Ça va jazzer

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dimanche 10 décembre 2023

Point de vue

Briseurs de trêve

             Les dires de Delphine, rabbin 



              Cette idée a été récemment formulée dans le sermon de Yom Kippour prononcé quelques jours avant le 7 octobre par la rabbine libérale Delphine Horvilleurdans un texte qu’elle disait alors n’avoir pas « voulu écrire » et qu’elle ne prononcerait sans doute pas aujourd’hui à l’identique, mais qu’il est néanmoins utile de citer.  Partant de la « douleur que beaucoup [de juifs français] ressentent aujourd’hui face à la crise terrible que ce pays traverse, la polarisation extrême qui a porté au pouvoir un gouvernement et des ministres d’extrême droite, un messianisme ultranationaliste », elle juge nombreux ceux qui regardent « cela avec angoisse, mais aussi avec la force de tout [leur] attachement et de [leur] amour pour ce pays et, pour beaucoup d’entre [eux], avec la conviction de [leur] sionisme qui, soudain, peine à se retrouver dans le discours de ceux qui revendiquent ce même amour d’Israël ou du sionisme pour un projet aux antipodes de [leurs] aspirations ».  Elle affirme ne pouvoir cesser de penser à la « façon dont, pour certains, il faut le reconnaître, le sionisme est devenu synonyme de pouvoir, de puissance, de propriété, et la façon dont un parti d’extrême droite, aujourd’hui aux commandes de postes clés, s’est donné un nom étrange ». « Le parti d’Itamar Ben-Gvir s’appelle Otzma Yehudit, “la puissance juive”. Mais de quelle puissance est-il question ? Où nous mènera-t-elle exactement dans l’Histoire ? » Un sermon qu’il est passionnant de lire en détail et qu’elle conclut par cette phrase qui résonne aujourd’hui de façon singulière : « Méfiez-vous de la puissance quand elle vous mène simplement à vouloir écraser l’autre. »       _____________                                                                                                                                                                ______     A pleurerEntre colère et accablement...   

                      __ Plenel récidive ___Les échos du Proche-Orient étant plus qu'inquiétants. ____Exode sans fin? __ Le grand écart. ____Il y a trop peu de Arik Ascherman. ___ La paix aurait très ans...              _____________

Survol dominical

__ Sabotage

__ Qatargate

__ Calcul?

__ Bavures?

__ Punition...

__ Indignation

__ IA et fraudes

__ Effets domino

__ Pas étonnant

__ PISA continue

__ So british!

__ Terrible!

__ Temps énigmatique

__Une autre COP

__ Entraves administratives

__ Le choc de Gabriel

__ Révolution attalienne?

__ Russie résiliente

__ Main et cerveau

__ Course à l'IA

__ Au secours MIA!

__ Emissions en hausse

__ Endettement allemand                 

       __ La mort aux trousses

       __ Se défendre ou détruire

 ________________Revue de presse.___________

samedi 9 décembre 2023

Un certain 9 décembre

1905:  Journée de la laïcité.

             Un loi de conciliation.

   Toujours un combat...


Cher lithium

     L'or blanc au centre

             Aujourd'hui c'est la course au lithium,        

                       Le nouvel "or blanc". En attendant d'autres options, dans la concurrence féroce que se livrent les industriels dans la course au stockage de l'énergie et  à la production de véhicules électriques. Longtemps le privilège de la Chine, le lithium, classique ou géothermal, risque de garder encore longtemps une place prépondérante. Son extraction est encore souvent faite dans les pires conditions, notamment dans le Kivu et en Bolivie et ailleurs. Aujourd'hui en France. Cela commence à susciter des questions. De toutes les manières, cela reste une bombe toxique et risque de le rester, même si cette "terre rare" est un jour dépassée par autre chose.                                                             Jupiter l'a proclamé: nous n'en manquons pas. Pékin n'a qu'à bien se tenir...Voici revenue la question de l'énergie, mais sous des formes bien différentes, dans des conditions qui ont radicalement changé, dans le contexte d'un tournant historique inédit: prise de conscience d'un gigantesque défi climatique et d'un conflit inattendu à l'Est, qui nous oblige à repenser plus vite que prévu le monde de la consommation d'énergie, dans les plus brefs délais. Il y a la possibilité du stockage des énergies vertes, mais aussi la question de la production, de nos déplacements Le véhicule électrique annoncé comme généralisable dans les prochaines décennies, à marche forcée, n'est pas sans poser des problèmes majeurs, même si les constructeurs se précipitent sur ce nouveau marché, alléchés par les aides d'Etat et les profits de demain. Les véhicules électriques: toute une histoire.. Mais ce n'est pas le seul problème: il y a celui de la production des semi-conducteurs...                                                                                                           Il y une dimension de pari dans les nouvelles voies que l'on tente d'explorer, sous la pression de la nécessité, dans un contexte géopolitique mouvant. Mais de manière moins empirique qu'à d'autres époques                           Dans la panique énergétique non anticipée dans laquelle nous sommes plongés, une matière première rare prend le premier plan des préoccupations et des investigations des Etats. Une matière déjà connue, devenue stratégique, mais diversement répandue et déjà objet de compétition mondiale: le lithium                                                                                                                                              "...  Llithium figure désormais en tête de la liste des « minerais critiques ». Ce métal, qui sert à la fabrication de batteries électriques, voit ses cours exploser, au point d’être qualifié d’« or blanc ». Il a aussi gagné, dans le jargon des groupes miniers, le surnom de « pétrole du XXIe siècle », indiquant son rôle de premier plan dans la définition des rapports de force mondiaux, un rôle occupé jusqu’ici par les hydrocarbures.  Il suffit de remplacer lithium par gaz pour comprendre la nature des interrogations sur le futur de cette ressource. Le cas de la guerre en Ukraine l’a illustré, lorsque la Russie a en substance fermé ses robinets à destination de l’Europe, procédant à une « militarisation » (weaponisation) de cette ressource naturelle. Voilà qui illustre ce qui pourrait arriver demain avec des minerais dits critiques, au premier rang desquels figure le lithium.   Ce métal est crucial pour la production de batteries (au lithium-ion) pour les véhicules électriques, en remplacement des moteurs thermiques (dont l’Europe a programmé la disparition pour 2035), mais aussi de façon plus générale dans toute l’économie de la transition énergétique, parmi d’autres minerais critiques. « Le monde va passer de kilowattheures très carbonés, consommateurs d’énergies fossiles, à des kilowattheures très “métallisés”. En outre, toutes les technologies de pointe et aciers à haute valeur ajoutée utilisent une quantité croissante de métaux rares. C’est notamment le cas de l’industrie aéronautique et de défense », analyse Vincent Donnen, dans une note de l’Institut français des relations internationales consacrée aux métaux critiques..."                                                                                                                                                       Mais la production de cette précieuse matière première peine à suivre et la concurrence pour son obtention deviendra de plus en plus rude. Seulement, l'impact environnemental n'est pas nul et pose même de sérieux problèmes, connus depuis un moment.  Il en faut beaucoup. Il en faudra beaucoup plus demain avec le développement accéléré des batteries de toutes sortes qui seront nécessaires pour le fonctionnement des voitures électriques en pointe et le stockage envisagé de l'énergie "verte".   La Chine, qui a quasiment le monopole de cette matière très recherchée, ne devrait plus être la seule à en extraire, car l'Europe notamment, envisage d'entrer dans le jeu et de devenir autosuffisante.     Le problème est que l'extraction est très complexe et polluante et demande beaucoup d'énergie et d'eau. Le Portugal est sur la liste, mais le sous-sol français n'en manque pas. En attendant d'autres matières premières et notamment la maîtrise de l'hydrogène, de sérieux problèmes vont se poser.                            ___ Le développement des énergies nouvelles dans des secteurs de plus en plus larges de l' économie dite verte, les transports, etc... posent des problèmes auxquels on réfléchit peu à long terme. Pour le moment.  Les terres dites rares portent bien leur nom. Leur extraction et leur concentration posent des problèmes auxquels nous allons être vite confrontés.  Dans les conditions actuelles, ne sommes-nous pas à l'aube d'impasses à venir?  Le problème des terres dites rares, sans lesquelles les nouvelles technologies numériques et leurs multiples applications actuelles et à venir ne pourraient voir le jour et se développer, commence à émerger dans l'espace informatique et énergétique de manière de plus en plus large, même s'il reste encore largement ignoré.

      Des livres et différentes émissions nous confrontent à un   énorme défi pour l'avenir:
     Avec la COP21, un tournant prétendait être pris pour sortir au plus vite des énergies fossiles pour gagner peu à peu en énergies vertes, comme certains pays en pointe dans ce domaine en donnaient l'exemple, pour une transition énergétique douce.
     Mais s'était-on posé le problème de l'accès à ces matériaux, que l'on trouve en quantité infinitésimale dans le sol, la roche, des traitements lourds et polluants qu'il faut pratiquer pour les extraire, de la commercialisation concentrée dans quelques pays, surtout la Chine, qui détient un quasi-monopole de fait, de la pollution massive que nécessitent leurs traitements et leur éventuel recyclage.
     La demande est exponentiellement explosive que ce soit en matière civile (téléphones portables, notamment)  ou en matière militaire (missiles balistiques, etc...)
   Nous entrons, sans y avoir réfléchi dans de nouvelles dépendances, après avoir laissé la Chine accaparer l'exploitation et le traitement de technologies décisives pour l'avenir.
    Ce que l'on considérait comme "propre" se révèle en fait "sale" et dévoreur d'énergie en amont, comme en aval (retraitement).
   Nous avons fait un pari qui ne pourra être tenu et élargi (voitures électriques, par exemple.)
     Il est temps de prendre la mesure du risque des voies que nous sommes en train de prendre, pour repenser le problème et sortir de nos naïvetés.
   "Rares", ces matériaux le seront de plus en plus et on voit déjà qu'en Chine ou en Mongolie les terres rares tuent des villages.
      Un récent papier nous invitait à prendre la mesure de cette question des terres raresici et là, que je découvrais seulement, considérant naïvement que le tout-numérique serait notre avenir, ne voyant pas que même une éolienne demande une quantité importante de nouveaux métaux, peu à peu découverts à partir du tableau de Mendeleïev.
      Serait-ce une bombe à retardement, comme titrait le Point?  En tous cas, les aspects cachés du problème émergent peu à peu dans l'esprit des spécialistes et de certains responsables politiques.
  Vers quelles impasses allons-nous arriver à vouloir foncer tête baissés ver ce nouvel eldorado qu'on nous a fait miroiter?
     Difficile à dire. En tous cas, une réflexion s'impose, au niveau mondial, pour dépasser les intérêts commerciaux à court terme, les rapports de force que l'on a laissé s'installer. Une question de souveraineté nationale.
     Plusieurs livres de bon niveau traitent la question assez complètement. J'ai apprécié particulièrement celui de Guillaume Pitron, accessible à tous: La guerre des métaux rares. préfacé par H.Védrine, dont on peut lire gratuitement sur Amazon les importantes premières pages.
_______- La face (très) sombre des énergies renouvelables___________________________________

vendredi 8 décembre 2023

Un ami...

... Qui ne vous veut pas toujours du bien.

                       Nomophobie en question.

                  

            No Panic!      

                                __________________

Barbarie en cours

          A pleurer! Entre colère et accablement...   

                      __ Plenel récidive ___Les échos du Proche-Orient étant plus qu'inquiétants. ____Exode sans fin? __ Le grand écart. ____Il y a trop peu de Arik Ascherman. ___ La paix aurait très ans...


Ce n’est pas seulement une humanité concrète, celle des vies irrémédiablement perdues, qui se meurt au Proche-Orient. C’est l’idée même d’une humanité commune que ruine la vengeance sans frein ni limites de l’État d’Israël contre la population palestinienne de Gaza en riposte au massacre commis par le Hamas.  __ 

PensPenser aux autres, est le titre et le refrain d’un célèbre poème de Mahmoud Darwich (1941-2008), sans doute le plus grand poète arabe de notre modernité tant son œuvre ne se réduit pas à la cause palestinienne dont il fut le chantre (son œuvre est traduit en français par Elias Sanbar).                    « Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres. / (N’oublie pas ceux qui réclament la paix.) », dit sa deuxième strophe. Ce poème est aussi un témoignage car Darwich a grandi dans la conscience de ce souci de l’autre, fût-il ennemi, ayant vécu en Israël jusqu’en 1970, appris l’hébreu comme sa première langue étrangère et découvert dans cette langue la littérature européenne.  [sans doute le plus grand poète arabe de notre modernité tant son œuvre ne se réduit pas à la cause palestinienne dont il fut le chantre (son œuvre est traduit en français par Elias Sanbar).           Penser aux autres. Ne pas s’enfermer dans une identité close. Ne pas laisser l’émotion détruire l’empathie. Ne pas barbariser l’autre au risque de se barbariser soi-même. Ne pas renoncer à cette élémentaire sensibilité où s’exprime notre souci du monde et du vivant. Or c’est peu dire qu’en France, la scène politique et médiatique n’y incite pas, voire s’y refuse.                                                                  Un refus qui peut aller jusqu’à l’ignominie puisqu’on a pu entendre une éditorialiste faire le tri entre des enfants morts selon qu’ils aient été tués « délibérément » (en Israël, dans l’attaque du 7 octobre) ou tués « involontairement » (à Gaza sous les bombes, depuis). La compassion pour les premiers, proclamés victimes de la barbarie, est à la mesure de la déshumanisation des seconds, décrétés tués par la civilisation.     Contribuant à invisibiliser la durable injustice faite au peuple palestinien, tant qu’Israël en occupe et colonise les territoires (en violation depuis 1967 des résolutions de l’ONU) et que ses gouvernants lui refusent le droit de vivre dans un État souverain (en violation des accords d’Oslo de 1993), le discours qui nourrit cette insensibilité fait comme si l’histoire s’était arrêtée le 7 octobre 2023, avec les massacres commis par les combattants du Hamas qui ont fait 1 200 victimes.                                                                                                                                   Brandi en présent monstrueux, sans passé ni futur, sans cause ni issue, cet événement terrifiant devient, pour les gouvernants d’Israël et leurs alliés, l’alibi de leur aveuglement. Organisée par la propagande étatique israélienne, la projection des images des tueries du 7 octobre, attestant de crimes de guerre, sert de justification à une riposte qui, elle-même, viole les lois de la guerre, transformant la contre-attaque militaire face au Hamas en une vengeance meurtrière indistincte contre la population palestinienne de Gaza.                                                                                                                        Jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, autant de civils (15 800 morts au récent décompte réalisé par le gouvernement du Hamas), de familles entières, de femmes et d’enfants, de soignant·es et d’humanitaires, de journalistes et de professionnel·les des médias – au moins 56 tué·es, soit plus d’un par jour d’offensive israélienne –, etc., n’ont perdu la vie dans un conflit armé en si peu de temps et sur un si petit territoire.                                                               Jamais, non plus, un tel déplacement forcé de population, dans des conditions sanitaires et humanitaires catastrophiques, ne s’est produit dans cette même unité de temps et de lieu. Environ 1,9 million de personnes, soit 80 % de la population gazaouie, ont dû fuir, quittant leurs habitations, abandonnant leurs biens, perdant leurs repères pour devenir des réfugié·es et des exilé·es. Une fuite sans répit et sans abri puisque, désormais, l’armée israélienne attaque le sud de la bande de Gaza vers lequel ces foules ont convergé.                                                                                                               À cette échelle de violence, il ne s’agit pas de dommages collatéraux mais bel et bien d’une stratégie guerrière qui s’en prend au peuple tout entier dont est issu l’ennemi particulier visé : but de guerre proclamé par Israël, l’anéantissement du Hamas est devenu sous nos yeux la destruction de la bande de Gaza, de ses villes, de son histoire et de sa sociabilité, de son passé et de son futur, de ses lieux de vie et de travail. Avec pour conséquence ultime, l’effacement de son peuple, expulsé de sa propre terre.

Nous sommes proches de l’heure la plus sombre de l’humanité.  [Richard Peeperkorn, responsable de l’OMS dans les Territoires palestiniens]

                       ______Entre désespoir et colère, la sidération qu’exprime l’ensemble des organisations internationales, sans en excepter une seule, qu’il s’agisse des agences onusiennes telle l’UNRWA ou des ONG comme Médecins sans frontières, est à la mesure de cette catastrophe inédite. « Nous sommes proches de l’heure la plus sombre de l’humanité », n’hésite pas à déclarer le responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens occupés.                        Solennelle et inhabituelle, tant la neutralité du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) lui enjoint d’ordinaire le silence, la récente prise de parole publique de sa présidente, Mirjana Spoljaric, lance la même alarme : « Le niveau de souffrance humaine est intolérable. Il est inacceptable que les civils n’aient aucun endroit sûr où aller à Gaza et, avec un siège militaire en place, il n’y a pas non plus de réponse humanitaire adéquate possible à l’heure actuelle. »  Confronté à la complicité, et donc à l’inaction, des alliés occidentaux d’Israël, au premier chef les États-Unis, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, essaye, en vain jusqu’ici, de secouer leur indifférence. Pour la première fois depuis le début de son mandat en 2017, il vient d’invoquer l’article 99 de la Charte des Nations unies qui lui donne le droit d’attirer « l’attention du Conseil de sécurité sur toute question qui, à son avis, pourrait menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Un recours justifié, selon le porte-parole de l’ONU, par « l’ampleur des pertes en vies humaines en si peu de temps.                                                          Répétition de la politique de la peur qui inspira la réponse des États-Unis aux attaques terroristes du 11 septembre 2001, la stratégie israélienne est une perdition morale. Quels que soient les succès militaires revendiqués par Israël, ils finiront par signer sa défaite politique et diplomatique. Car, loin de garantir la sécurité de son peuple, ils l’entraîneront dans une guerre sans fin. Comment imaginer qu’Israël puisse vivre durablement au Proche-Orient en s’imaginant place forte d’un Occident dominateur, méprisant tous les peuples alentour ? D’un Occident qui, de plus, est en train de perdre le monde à force de prétention et d’ignorance.                                                               Précédée de mensonges éhontés et accompagnée de violations infinies des droits humains jusqu’à la légitimation officielle de la torture, la riposte américaine au 11-Septembre n’a fait qu’accroître la dangerosité internationale, ravageant des États souverains, suscitant de nouveaux terrorismes, humiliant des peuples entiers et fédérant leur ressentiment durable. Le tout au grand bénéfice de la Chine et de la Russie qui, pour l’une, s’est hissée au rang de deuxième et potentiellement première puissance économique mondiale, tandis que l’autre renouait avec une logique impériale agressive, de la Syrie à l’Ukraine, en passant par le continent africain.                             Loin des idéaux démocratiques dont se paraient les États-Unis tout en les piétinant, leur intervention n’a aucunement aidé les peuples concernés à gagner en liberté et en démocratie. C’est même radicalement l’inverse. Au résultat final, après le retrait piteux des troupes américaines, les talibans sont de retour au pouvoir en Afghanistan depuis 2021, au désespoir, notamment, des femmes afghanes.    Cible prioritaire de leur prétention à réorganiser la région, la République islamique d’Iran n’a cessé d’accroître son influence géopolitique, d’Irak en Syrie, du Liban au Yémen, sans oublier Gaza via le Hamas, tandis que la théocratie qui la dirige réprime les espérances émancipatrices des Iranien·nes.Enfin, l’Arabie saoudite, monarchie religieuse qui fut le terreau idéologique d’Al-Qaïda, n’est nullement inquiétée pour ses violations des droits humains mais, en revanche, s’imagine plus que jamais en centre du monde, au point d’avoir été choisie pour accueillir l’Exposition universelle de 2030.                                                                                                                          À deux décennies de distance, la réaction israélienne n’est cependant pas qu’une répétition de l’aveuglement américain. Elle l’aggrave, au risque d’égarer la planète tout entière, par sa démesure idéologique. Le pouvoir politique qui dirige aujourd’hui Israël et qui par conséquent mène cette guerre, incarne en effet une rupture radicale, ayant poussé jusqu’à ses conséquences extrêmes l’infernale logique identitaire de la colonisation, de supériorité des civilisations et de hiérarchie des humanités. Sous le règne de Benyamin Nétanyahou (au pouvoir sans discontinuer depuis 2009, à l’exception d’un bref intermède en 2021-2022), l’idéologie nationaliste religieuse a pris les commandes de l’État d’Israël avec un « coup d’État identitaire » comme l’a écrit le journaliste Charles Enderlin. Depuis 2018, une loi fondamentale, soit le plus haut degré possible en l’absence de Constitution, définit Israël comme le « foyer national du peuple juif » sans aucune référence au principe démocratique de l’égalité des droits.                                                                                                                                                                  Légitimant une suprématie identitaire qui discrimine les minorités arabe et druze, elle rompt avec la déclaration d’indépendance de 1948 qui enjoignait à Israël d’assurer « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ». Loin d’une embardée démagogique, cette radicalisation idéologique marque l’installation aux commandes de l’État d’Israël de forces politiques assumant une rupture avec toute vision universaliste : pas d’égalité naturelle, pas de droit international, pas d’humanité commune.    Pis, cette idéologie est destinée à l’exportation, comme en témoigne la notoriété auprès des droites extrêmes états-unienne et européennes de son théoricien et propagandiste, l’Israélo-Américain Yoram Hazony, auteur d’un best-seller traduit dans une vingtaine de langues, Les Vertus du nationalisme. Ce n’est rien de moins qu’un recyclage contemporain du nationalisme intégral de Charles Maurras, l’antisémitisme en moins, dont l’édition française est préfacée par un propagandiste d’extrême droite, Gilles-William Goldnadel.    Dénonçant le « fanatisme de l’universel » et « l’internationalisme libéral », ce plaidoyer pour l’avènement d’un « ordre des États nationaux » entend mettre fin aux valeurs supranationales promues par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, dans la conscience que des États-nations pouvaient devenir les pires ennemis du genre humain. Ce nationalisme radical implique que les nations ne doivent avoir de comptes à rendre qu’à elles-mêmes, refusant « de transférer les pouvoirs du gouvernement à des institutions universelles ».         « Nous ne devrions pas tolérer que la moindre parcelle de notre liberté soit transmise à des institutions étrangères, quelle qu’en soit la raison, écrit Yoram Hazony. Il en va de même par rapport aux lois qui ne sont pas celles de notre propre nation. » Ce rejet de tout principe universel accompagne une conception ethnique de la nation, revendiquant son « homogénéité interne » face aux « minorités nationales et tribales » dont les revendications pourraient la défaire.                                 La page ouverte en 1948, en même temps que naissait Israël, d’une humanité commune régie par des principes universels opposables aux États-nations serait ainsi refermée. Il ne s’agit rien de moins que d’un retour en arrière jusqu’aux causes mêmes de la catastrophe européenne puis mondiale, ces nationalismes égoïstes, oppresseurs et dominateurs dont les peuples, dans la première moitié du XXe siècle, ont subi les ravages et les crimes, jusqu’à celui de génocide, tant fascisme et nazisme en furent les produits extrêmes.    À l’urgence humanitaire qui, pour le sort des Palestinien·nes comme des Israélien·nes, exige un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza, s’ajoute donc un impératif politique qui concerne toute la communauté internationale si, du moins, elle existe encore : mettre un coup d’arrêt à cette fuite en avant guerrière et identitaire où se meurt notre humanité. "   [Merci à Mediapart[  _________________

jeudi 7 décembre 2023

Bons élèves?

    Ça se discute...

              Ça va, ça vient

                                Noter aussi les notants!                                ____________

Varia

__ Tik Tok

__  Navet

__ Revanches

__ Pénuries

__Survie                      

__ Endettement

__ Virage?

__ Piège

__ Absentéisme

__ Improvisation

__Mythologie

__ Sur-contrôle

__ Mensonges

__ Narco-business

__ CJR en question

__ Précieux barrages 

__ Nouvel amour

__ Dépendance alimentaire

__ Logement en question

__ Retour aux cavernes?                  _______________________

mercredi 6 décembre 2023

Les deux, mon capitaine...

 Comment en sortir

     Si l'incertitude peut être positive, le doute (méthodique) est un outil nécessaire

                                                                      _____________

Où va la presse?

           * Thomas Jefferson écrivait : "Si l'on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un moment à choisir cette dernière formule."

                                 Lire le journal: une saine activité civique. Malheureusement en voie de régression, au profit de chaînes privées aux méthodes et aux contenus très discutés. Informer ne se résume pas à "faire savoir", mais à se donner les meilleurs moyens d'information et d'investigation. A condition qu'elle soit choisie et réfléchie et que l'information y soit de qualité, qu'elle que soit la ligne éditoriale générale, clairement assumée. La pluralité en ce domaine n'est pas un problème, mais la valeur de l'information, elle, en est un. Que reste-t-il de la qualité de la presse écrite française, depuis le renouveau de la Libération? Ne parlons pas des zéros ociaux....                                                  Les subventions légitimes à la presse, pour qu'elle ait les moyens de bien faire son travail, est-elle encore légitime, quand on se rend compte qu'elle favorise surtout les plus puissants. la presse française, mais pas seulement, est bien malade. La diversité a vécu. Jamais comme auparavant l'essentiel de la presse n'a été aussi concentré entre quelques mains. Des mains intéressées. Il n'y a pas que le soutien fidèle de Z. qui est en cause. Il y a bien d'autres verrous médiatiques, influenceurs d'opinion. Ce n'est pas d'aujourd'hui et seulement en France, mais ça s'accentue dans notre pays. Malgré la résistance de quelques îlots. Et il n'y a pas que la presse écrite. Un monde d'intérêts sans véritable frein, alors que l'information neutre et objective devrait être la norme. Un petit tour d'horizon:

         L'essentiel de la presse d'opinion est sous contrôle.  On ne peut pas dire que la presse en France soit actuellement diverse et pluraliste, reflétant en toute indépendance les grandes tendances de l'opinion, comme à une certaine période de son histoire. Elle s'est plutôt réduite, concentrée et homogénéisée.

               Ce n'est un secret pour personne: autour de 90% de la presse française est dépendante de grands groupes industriels et financiers qui y voient une possibilité d'influence, au moins indirecte. Peser sur l'opinion, même à perte, est l'un des objectifs des barons d'une presse écrite de moins en moins lue, où les groupes de pression et les puissants intérêts publicitaires pèsent d'un poids que peu remarquent.
      10 milliardaires possèdent quasiment toute la presse: Bouygues, Xavier Niel, Dassault, Bernard Arnault, Bolloré, Pierre Bergé, Patrick Drahi, François Pinault, Matthieu Pigasse et Lagardère.    De même, la majorité des titres de presse régionale et magazine appartient à deux fabricants d’armes : Lagardère (via Hachette) et Dassault (via la Socpresse)....Ajouter à cela la bollorisation galopante et bien orientée d'un groupe mercantile pour lequel l'influence et l'intérêt sont les objectifs majeurs. Où s'arrêtera la voracité de celui qu'on appelle le "boa", au service de la cause de qui vous savez. Sa voracité semble ne pas avoir de limites. Une presse de plus en plus vénale.              ________

   Point de vue: "...« La clef des libertés civiques d’un peuple est dans la liberté de la presse. » C’est avec cette citation du député radical Émile Brachard, extraite d’une de ses interventions devant l’Assemblée nationale en 1935 pour défendre l’adoption du premier statut professionnel des journalistes, que le Fonds pour une presse libre (FPL) présente son initiative : des États généraux de la presse indépendante, le 30 novembre, et auxquels participeront plus de 100 médias, organisations et collectifs de journalistes, en réplique aux États généraux de l’information élyséens.   Le FPL justifie cette référence historique en faisant valoir que « la situation d’aujourd’hui a beaucoup à voir avec celle de l’entre-deux-guerres (1919-1939), qui vit l’apogée de la “presse d’industrie”. Une presse contrôlée et asservie par les grandes fortunes de l’époque, engloutie dans la corruption, et qui allait basculer dans la collaboration ».  Le rappel de l’histoire délétère des médias sous la IIIe République permet en effet de mesurer les conséquences extrêmes des opérations de prédation sur la presse menées par les puissances d’argent, comme les instrumentalisations qu’elles permettent, notamment au profit de l’extrême droite.                                                       Des scandales, de manipulation ou de corruption, sous la IIIe République, il y en a sans cesse. Avant la guerre de 1914, et tout au long de l’entre-deux-guerres.  Premier d’entre eux, celui dit « de Panama ». Pour assurer le financement des travaux de percement du canal, Ferdinand de Lesseps fonde une société, la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama. Celle-ci fait faillite en 1889, provoquant la ruine de près de 85 000 petits épargnants qui avaient souscrit à ses emprunts.   Mais l’affaire prend rapidement une autre dimension. De la prison où il est incarcéré, le polémiste d’extrême droite Édouard Drumont, qui vient de publier un pamphlet violemment antisémite, La France juive (1892), révèle – documents à l’appui – dans son journal La Libre Parole qu’une partie des financements a été détournée pour corrompre des dirigeants politiques, dont le président de la Chambre des députés, et de nombreux journalistes. « Les comptes de la Compagnie allaient révéler que 12 à 13 millions de ses crédits de publicité étaient allés à la presse, versés à des journaux, à quelques directeurs et à certains journalistes influents », raconte l’historien Marc Martin, dans une remarquable étude publiée en 2006 par Le Temps des médias. Cette corruption vaut à tous ceux qui y succombent de méchants sobriquets, comme « chéquards » ou « panamistes ». Même Georges Clemenceau reçoit des subsides pour son journal La Justice, bien qu’il en ignore l’origine douteuse.                                                 Dans son Histoire des médias, l’historien Jean-Noël Jeanneney précise que c’est souvent la presse elle-même qui est à l’origine du pacte de corruption, comme le révèle le procès de l’affaire, durant lequel Charles de Lesseps, fils de Ferdinand et l’un des dirigeants de la compagnie déconfite, explique à la barre : « Ce n’est pas moi qui ai été l’initiateur de la corruption, explique-t-il. Ce sont les journaux qui venaient me voir et qui me disaient : “Si vous ne me donnez pas d’argent, je vais dire que votre entreprise ne marche pas.” »   Tout le pays comprend qu’une bonne partie de la presse est prise dans les rets de la corruption. Ces événements vont nourrir la vague antiparlementaire et antisémite qui contribuera au déclenchement, en 1894, de l’affaire Dreyfus.             À l’occasion d’une intervention houleuse à la Chambre, le 8 février 1893, le député socialiste Jean Jaurès n’est pas le dernier à l’alimenter : « La puissance de l’argent avait réussi à s’emparer des organes de l’opinion et à fausser à sa source, c’est-à-dire dans l’information publique, la conscience nationale. » Et d’opposer en comparaison les initiatives de presse ouvrière où l’on « se cotisait pour fonder des journaux non pas avec de l’argent pris ici ou là à des banques nationales ou cosmopolites, mais avec l’épargne prélevée sur les salaires ». « Une ébauche de la presse loyale représentant vraiment l’opinion, reprend le socialiste. Et vous l’avez interdite. »   Ce plaidoyer en faveur de l’indépendance de la presse vis-à-vis des puissances d’argent devient dès lors pour Jaurès une obsession. Et quand il fonde L’Humanité en 1904, c’est l’un des thèmes de prédilection de ses éditoriaux. Dès le premier numéro, le 18 avril, Jean Jaurès l’annonce : « Faire vivre un grand journal, sans qu’il soit à la merci d’autre groupe d’affaires, est un problème difficile mais non pas insoluble. »......                                                 Quelques années plus tard, le 30 juin 1909, Jean Jaurès publie un nouvel article, « La curée prochaine », dans lequel il pourfend les puissances d’argent : « Mais voilà le cas que les grands fournisseurs, les grands capitalistes, font des enquêtes. On pourra voter ce qu’on voudra, ils s’en moquent. Une seule chose les intéresse : c’est qu’au bout des paroles et des votes, il y aura un nouveau programme de dépenses, de nouveaux crédits. Et ils essaient de se tailler d’avance la plus large part en corrompant la presse, en trompant l’opinion, en compromettant les hommes publics. »_____Il écrira encore cet article le 11 novembre 1913, « Pour le développement de L’Humanité », d’une incroyable actualité plus d’un siècle plus tard : « C’est notre devoir et c’est notre honneur d’écarter toute publicité de finance […]. Un journal n’est libre de son action nationale et internationale qu’à la condition de rejeter des subventions et des concours qui pris en soi, pourraient paraître innocents à des citoyens attentifs […]. L’effort de la finance pour s’emparer partout des ressources d’information est immense […]. Bientôt un journal pleinement indépendant sera un des grands luxes de la pensée humaine ; et une des gloires du Parti socialiste sera de donner à l’intelligence et à la conscience des hommes cette garantie et cette sécurité. » ...   Dans les années 1920, toute la presse ou presque continue d’être prise dans les eaux troubles des puissances d’argent. Un quotidien est alors le révélateur de cet état de servitude : Le Temps – « la bourgeoisie faite journal », selon la formule de Jaurès. Le journal est à la fois très proche des milieux patronaux et à la solde du Quai d’Orsay.                                                 Il est de notoriété publique que Le Temps est le journal du Comité des forges, l’aile la plus influente du patronat (l’ancêtre de l’actuelle Union des industries et métiers de la métallurgie). Mais cette proximité n’est pas qu’idéologique. Ce journal libéral créé en 1861 par un protestant alsacien, Auguste Nefftzer, va devenir la propriété en 1871 d’Adrien Hébrard, un sénateur républicain qui ne se distingue guère pour son sens de l’éthique, et qui emporte Le Temps avec lui dans la tourmente des affaires de Panama puis des emprunts russes.                                                       Après sa mort, en 1914, ses fils se succèdent à la direction du quotidien, avant de céder leurs parts à Louis Mill (1864-1931) entre 1927 et 1929. Ainsi que le raconte l’historien de la presse Patrick Eveno* : « C’est au décès de ce dernier, en 1931, que le grand public apprend que Louis Mill n’était que le prête-nom d’intérêts financiers, proches du grand patronat du Comité des forges et du Comité des houillères. » Le coffre-fort de Louis Mill ouvert après sa mort contient un document dans lequel il reconnaît être le prête-nom d’autres hommes d’affaires. Comme le précise l’historien Christophe Charle dans son livre Le Siècle de la presse, les actions de la famille Hébrard n’ont pas été vendues pour « pour 25 millions de francs » à Louis Mill, mais « au groupement de plusieurs grands patrons, notamment de Wendel, des sociétés comme La Marine-Homécourt, Denain-Anzin, le Comité des assurances, Rothschild et Suez ».  Le Temps était donc réellement la propriété du Comité des forges, présidé par François de Wendel, en même temps régent de la Banque de France, le quartier général des célèbres « deux cents familles ». « Le Figaro » est aux mains d’un parfumeur fasciste et antisémite.   Au même moment, en 1922, un siècle avant Le Journal du dimanche, survient le premier exemple d’un grand journal tombant dans les mains de l’extrême droite....."

________ L'histoire se répèterait-elle?..  [ Merci à Médiapart et à Laurent Mauduit]   ______