S'il est un domaine où l'Etat doit garder la main sur le système pour en assurer la gratuité, la neutralité, la cohérence et l'égalité; la formation de maîtres, l'égalité des chances, c'est bien le domaine éducatif, celui qui détermine au mieux l'avenir d'un pays et la cohésion d'une nation.
Il a fallu attendre le XIX° siècle pour le comprendre et commencer à l'appliquer, chaque pays à sa manière, chaque pays à son rythme..
Si on en croit Hilary Clinton, "La triste vérité, c'est que les Américains, à la différence des
Français, n'ont jamais accordé suffisamment de prix au métier qui
consiste à s'occuper des enfants."
Aux USA, la mise en place du système éducatif épousa les spécificités et les inégalités de développement des Etats. Malgré une certaine unité au niveau du financement, une assez grande liberté est laissée au niveau des contenus et des manuels en usage
Depuis quelques années, sous l'influence de Milton Friedman, se met en place une réforme visant à privatiser de plus en plus, qui fait l'objet d'une forte discussion. Des associations privées peuvent prendre la direction de certaines écoles, sans contrôle, le mobile étant purement financier.
Malgré des échecs, derrière les petits charlatans, on trouve de gros affairistes qui
soutiennent cette campagne visant à remettre l’école publique entre les
mains du secteur privé. Par exemple : Richard DeVos, qui doit sa fortune
à Amway ; Richard Mellon Scaife, membre de la richissime famille
Mellon ; John Walton, héritier de la société Wal-Mart ; J. Patrick
Rooney de la compagnie d’assurance Golden Rule ; David Kearns, ex-PDG de
Xerox ; Paul Allen, co-fondateur de Microsoft ; le célèbre Michael
Milken ; d’anciens hommes politiques comme Lamar Alexander ou William
Held, ex-gouverneur du Massachusetts ; ainsi que des sociétés
d’investissement de Wall Street comme Dillon Read & Co., Montgomery
Securities, Merrill Lynch et Lehman Brothers...
En 1996, la société Lehman Brothers organisait la première conférence
sur les possibilités d’investissement dans le domaine éducatif. Un peu
plus tôt, elle avait publié un rapport où elle affirmait que
« l’industrie de l’éducation est peut-être appelée, en 1996, à remplacer
la santé en tant que secteur prioritaire d’investissement ». (*)
La privatisation-chartérisation de l'activité enseignante va aussi bon train.
Une récente tentative du genre comme en Suède ne serait pas concluante, loin de là.
Le système du chèque éducation a voulu être tenté chez nous par les plus libéraux.
Dans les universités, la privatisation a déjà fait des avancées tellement spectaculaires, que les droits d'inscription deviennent presque inaccessibles à la grande masse ou peuvent peser sur presque toute une vie, créant une ségrégation de fait et une bulle problématique.
La vampirisation dans l'enseignement secondaire par les marchands, compromet l'avenir et peut être considéré comme un carnage pour l'ascenseur social.
Au Québec, on observe des tendances qui vont dans le même sens, stérilisant le recrutement et la diversification des talents, au coeur d'une ségrégation sociale masquée.
Aux USA, l'intrusion marchande est spectaculaire et sans frein, la finance et l'élite formant une symbiose toujours plus forte, que dénoncent certaines élites américaines, voyant un avenir très sombre pour le pays.
Même Harvard ne fait plus rêver...
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(*)-... Ces fondations sont à but non lucratif et donc exemptées d’impôts,
elles favorisent systématiquement des grandes entreprises de fournitures
scolaires et de gestion privée à charte d’écoles publiques, en
une vaste opération de siphonage de fonds publics vers le privé.
Beaucoup d’écoles à charte du primaire et du secondaire sont gérées par
des Education Management Organizations (EMOs). Ces
entreprises privées font des profits en économisant sur les salaires et
les caisses de pension, sur les repas scolaires, sur les branches
considérées non essentielles, sur les activités extra-scolaires, avec
des effectifs de classes plus élevés, ou encore en faisant obstacle à
l’entrée d’élèves handicapés et en réduisant ou annulant les subventions
aux transports.
En 2005, le marché potentiel privé dans l’école était estimé à
75 milliards dollars, soit 15% des dépenses totales du pays pour
l’éducation.
Les grands groupes s’approprient les grosses tranches du gâteau
scolaire: Apple, Dell, IBM, HP, Compaq, Palm, and Texas Instruments
(électronique); Pearson (l’éditeur du plus fameux manuel de biologie, le
Campbell-Reece, traduit en de nombreuses langues), Harcourt,
McGraw-Hill, Thomson, and Houghton Mifflin (manuels et contenus); CTB
McGraw, Harcourt Assessment, Thomson, Plato, Renaissance (évaluation et
tests); et Scholastic, Plato, Renaissance, Scientific Learning, and
Leapfrog (contenus complémentaires). En 2005 déjà, neuf entreprises
captaient 87% des achats...
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