré souvent comme un tabou, créant une peur paralysante.
     Sur ce problème, beaucoup de socialistes sont dans le déni.
Le rêve de Monnet a échoué en finissant par enfermer l'UE dans les filets  de l'économisme (libéral) et du juridisme , sans âme ni projet politiques. En octobre 1990, François Mitterrand avait prévenu qu’une monnaie unique sans gouvernement européen ne survivrait pas longtemps.
     L'oeuvre de Trichet-Delors devient de plus en plus l'objet de critiques élargies.
Tout semble fixé comme dans les tables immuables de la loi, constitutionnalisé.
     Rien n'est plus négociable.
   Mais l'histoire de l'euro a été faite de contingences, au coeur de circonstances particulières: Cela aurait pu se passer autrement. Une autre forme d'Union européenne aurait été possible et reste possible. Mais le creusement des divergences, là où il devait y avoir convergence, a abouti à des dérives prévisibles.
   On colmate les brèches, obstinément, dans la plus grande confusion, sans jamais s'interroger sur les fondamentaux. On ne change pas des équipes qui perdent.
          Non, on peut ne pas être au FN (qui surfe sur les frustrations, les colères),  un disciple de Dupont-Aigan ou un partisan de JP Chevènement pour arriver à la conviction que la monnaie unique ( et non pas commune...), qui a été imposée, représente un carcan devenu insupportable pour la plupart des pays de l'Union, sauf pour l'Allemagne, qui en retire tous les avantages...Elle a d'ailleurs été crée à la mesure de ses exigences et de son ordolibéralisme de principe et en fonction des pressions de la Table ronde européenne, qui sait peser sur les responsables politiques   _(1)
    L'euro serait donc une malfaçon,comme le dit F. Lordon
                                                       "...La tare congénitale de l'euro se tient précisément ici : dans le fait d'avoir constitutionnalisé des contenus de politiques publiques, économique et monétaire en l'occurrence. Rêve néolibéral assurément, mais monstruosité scandaleuse à quiconque conserve un peu de sens aux mots de «souveraineté démocratique». On constitutionnalise les principes généraux de l'organisation des pouvoirs publics, ou bien des droits fondamentaux. Mais la sanctuarisation irréversible, sous la norme juridique la plus haute, donc la moins atteignable, de ce que doivent être et de ce que doivent faire les politiques publiques, c'est une infamie qui ruine jusqu'à l'idée même de modernité politique... de ce qui pèse le plus lourdement sur les conditions d'existence de la population, les politiques économiques, nous ne pouvons plus discuter : les réponses sont déjà tout écrites et enfermées dans d'inaccessibles traités. C'est une monstruosité politique contre laquelle il faut redire que la démocratie consiste dans le droit irrécusable à la réversibilité, à la possibilité permanente et inconditionnelle de la remise en jeu, dans le cadre de la délibération politique ordinaire. La montée générale des extrêmes droites n'est pas autre chose qu'une pathologie réactionnelle, qui doit tout ou presque à cette atteinte fondamentale à la conception que les collectivités politiques se font d'elles-mêmes comme communautés de destin souveraines. 
(voir le début du livre)
     L'auteur n'est pas exempt de critiques, même s'il s'avance prudemment sur le terrain de contre-projets délicats à mener.
   Malgré la complexité d'une remise en chantier et les risques de cette sortie, même négociée, faut-il attendre un désastre économique majeur pour sauter le pas et retrouver des conditions nouvelles d'élaboration d'une Europe unie selon un configuration plus souple, moins contraignante, redonnant du jeu aux souverainetés et à l'histoire des peuples un nouvel élan?
  Les Etats devenus désunis trouveront-ils la voie d'une sortie sans heurt majeur vers un nouveau pacte de coopération?
Une nouvelle stratégie pour une reconquête politique s'impose, pour ne pas s'enférer dans une démocratie sans démos.
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