jeudi 4 mai 2017

Le nucléaire demain

Quelques notes sur un problème escamoté                             
                                                        On en parle, mais si peu et si peu souvent.
                             Dans les échanges qui animent la campagne présidentielle, le nucléaire et son avenir ne sont abordés que marginalement et occasionnellement, il n'est pas au cœur des débats
   Alors que des choix importants se profilent devant nous, au coeur de la question de la nécessaire transition énergétique, si souvent retardée.
    Le problème est loin d' être seulement technique. Il est fondamentalement politique, comme le choix initial fait sous Messmer. Dès son début, dans son développement et ses prolongements.
       L'Allemagne a fait un choix, comme d'autres pays d'Europe. Choix parfois difficile et problématique, qui se situa dans le sillage de l' effet Fukushima.
    Des effets d'annonce n'ont pas abouti à des tournants décisifs, comme dans les débats un peu vides sur la fermeture de certaine centrales vieillissantes.
   C'est peu dire que l'avenir du nucléaire en France est incertain 
      Le lobby nucléaire a paralysé l'urgente transition énergétique.
 Les débats sur l'avenir de cette question citoyenne n'ont pas eu lieu ou restent confinés à certains cercles, étant donné, notamment, les intérêts en jeu.
   Et pourtant, le temps du démantèlement est venu ou viendra très vite pour nombre de centrales, une opération lourde de conséquences financières et de choix douloureux, faute d'anticipation, de provisions pourtant annoncées, de préparations scientifiques et techniques.
     La France est le pays le plus dépendant de l’énergie nucléaire au monde : l’atome représente 75% de sa production électrique. Pourtant, aucun réacteur français n’a jamais été complètement démantelé, même ceux fermés depuis plus de trente ans. Un rapport d’une mission parlementaire paru le 1er février accable EDF (Electricité de France), qui aurait largement sous-estimé les coûts et la difficulté de la déconstruction de ses centrales nucléaires.
      « La mission d’information a abouti à un certain nombre de conclusions qui tempèrent fortement l’optimisme des responsables d’EDF qu’elle a pu rencontrer. » Voilà, en substance, le message lancé par les parlementaires qui ont rédigé le rapport d’information sur la « faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires ».    En cause : la sous-évaluation des coûts et des difficultés techniques des opérations. Certains postes de dépenses ne sont même pas pris en compte dans les prévisions d’EDF, comme la remise en état des sols après le démantèlement des centrales, pourtant obligatoire selon la loi, ou encore le coût social du démantèlement (licenciements).   L’entreprise a promis que les comptes qu’elle présenterait le 14 février ont été modifiés selon les recommandations de la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC) formulées l’année dernière. Mais le rapport du 1er février construit sur la base de six mois d’enquêtes demeure alarmant...Le rapport parlementaire reproche à EDF d’avoir calculé l’ensemble des coûts de démantèlement de ses réacteurs à eau pressurisée (REP) sur le modèle de la centrale de Dampierre. Or, la diversité des situations ne permet pas d’extrapoler un coût total à partir d’un seul cas particulier – même si l’électricien s’est défendu, affirmant que les comptes qu’il présentera le 14 février seront ajustés en fonction des spécificités propres à chaque réacteur.  Le physicien nucléaire Bernard Laponche, qui a été interrogé par la Commission parlementaire, le rappelle : « en France, on n’a encore jamais fini de démanteler un réacteur ». La comparaison internationale apparaît donc comme le seul moyen d’anticiper le coût des démantèlements. Au niveau européen, les exploitants mettent généralement de côté entre 900 millions et 1,3 milliard d’euros par réacteur à démanteler. EDF, par contre, ne provisionne en moyenne que 350 millions d’euros par réacteur.  Exemple marquant de la probable explosion à venir de la facture du nucléaire français : la centrale de Brennilis (Finistère). Ses réacteurs à eau lourde ont fonctionné pendant moins de deux décennies. Leur démantèlement, en cours depuis plus de 30 ans, a vu son coût multiplié par 20 par rapport aux prévisions initiales d’EDF comme le constatent les parlementaires....
        Un dossier récent du Monde explore les entrailles du démantèlement nucléaire et donne une idée de l'immense chantier qui nous attend.
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