La biomasse a le vent en poupe comme source d'énergie électrique alternative, tout en continuant à assurer aussi, à moindre échelle et sous plusieurs formes, des besoins en chauffage, individuels et collectifs.
Mais il y a biomasse et biomasse...
Les mégaprojets, qui se développent actuellement, en France ou ailleurs, comme à Gardanne, posent des problèmes, jusqu'ici escamotés: (*)
Il ne s'agit pas du traitement des déchets forestiers ou de diverses activités humaines, mais de vastes projets forestiers sur une échelle régionale, parfois avec des dimensions internationales (importations de bois américains en Angleterre, pas exemple). Des critiques locales et administratives se font jour contre des opérations contestables, malgré leurs prétentions greenwashing.
On commence à relativiser ces projets en haut lieu, surtout pratiqués à grande échelle.
Des mégaprojets en question, surtout en cas de coupes à blanc,qui mettent en péril la régénération et la diversification des forêts.
Les effets à long terme ne sont pas maîtrisés et les rendements sont discutables.
L' extension croissante de ces projets, leur passage en mode industriel à grande échelle suscitent la crainte de surexploitation.(..Selon les données de l’université du Maryland (USA) et de Google, rien qu'en 2014, les forêts ont reculé de 180 000 km2 dans le monde (soit environ deux fois la superficie du Portugal). En Asie, en Amérique du sud ou encore en Afrique, ce phénomène affecte les principaux poumons verts de la planète. La forêt amazonienne, qui est l'une des trois plus grandes forêts primaires du monde, a ainsi perdu en 40 ans environ 800.000 km2 (soit près d'1/7ème) de sa superficie. L'élevage est la principale cause de ce problème..)
Ces puits à carbone vitaux que représentent les forêts n'ont pas qu'un intérêt esthétique.
Ce qu'il nous reste de forêts, en déclin surtout dans certains pays, doit nous amener à mieux poser, à long terme, le problème fondamental d'une sylviculture raisonnée.
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(*) Ce type de centrale se multiplie dans le monde, avec le soutien des politiques de transition énergétique et de réduction de l’usage des énergies fossiles, très émettrices de gaz à effet de serre, et donc cause majeure de dérèglement climatique. En Europe, les producteurs d’électricité ne bénéficient plus d’allocations gratuites de quotas de CO2, ce qui plombe la rentabilité des centrales à charbon. EON a occupé les unes de la presse internationale début décembre en annonçant sa réorganisation autour d’un pôle « énergies renouvelables ». La France est l’un des théâtres de cette reconversion industrielle. Quant à la combustion de bois, le sujet a éclaté médiatiquement avec la sortie de Ségolène Royal contre l’interdiction des feux de cheminée au nom de la défense de la filière bois-énergie. Tout semblait donc réuni pour que la centrale d’EON devienne un symbole de la révolution énergétique made in France.
Et pourtant, l’installation promet plutôt d’incarner les incohérences, apories et dérives d’une transition énergétique mal jaugée et non maîtrisée, à force de vouloir à tout prix concilier des intérêts contradictoires. À quelques mois de son ouverture officielle, le site Provence 4 ne semble pas reposer sur un modèle économique et environnemental viable à long terme.
... son rendement énergétique est faible : 36,8 % d’efficacité nette. En valorisant sa vapeur (la chaleur est récupérée pour chauffer un site industriel, des serres ou une ville), elle atteint péniblement 44,7 % d’efficacité nette. Très concrètement, cela signifie que pour dix arbres coupés, au moins cinq ne servent à rien. Pas terrible, et surtout insuffisant pour bénéficier du tarif d’achat qui garantit le prix de vente des électrons à EDF pendant 20 ans. Dans son appel d’offres, la CRE conditionne le bénéfice de cette aide : « Seules les installations pour lesquelles l’efficacité énergétique est supérieure ou égale à 60 % sont admissibles à cet appel d’offres. »
Mais la commission a prévu une dérogation pour la région PACA, « à titre expérimental », si « un candidat fait la preuve que son projet contribue à améliorer la sécurité d’alimentation en électricité de la région ». Ça tombe bien, c’est justement là qu’EON veut sortir son unité biomasse. EON se glisse dans la brèche et emporte l’appel d’offres pour sa centrale, à 115 euros le mégawatt/heure (MWh) payé par la CSPE, c’est-à-dire par nos factures d’électricité. Au total, l’aide représente environ 70 millions d’euros sur 20 ans. France nature environnement (FNE) proteste : « Trop gros, avec un rendement médiocre, payé cher, Gardanne a tout d'une erreur majeure ! » Pierre-Marie Abadie, directeur de l’énergie au ministère, n’est pas loin de partager cette analyse devant les sénateurs, : « Il y a toutefois eu au moins une exception célèbre avec le dossier de Gardanne. L’électrique pur ne représente que 35 % d’efficacité énergétique. C’est un désastre en termes d’utilisation de la ressource. »
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