Versailles: nn Traité mal géré [Quelques rappels...]
Tout commença à Sarajevo, selon la vulgate officielle, qui signa le
début d'un marche somnanbulique vers un inconnu infernal.
L'hitlérisme.devait naître des ruines d'un engrenage tragique, d'un
affrontement inouï, sans merci et sans pitié. d'une hécatombe inédite
qui fit changer de siècle.
Pour Wilson, ce traité devait être le fondement de la paix
Pour Foch; la guerre n'est pas finie
Le Traité de Versailles, considéré comme bâclé, fut vite l'objet de multiples critiques (*)
Le problème des réparations fut au coeur des débats
L' article 231 du Traité stipulait que Les Gouvernements alliés et associés déclarent et l’Allemagne
reconnaît que l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les
avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les
Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de
la guerre, qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de
ses alliés.
Certains, comme l'économiste Keynes estima « que la campagne pour faire payer l’Allemagne, l’ensemble des
frais de la guerre était l’un des actes les plus graves manquant de
sagesse politique..» et
qualifia le traité de « paix carthaginoise » qui affecterait
économiquement toute l’Europe ». Keynes déclara que les sommes des
réparations du traité « dépassaient généralement la capacité de
l’Allemagne » à payer.
Une dette dont le plan Young ne fera que prolonger l'issue. Avant les entorses de 1953 et 1990.
Les deux crises économiques, l'arrivée de Hitler au pouvoir, suspendirent les engagements.
Si les alliés avaient désarmé l'Allemagne, au motif qu'elle était la seule coupable, il avaient contribué à son réarmement moral et laissé
intacte l'industrie tournée vers le réarmement
Les crises qui suivirent, la première, mais surtout la dernière, d'une rare violence, avec l'entêtement de Brüning, favorisèrent l'ascension problématique puis fulgurante d'un système dictatorial
Les capitaux américains permirent un redémarrage de l'économie. Mais
l’Allemagne, en particulier, dont les crédits américains alimentaient
l’industrie, fut à son tour durement atteinte dès décembre 1930,
présentant des symptômes de crise analogues à ceux des États-Unis » taux
de chômage de 17,5 %, recul de 40% de la production manufacturière,
effondrement des prix...
( L’historien américain Stephen Schuker fit valoir que les Allemands
reçurent autant de prêts américains (qu’ils ne remboursèrent jamais) que
l’Allemagne ne paya de réparations. En effet, Schuker nota qu’entre
1921 et 1931, l’Allemagne avait payé 19,1 milliards de marks de
réparations, et dans le même temps, elle contracta 27 milliards de marks
de prêts envers les États-Unis, sur lesquels l’Allemagne fit défaut en
1932.)
L’occupation de la Ruhr, contestée,écourtée et inutile, donna lieu à de multiples incidents.
Le premier ministre français Raymond Poincaré était extrêmement
réticent à ordonner l’occupation, et n’avait pris cette mesure qu’après
que les Britanniques eurent rejeté ses propositions de sanctions plus
modérées contre l’Allemagne. Les socialistes tentent de démontrer les
dangers d’une occupation. Clémenceau s’y opposait et le Maréchal Foch
parlait d’un “terrible nid de guêpes” où la France avait mis la main.
Poincaré était sous pression, car la France avait besoin de l’argent
allemand pour rembourser sa dette envers les États-Unis et l’Angleterre.
La France et la Belgique tentèrent donc de faire respecter par la force
les obligations financières qui étaient imparties aux vaincus par le
traité de Versailles avant de commencer leurs propres remboursements.
Rappelons enfin que, selon le traité de Versailles, l’Allemagne
devait payer aux alliés 20 milliards de marks-or (MdMo) avant mai 1921
puis 5 milliards d’ici le 31 décembre 1922, soit 25 MdMo. Elle n’en a
versé en fait que 7,5 puis 2,9 MdMo, soit 10,4 MdMo, somme sur laquelle
la France n’a touché que 2 MdMo environ en raison de la priorité de
remboursement belge.
__La conférence de Lausanne annula le plan Young
____ Le montant réellement payé par L'Allemagne
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(*) __ Jacques Bainville, dans un petit essai prophétique : Les conséquences politiques de la paix
(1920). L'historien français démontre avec brio que les clauses
politiques du traité de Versailles contiennent les germes d'un autre
conflit. Suite au remodelage de l'Europe centrale, «il reste
l'Allemagne, seule concentrée, seule homogène, suffisamment organisée
encore, et dont le poids, suspendu sur le vide de l'Europe orientale,
risque de faire basculer un jour le continent tout entier», écrit-il, rappelons-le, dès 1920. Il résume la paix de Versailles dans une formule cinglante et juste : «Une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur et trop dure pour ce qu'elle a de doux».
Son analyse est reprise par l'historien René Grousset dans Bilan de l'Histoire (1946) : «La
seconde Guerre de Trente Ans était commencée. La plupart des
contemporains ne s'en rendirent pas compte, parce que le Traité de
Versailles leur parut achever la ruine de l'impérialisme allemand. Par
quelle aberration fallut-il que nos alliés anglo-saxons, consacrant au
contraire à Versailles l'oeuvre de Bismarck, maintinssent intacte
l'unité allemande ou plutôt qu'ils prissent soin de la renforcer encore,
car la suppression des autonomies provinciales ne pouvait avoir d'autre
résultat ? Et devant cette Allemagne plus unifiée que ne l'avait jamais
été celle du Chancelier de fer, ils servirent, morcelés à souhait, des
États danubiens sans lien fédéral, auxquels s'attaquait déjà la
propagande de l'Anschluss. La grande voix du maréchal Foch s'éleva
vainement contre ces erreurs, génératrices de tant de prochains
massacres».
Plus près de nous, Margaret MacMillan, historienne canadienne, nous
offre un point de vue plus distancié mais tout aussi passionnant sur les
traités de paix avec : Les artisans de la Paix (2006).
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