jeudi 9 juillet 2015

Brief für Angela

 Liebe Frau Merkel,
                                 Je sais, ma voix compte peu. Mais il y a en a beaucoup d'autres. Même dans votre propre pays, souvent couvertes pas la désinformation ou la peur.
                                             Ne songez-vous pas qu'il serait temps que, pour l'Europe toujours aussi peu achevée et désunie, dont vous orchestrez, avec des variations désarmantes, de par votre puissance du moment, le leadership de fait, la politique reprenne ses droits, comme ce fut le cas à une époque, celle du capitalisme rhénan. Avant la période Schröder, dont vous avez suivi les principes directeurs, inspirés de l'école libérale anglo-américaine, où la finance dérégulée devient la norme et le social est marginalisé.
      Vous êtes bien placée pour vous informer un peu mieux sur le désastre humain qui se joue en Grèce, les plus privilégiés étant peu ou pas sollicités ou exportent leurs capitaux et ne pas céder aux critiques qui viennent de chez vous, pas seulement dans le le Bild ou die Welt  mais chez les ultras et une partie de votre gauche. Ecoutez certains économistes et intellectuels qui vous rappellent, comme H.Schmidt, quelques principes de sagesse politique.
  Il y a la paille et la poutre...
     Vous avez la capacité de contribuer, avec plus de cohérence, à éviter un  nouveau désastre humain, en vous souvenant de votre histoire jalonnée aussi de tragédies et de réductions de dettes.
     Vous ne pouvez pas ne pas savoir comment s'est constitué l'essentiel de la dette grecque et le piège dans lequel ce pays s'est trouvé enfermé, comment et par qui les comptes ont été truqués dès l'origine, quels avantages certaines banques et grands industriels allemands _mais pas seulement_ ont profité largement là-bas des largesses accordées par l'UE, sans considération sur ses faiblesses initiales et les énormes risques qu'elle prenait. Les prêteurs sont souvent irresponsables, la crise nous l'a appris.
   Vous savez que les fonds attribués à la Grèce ne sont jamais arrivés au peuple grec, ou  très peu ou très indirectement.
     Vous savez que l'austérité érigée en principe est totalement contreproductive et peut contribuer à faire naître des forces dangereuses, que  votre propre modèle économique, essentiellement mercantiliste, n'est pas  si fort et pérenne que vous le croyez, qu'il risque d'en souffrir.comme  l'ordolibéralisme qui le sous-tend.
     Vous connaissez les pièges  dans lesquels s'est enfermé l'Eurogroupe..
      Il est urgent de reconstruire un esprit, des institutions et une monnaie non plus unique, qui ne va, à  terme, que dans le sens de vos intérêts, mais une monnaie enfin commune, sur une base de solidarité constamment négociée.
    Quelques vérités ne sont pas toujours bonnes à dire.
 Vous concevrez qu'avant de faire la morale à certains pays (alors qu'il ne s'agit pas de morale), vous devez travailler à l' exemplarité d'une Europe qui file droit sur la voie de la désunion.
     Le courage ou le naufrage: voilà la dilemne qui se présente à votre pays et aux autres.Vous avez l'autorité pour redresser la barre et mener la barque Europe sur des eaux plus paisibles et vers des horizons moins orageux.
     Veuillez agréer....
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(*)- .... Pourtant conciliante en privé avec Alexis Tsipras ces dernières semaines, elle n’a pas su organiser les conditions d’un accord, ni éviter un référendum dont le résultat négatif prouve le rejet massif par les Grecs de la ligne austéritaire défendue à Berlin. La chancelière allemande, qui pariait sur un « oui » permettant d'acculer la gauche radicale au pouvoir à Athènes, se retrouve prise à son propre piège. La voilà désormais isolée face aux partisans du « Grexit », toujours plus nombreux en Allemagne.  
       Les barons de son parti (la CDU-CSU conservatrice) exigent de couper les ponts avec les insolents dirigeants grecs. Mais, et c’est plus surprenant vu d’ici, les chefs à plumes du parti social-démocrate (SPD), l’allié de coalition d’Angela Merkel, ont eux aussi durci leurs discours. Depuis plusieurs jours, ils multiplient les sorties hostiles, voire brutales, sur le gouvernement Tspiras. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui avait mené la campagne des européennes pour le parti socialiste européen, a appelé à un gouvernement de « technocrates » et qualifié Tsipras de « démagogue ». Au point de susciter, lundi 6 juillet, une mini-révolte d’une partie de la gauche au Parlement européen, qui l'a enjoint de se taire. 
     Dimanche soir, sitôt le « non » confirmé, le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, celui avec qui François Hollande espérait relancer l’Europe en cas de victoire du SPD en Allemagne en 2013, a eu des paroles au diapason de la droite conservatrice européenne. « Tsipras a coupé les derniers ponts entre la Grèce et l’Europe. […] De nouvelles négociations sont difficilement imaginables. »
Selon la presse allemande, les responsables sociaux-démocrates, qui longtemps furent plus conciliants avec la Grèce que Merkel, ont perdu patience. En difficulté politique, ils ne veulent pas laisser le monopole de l’intransigeance à la droite. Par ailleurs, les dirigeants du SPD n’ont jamais digéré la victoire de Syriza, parti qualifié de « populiste » et d’« anti-allemand » par des députés cités par Die Welt...
.... La dirigeante allemande a géré cette crise en boutiquière, sans souffle ni courage, avec un discours technique, juridique et froid, qui a semblé gommer toute solidarité et toute compassion, centré sur le respect des règles européennes, les intérêts de l’Allemagne et la sauvegarde de l’euro.
     Elle a laissé Schäuble, ce ministre des finances intransigeant qui est aussi un ennemi intime (elle avait évincé ce dauphin potentiel d’Helmut Kohl), gérer le dossier à coup de tirades à l’emporte-pièce qui n’ont rien à envier aux saillies d’un Varoufakis, son interlocuteur grec démissionnaire. Si elle a eu des doutes, comme viennent de le révéler Mediapart et Libération, en collaboration avec Wikileaks, sur la capacité de la Grèce à rembourser sa colossale dette, elle n’en a jamais fait état. Le petit parti europhobe Alternative für Deutschland (AfD), qui se droitise à vue d’œil et flirte avec les islamophobes de Pegida, menace désormais clairement les plates-bandes de son parti.
     Dans la pire des situations politiques, voilà Angela Merkel contrainte de forcer sa nature politique si elle veut parvenir à un accord. À moins qu'elle ne laisse la situation pourrir et la Grèce sortir de l'euro, en opposant au choix démocratique des Grecs la loi de la majorité des 18 membres de la zone euro. Dans ce cas, elle ne courra aucun danger et restera populaire dans son pays. Mais aux yeux de l'histoire, elle risquera de passer pour la chancelière qui a entrepris de détricoter l'Europe..."(Mediapart)
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