La peur. La peur profonde,
la peur généralisée, celle qui paralyse et fait sombrer la raison.
Celle qui affaiblit ou abolit toute analyse, parfois tout bon sens.
Celle qui peut nous pousser à l'exaspération meurtrière et à des divisions fatales.
C'est clairement la but recherché par les groupes meurtriers radicalisés ici et là en Europe et ailleurs, se réclamant d'un islam radicalisé sur la voie d'un recul sur le terrain, donc d'autant plus exaspéré..
Créer les conditions d'un état d'insécurité, générateur de tensions sociales, voire de facteurs de guerre civile, c'est sans doute ce qui est visé.
Plus que la peur ordinaire, qui fait partie de la texture de toute vie, cette peur, si l'on n'y prend garde, peut nous déstabiliser.
L'effroi, surgissant de l'innommable, de l'inhumain soudain dans nos murs, celui qui s'est installé sur le terrain conquis par Daech, comme celui qui régnait durant la guerre civile algérienne, d'une toute autre ampleur, cet effroi nous glace..
La peur, la grande peur, semble revenir hanter nos esprits, même si elle reste ponctuelle.
Ne pas céder à l'effroi reste un défi, par delà les amplifications , les lancinantes répétitions médiatiques, les récupérations bassement politiques. Sortir du bain de la terreur demande de la force, comme certains le font, parfois proches des victimes.
Car la peur est le terreau de l'asservissement. et peut nous mettre sur le chemin de la demande d'ordre à tout prix, de la dictature. Plus vite qu'on ne l'imagine.
D'autant qu'elle est en partie surévaluée et fantasmés, comme la Grande Peur de 1789..
Les épidémies et les pestes au Moyen Age.ont longtemps laissé des traces profondes.
La peur est plurielle et constitutive de notre existence, prête à prendre de l'ampleur en certaines occasions et à jouer contre nous.
Ce n'est pas la peur qui pose problème, comme le reconnaissait Spinoza, lui-même finalement exclu de sa communauté, mais notre capacité à la maîtriser par la raison, individuellement, mais surtout collectivement.
Il y a la peur qui stimule l'alpiniste ou le combattant, mais il y celle qui fige et entraîne les pires abandons, les pires régressions.
Dans les périodes où gagne la panique, il est toujours bon de se rappeler les paroles de Roosevelt: ...Permettez-moi d'affirmer ma ferme conviction que la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même — l'indéfinissable,
la déraisonnable, l'injustifiable terreur qui paralyse les efforts
nécessaires pour convertir la déroute en marche en avant. Lors de
chacune des noires heures de notre vie nationale, un franc et vigoureux
commandement a rencontré cette compréhension et ce soutien du peuple
même qui sont essentiels à la victoire. Et je suis convaincu que de
nouveau vous lui donnerez votre soutien en ces jours critiques...
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