dimanche 5 février 2017

Champagne!

Wall Street exulte.
                C'est la fête dans les hauts-lieux de la haute finance mondialisée.
                             L'avenir est de nouveau ouvert à plein de lucratives perspectives.
                                      Les loups de Wall Street sont lâchés.
     On avait voulu, si peu, réguler leurs pratiques pas toujours orthodoxes (pour utiliser un euphémisme), qui nous ont menés, avec la complicité des Etats, là où l'on sait.
    Voilà que Trump n'a pas tardé à leur faire plaisir, en se proposant de détricoter la régulation financièrere, qui avait été mise en place (très partiellement, pour parer au plus pressé), après l'ouragan de la crise de 2008.
     Obama ne s'était pas privé des conseils de Goldman Sachs, mais le nouveau Président veut leur ouvrir toute grandes les portes, quitte à se contredire.
     On avait cru comprendre que la régulation, même marginale, n'était pas seulement utile, mais nécessaire, comme l'avait parfaitement dit Roosevelt en sa période troublée...
     Deux dispositions sont particulièrement dans le viseur de M. Trump. Il s’agit d’abord de s’attaquer à la règle dite « Volcker ». Ce texte interdit notamment aux établissements bancaires de pratiques  la spéculation pour leur propre compte. Elle prévoit aussi de fortes restrictions de la détention de participations dans des fonds spéculatifs ou des fonds de private equity (investis dans des entreprises non cotées en Bourse ). L’objectif principal consiste à éviter le financement d’actifs risqués par des dépôts garantis par l’Etat fédéral.
       On a toutes les chances de s'attendre assez vite à un retour prochain de nouveaux excès bancaires et à une nouvelle crise, qui n'est pas exclue, dans le désordre financier mondial.

             ...Quinze jours à peine après s’être installé à la Maison Blanche, Donald Trump a commencé son travail de démolition de la régulation financière . D’un trait de plume, il a engagé, vendredi 3 février, le processus d’annulation de tous les dispositifs adoptés après la crise financière de 2008, en signant deux ordres présidentiels (« executive orders »), dont il use et abuse depuis son installation.  
   Sans attendre, Donald Trump a décidé de s’attaquer à la réglementation la plus symbolique de l’après-crise financière : lloi Dodd-Frank, adoptée en 2010 pour encadrer un peu mieux les activités bancaires et financières. Bien que très limitée par rapport aux ambitions initiales affichées par Barack Obama lors de son accession au pouvoir, celle-ci est encore jugée insupportable par Wall Street, les banquiers ne rêvant que d’une chose : revenir à l’ordre – ou plutôt au désordre – ancien, qui a mené le monde à la catastrophe.
   Dans la foulée, Donald Trump a lancé l’annulation de toute la réglementation, adoptée elle aussi après la crise de 2008, censée protéger les consommateurs et les épargnants contre les pratiques abusives de la finance et les produits toxiques comme les subprimes, par exemple. Les textes imposant notamment aux conseillers financiers de recommander aux fonds de pension des investissements « dans l’intérêt de leurs clients » vont être abolis, car trop contraignants pour la finance.
   ...La sénatrice démocrate Elisabeth Warren, qui a été très en pointe dans le combat pour la régulation financière, a immédiatement réagi à cette décision : « Donald Trump a beaucoup attaqué Wall Street pendant sa campagne, mais en tant que président, nous découvrons de quel côté il est réellement. […] Les banquiers de Wall Street et les lobbyistes qui, par leur cupidité et leur inconscience, ont presque détruit le pays peuvent sabler le champagne. Mais le peuple américain n’a pas oublié la crise financière de 2008 et il n’oubliera pas ce qu’il s’est passé aujourd’hui. » 
   Les marchés, eux, ont applaudi l’annonce. Toutes les valeurs financières et bancaires étaient à la hausse vendredi. Les analystes et les commentateurs boursiers se félicitaient de cette mise à bas programmée de la régulation financière, laquelle annonce des lendemains qui chantent pour la finance.
      C'est la fête dans les salons feutrés des grandes banques
                "L'association bancaire ABA a salué une initiative qui "devrait permettre de libérer le pouvoir de l'industrie bancaire", tandis que le Financial Services Roundtable, le lobby des grandes banques, va travailler avec la nouvelle administration sur des réformes "constructives".
    "C'est une trahison d'une de ses promesses de campagne, en l'occurrence faite à ceux qui ont été saignés par Wall Street et qui constituaient le pilier de sa base électorale", fustige en revanche Bartlett Naylor, de l'association de défense des consommateurs Public Citizen.
   Donald Trump avait axé sa campagne sur le rejet des élites, symbolisées notamment par les banquiers dont l'impunité supposée est régulièrement dénoncée aussi bien à gauche qu'à droite de l'échiquier politique américain. "
         C'est reparti comme en 14...
                      ... Le président Trump a signé un autre décret visant la règle fiduciaire qui oblige les conseillers financiers à agir dans l'intérêt de leurs clients. Cette règle devait entrer en vigueur en avril, mais elle sera reportée, en attendant son réexamen. "Revenir sur cette règle montre que l'administration Trump est du côté de Wall Street", a réagi l'ONG Public Citizen.
    Le sénateur démocrate Charles Schumer a protesté affirmant que "le président Trump qui avait promis de tenir tête aux grandes banques, leur permet maintenant d'écrire le code de la route". Il a assuré que les démocrates "feront tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas abroger" la loi Dodd-Frank."
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