Liebe Frau Merkel,
Je sais, ma voix compte peu. Mais il y a en a beaucoup d'autres. Même dans votre propre pays, souvent couvertes pas la désinformation ou la peur.
Ne songez-vous pas qu'il serait temps que, pour l'Europe toujours aussi
peu achevée et désunie, dont vous orchestrez, avec des variations désarmantes, de par votre puissance du
moment, le leadership de fait, la politique
reprenne ses droits, comme ce fut le cas à une époque, celle du
capitalisme rhénan. Avant la période Schröder, dont vous avez suivi les
principes directeurs, inspirés de l'école libérale anglo-américaine, où
la finance dérégulée devient la norme et le social est marginalisé.
Vous êtes bien placée pour vous informer un peu mieux sur le désastre humain
qui se joue en Grèce, les plus privilégiés étant peu ou pas sollicités
ou exportent leurs capitaux et ne pas céder aux critiques qui viennent
de chez vous, pas seulement dans le le Bild
ou die Welt mais chez les ultras et une partie de votre gauche. Ecoutez
certains économistes et intellectuels qui vous rappellent, comme
H.Schmidt, quelques principes de sagesse politique.
Il y a la paille et la poutre...
Vous avez la capacité de contribuer, avec plus de cohérence, à éviter un nouveau désastre humain, en vous souvenant de votre histoire jalonnée aussi de tragédies et de réductions de dettes.
Vous ne pouvez pas ne pas savoir comment s'est constitué l'essentiel de la dette grecque et le piège dans
lequel ce pays s'est trouvé enfermé, comment et par qui les comptes ont
été truqués dès l'origine, quels avantages certaines banques et grands
industriels allemands _mais pas seulement_ ont profité largement là-bas des
largesses accordées par l'UE, sans considération sur ses faiblesses
initiales et les énormes risques qu'elle prenait. Les prêteurs sont
souvent irresponsables, la crise nous l'a appris.
Vous savez que les fonds attribués à la Grèce ne sont jamais arrivés au peuple grec, ou très peu ou très indirectement.
Vous savez que l'austérité érigée en principe est totalement
contreproductive et peut contribuer à faire naître des forces
dangereuses, que votre propre modèle économique,
essentiellement mercantiliste, n'est pas si fort et pérenne que vous
le croyez, qu'il risque d'en souffrir.comme l'ordolibéralisme qui le
sous-tend.
Vous connaissez les pièges dans lesquels s'est enfermé l'Eurogroupe..
Il est urgent de reconstruire un esprit, des institutions
et une monnaie non plus unique, qui ne va, à terme, que dans le sens
de vos intérêts, mais une monnaie enfin commune, sur une base de
solidarité constamment négociée.
Quelques vérités ne sont pas toujours bonnes à dire.
Vous concevrez qu'avant de faire la morale à certains pays (alors qu'il ne s'agit pas de morale), vous devez travailler à l' exemplarité d'une Europe qui file droit sur la voie de la désunion.
Le courage ou le naufrage: voilà
la dilemne qui se présente à votre pays et aux autres.Vous avez
l'autorité pour redresser la barre et mener la barque Europe sur des
eaux plus paisibles et vers des horizons moins orageux.
Veuillez agréer....
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(*)- .... Pourtant conciliante
en privé avec Alexis Tsipras ces dernières semaines, elle n’a pas su
organiser les conditions d’un accord, ni éviter un référendum dont le
résultat négatif prouve le rejet massif par les Grecs de la ligne
austéritaire défendue à Berlin. La chancelière allemande, qui pariait
sur un « oui » permettant d'acculer la gauche radicale au pouvoir à
Athènes, se retrouve prise à son propre piège. La voilà désormais isolée
face aux partisans du « Grexit », toujours plus nombreux en Allemagne.
Les barons de son parti (la CDU-CSU conservatrice) exigent de
couper les ponts avec les insolents dirigeants grecs. Mais, et c’est
plus surprenant vu d’ici, les chefs à plumes du parti social-démocrate
(SPD), l’allié de coalition d’Angela Merkel, ont eux aussi durci leurs
discours. Depuis plusieurs jours, ils multiplient les sorties hostiles,
voire brutales, sur le gouvernement Tspiras. Le président du Parlement
européen, Martin Schulz, qui avait mené la campagne des européennes pour
le parti socialiste européen, a appelé à un gouvernement de « technocrates » et qualifié Tsipras de « démagogue ».
Au point de susciter, lundi 6 juillet, une mini-révolte d’une partie de
la gauche au Parlement européen, qui l'a enjoint de se taire.
Dimanche
soir, sitôt le « non » confirmé, le vice-chancelier allemand Sigmar
Gabriel, celui avec qui François Hollande espérait relancer l’Europe en
cas de victoire du SPD en Allemagne en 2013, a eu des paroles au
diapason de la droite conservatrice européenne. « Tsipras a coupé les
derniers ponts entre la Grèce et l’Europe. […] De nouvelles
négociations sont difficilement imaginables. »
Selon la presse allemande, les responsables sociaux-démocrates, qui
longtemps furent plus conciliants avec la Grèce que Merkel, ont perdu
patience. En difficulté politique, ils ne veulent pas laisser le
monopole de l’intransigeance à la droite. Par ailleurs, les dirigeants
du SPD n’ont jamais digéré la victoire de Syriza, parti qualifié de « populiste » et d’« anti-allemand » par des députés cités par Die Welt...
.... La dirigeante allemande a géré cette crise en boutiquière, sans
souffle ni courage, avec un discours technique, juridique et froid, qui a
semblé gommer toute solidarité et toute compassion, centré sur le
respect des règles européennes, les intérêts de l’Allemagne et la
sauvegarde de l’euro.
Elle a laissé Schäuble, ce ministre des finances intransigeant qui
est aussi un ennemi intime (elle avait évincé ce dauphin potentiel
d’Helmut Kohl), gérer le dossier à coup de tirades à l’emporte-pièce qui
n’ont rien à envier aux saillies d’un Varoufakis, son interlocuteur
grec démissionnaire. Si elle a eu des doutes, comme viennent de le
révéler Mediapart et Libération, en collaboration avec Wikileaks, sur la capacité de la Grèce à rembourser sa colossale dette, elle n’en a jamais fait état. Le petit parti europhobe Alternative für Deutschland (AfD), qui se droitise à vue d’œil et flirte avec les islamophobes de Pegida, menace désormais clairement les plates-bandes de son parti.
Dans la pire des situations politiques, voilà Angela Merkel
contrainte de forcer sa nature politique si elle veut parvenir à un
accord. À moins qu'elle ne laisse la situation pourrir et la Grèce
sortir de l'euro, en opposant au choix démocratique des Grecs la loi de
la majorité des 18 membres de la zone euro. Dans ce cas, elle ne courra
aucun danger et restera populaire dans son pays. Mais aux yeux de
l'histoire, elle risquera de passer pour la chancelière qui a entrepris
de détricoter l'Europe..."(Mediapart)
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