Le nouveau (social)-libéralisme est arrivé
L'étiquette, défraîchie, est restée là, comme par inadvertance, rue de Solférino.
Le produit, lui, subit une mutation de fond, entamée depuis quelques décennies, par glissements et renoncements successifs, surtout depuis les années 83. La rose s'est fanée.
Mais la révolution hollandaise a eu lieu. Virage? pas vraiment.
Le locataire de l'Elysée est devenu un excellent passeur du libéralisme.
L'offre!l'offre! c'est maintenant la loi et les prophètes...
Certains attendaient Roosevelt. Ce fut plutôt Schröder.
Hayek plutôt que Keynes.
Le hollandisme serait-il devenu une variante de droite du blairisme, lui-même enfant du thatcherisme, fervente de l'école de Chicago?
Comme dit P.Marlière, "Hollande partage avec Tony Blair la même conception du monde dans lequel
les classes ont disparu (« We’re all middle class now ! »). Dans cet
univers apaisé, les luttes de classes n’ont donc plus lieu d’être. La
gauche et la droite sont devenues des notions désuètes puisque les
représentants des deux camps s’entendent pour mener les mêmes
politiques. Sur la planète des bisounours politiques, Hollande croit
jouer dans la cours des Grands : Angela Merkel, Barak Obama ou le monde
du business.
Blair cultivait un atavisme étatsunien qui nous valut une
guerre d’Irak fabriquée de toutes pièces. Hollande nous offre
« l’Europe, l’Europe, l’Europe ! ». Chez Hollande, l’Europe n’est jamais
celle des peuples, de la culture ou de la solidarité. C’est l’Europe
des élites, des possédants, des marchés et des entreprises. Il
ne reculera pas, n’en démordra pas : l’Europe des dominants est son
unique projet. François Mitterrand l’avait rejointe après avoir tourné
le dos à la social-démocratie de gauche au moment du tournant de la
rigueur. Hollande l’avait déjà adoptée avant d’entrer à l’Élysée. Le
retour en Hollandie de Jean-Pierre Jouyet, ami intime, ex-ministre
sarkozyste et autre cabri européen, corrobore mon développement. En
nommant Jouyet secrétaire général de l’Élysée, Hollande réaffirme la
ligne droitière décomplexée inaugurée lors de la conférence de presse de
janvier dernier (*)
Cessons les médiocres débats sémantiques : François Hollande
n’est ni un socialiste, ni un social-démocrate. Il ne se rattache pas
non plus à la tradition sociale-libérale. Hollande est un centriste qui
se positionne dans le sens du vent néolibéral. C’est ici que réside la
nature historiquement révolutionnaire du hollandisme : il est fondamentalement hostile aux valeurs et aux politiques de la gauche..."
Voilà qui est dit.
On peut chipoter sur les étiquettes, mais toujours est-il que de plus en plus de socialistes désertent ou, comme élus, lancent des alertes.
En tous cas, l'ancien pari d'E.Todd semble bien compromis. Il s'est planté.
Mais il s'est repenti. Pour lui, c'est la finance qui a gagné.
Bon élève d'une UE encore barrosiste, le scooteriste élyséen regarde vers Angela, pourtant vivement critiquée, et, faute de pouvoir flexibiliser un euro trop fort (sauf pour Berlin), il ne peut que jouer sur la réduction des dépenses sociales et salariales, rétrécir la France...pour exporter. Mais quoi?
Pourtant le socialiste allemand Martin Schulz affirme, comme Montebourg, que la politique d'austérité était une erreur
Même le FMI critique ce qu'elle a adoré. Pas de chance...
La politique néolibérale sera tout de même confirmée:
"... Un effet d’aubaine pour les entreprises qui vont empocher les 30 milliards
d’euros sans être astreintes à de véritables contreparties ; effets
récessifs sur une économie anémiée d’un plan violent d’austérité : comme
la politique économique et sociale de Manuel Valls n’a pas le charme de
la nouveauté et n’est que la mise en œuvre d’une stratégie ancienne
arrêtée à l’Élysée, les mêmes controverses vont reprendre..."
Le Figaro s'en réjouit.
Paul Krugman n'en revient pas.
Certains se prennent à rêver...
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(*) Jean-Pierre Jouyet est l’un de ces oligarques qui ont longtemps fait
carrière sous la gauche, et qui ont brusquement changé de conviction
quand les vents ont tourné, pour devenir subrepticement sarkoziste.
Après l’alternance de 2007, on a vu Jouyet entrer, sans le moindre
scrupule, au sein du gouvernement de François Fillon, en qualité de
secrétaire d’Etat aux affaires européennes, et courir micros et caméras
pour chanter les louanges de Nicolas Sarkozy et de la politique conduite
par lui.
Et le voilà, de nouveau, comme les vents ont encore tourné, faire
mouvement contraire, en 2012, pour continuer sa belle carrière sous le
quinquennat de son ami François Hollande.
_____ Vers une monarchie de Jouyet?
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