vendredi 5 mai 2017

Point de bascule?

Points de vue à J-2.
                               Jours incertains.
                                                     Alea jacta est! Ce sera le jeune homme aux yeux bleus, le plus vraisemblablement, celui à qui profiten la crise, l'effondrement d'un système qui semble usé, et qui semble symboliser pour certains un renouveau tant attendu.
   Mais pour beaucoup, aller aux urnes se fera sans gaieté de coeur. Un choix à reculons, pour éviter ce qu'ils estiment le pire.
      Jamais on ne vit de tels déchirements, la possibilité d'un tel choix négatif, sur fond de crise alimentant des colères le plus souvent légitimes, des colères ne résistant pas à l'appel de celle qui sait habilement capter et faire siennes des revendications de la gauche, quitte à tordre la réalité et à se contredire. A son profit. Sans cohérence ni convictions de fond, mais avec un certain succès.
             Un écartèlement, pour beaucoup, une situation qui tient du supplice , comme le dit Laurent Mauduit, au nom d' une gauche qui s'estime trahie par ceux qui ne portaient plus depuis longtemps que l'étiquette d'un mouvement prétendant encore, du bout des lèvres, se réclamer de Jaurès.
     C'est, estime-t-il, l'agonie du socialisme français dont Emmanuel Macron est en quelque sorte la borne témoin. Il symbolise à lui tout seul ce que ce quinquennat a charrié de pire. Il en est le symbole d’ailleurs à un double titre. D’abord, c’est lui qui a mis en œuvre ou porté quelques-unes des réformes les plus réactionnaires de ce quinquennat, mettant le plus gravement en cause le modèle social français. Ensuite, il est l’un de ceux qui symbolisent aussi de la manière la plus caricaturale qui soit l’adaptation des élites socialistes aux puissances de l’argent, leur intégration dans le système oligarchique français. Ces élites oligarchiques qui d’une alternance à l’autre, sous la gauche comme sous la droite, ont passé près de trente ans à répéter qu’il n’y avait qu’une seule politique économique et sociale possible : la politique économique néo-libérale.....chaque jour, le candidat d’En Marche semble s’appliquer à être la caricature de lui-même et à donner de nouveaux arguments à ceux qui n’ont pas voté pour lui au premier tour de ne surtout pas le faire au second. Et chaque jour, face à l’inconstance de la candidature Macron, face à ses aspects repoussants, on peut craindre que la victoire de l’extrême droite ne devienne possible. En 2002, elle semblait impossible ; aujourd’hui, il serait dramatiquement irresponsable de l’exclure. Bref, l’extrême droite est cette fois-ci bel et bien aux portes du pouvoir, ce qui n’était pas encore le cas en 2002...
                  Le dernier débat présidentiel, (mais s'agissait-il d'un débat?), ils sont beaucoup à l'avoir jugé piètre et indigne.
    D'un côté l'ironie mordante, l'attaque, les approximations et les coups bas. De l'autre, des généralités vagues, un posture restant volontairement dans le  flou sur le social, des propositions (quasi) inapplicables.
      Faire barrage au FN, ou le prétendre, fort bien. Mais on s'en est accommodé assez cyniquement depuis les années 80, pour l'utiliser comme repoussoir utile. Mais il fallait lutter contre l’origine du mal. Et l'on risque fort de l'alimenter encore en faisant le choix du partenaire de Marine, si la politique néolibérale continue  à produire les mêmes effets, si les institutions européennes ne connaissent pas une refonte rapide et radicale..
     Les enjeux apparaissent comme cruciaux pour certains, parlant de tenaille électorale, une tenaille dans laquelle nous sommes pris (que certains qualifient de « chantage »), nous ramène un cran au-dessous de la politique : nous sommes confrontés au politique tout simplement, à la question de la cité. Il y aurait effectivement « chantage » si ce scrutin était uniquement interprété en termes de choix d’une politique plutôt que d’une autre, et il appartiendra à Emmanuel Macron, s’il est élu, de se garder de cette interprétation (ne serait-ce que parce qu’elle lui serait politiquement coûteuse). Mais il y a, de toute façon, tenaille parce que le choix de dimanche concerne le soubassement même de l’objet politique, la manière dont il est conçu. Se sentir forcé de choisir un programme n’est pas la même chose que se sentir obligé de réaffirmer le moment politique républicain : la force est subie de l’extérieur, l’obligation est un devoir que l’on s’impose à soi-même. Cette réaffirmation n’invalide en rien l’opposition ultérieure à un programme, elle la rend plus exigeante même, mais elle n’est pas sur le même plan."
   Un passage périlleux, un dilemme, un voyage au bout du ni-ni.
           Mais on ne peut voter gris et on sait à qui profiterait le refus de vote. Le point de vue politique à long terme passe avant les choix moraux du moment. D'un côté, la réversibilité sera théoriquement toujours possible, surtout après les élections législatives et les recompositions qu'elles engendreront, de l'autre, c'est beaucoup moins sûr...
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- Opinion.
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