mardi 21 novembre 2017

L'ïle enchantée

Enfin seuls!
                 On y pense depuis longtemps:
         Construire ou reconstruire un monde nouveau, une humanité régénérée, dans un lieu à l'écart, si possible sur une île, où de nouveaux rapports humains pourraient être instaurés. Pour une vie rebâtie sur de nouvelles bases, un monde idéal. 
    Depuis Platon, en passant pas la Renaissance, notamment chez Thomas More, cette nostalgie surgit périodiquement sous des formes diverses, surtout dans des périodes jugées troublées, avec des appellations diverses: Ile des Bienheureux, îles Fortunées....
     Une aspiration qui se fait jour aujourd'hui du côté de la Silicon Valley, qui serait un lieu parfait si les mastodontes qui dominent le monde pouvaient coexister en toute harmonie, loin des masses médiocres qui ne veulent pas travailler, des pauvres qui puent,
     Loin surtout du pouvoir politique, cette anomalie qui n'existe qu'en spoliant les plus méritants, ceux qui ont fait fortune à la sueur de leur front. Ce Léviathan qui taxe, qui impose, qui fait de la redistribution néfaste pour le dynamisme économique, qui enfreint par ses lois la liberté totale d'entreprendre. Les paradis fiscaux ne suffisent pas à échapper aux contraintes néfastes de l'Etat.
     Bref, il s'agit de créer un entre-soi parfait.
         Un monde ultralibéral enfin réalisé. Un monde libertarien tel que Hayek n'aurait pas osé y penser.
   Ici le paradis sera autogéré et il n'y régnera que complicité, luxe, calme et volupté...
 Ce serait l'univers exclusif des happy fews, des self made men des nouvelles technologies et des start-up qui ont grandi à la force des neurones. Bref, un hâvre de paix mérité.
     Un des têtes pensantes, Peter Thiel, ne manque ni d'idées ni d'audace.
Un milliardaire veut créer une île, flottante et libre,  pour des libertariens enfin comblés,, pour ceux qui le méritent.
    Le créateur de Paypal fait rêver les plus grands.
       Quand 1% de la population détient la moitié de la richesse mondiale, c'est exaltant, quoi qu'en dise le  FMI. La pauvreté des uns fait la jouissance des autres...Une jouissance qui pourrait bien un jour durer sans fin si l'homme augmenté numérisé parvient à l'éternité.
  Le petit-fils de Milton Friedman projette déjà la construction d'îles flottantes parfaitement autonomes:
                         «Il y a tellement de choses importantes et enthousiasmantes que nous pourrions faire, mais nous en sommes empêchés parce qu’elles sont illégales», déplorait Larry Page, fondateur de Google. C’est exactement ce à quoi Patri Friedman envisage de répondre, et ce n’est pas anodin que ce trentenaire ait fait ses premiers pas dans la vie professionnelle comme ingénieur logiciel chez Google. C’est à l’intention de ces patrons, dans le but de se débarrasser de tout carcan gouvernemental, pour innover à plein tube sans qu’une loi ou un impôt ne vienne les contraindre, que Friedman veut créer des cités autonomes, sans État, sur la mer. Patri Friedman est issu d’une lignée d’économistes pour lesquels la liberté ne doit avoir aucune limite. Ses grands-parents, Milton et Rose Friedman, sont d’ardents défenseurs du libéralisme, qu’ils ont théorisé jusque dans ses pires vices, comme le chômage naturel. Son père, David Friedman, promeut une forme d’anarcho-capitalisme, où les lois, l’ordre et l’État deviendraient des produits privatisés. «L’influence de mon grand-père est génétique», explique Patri Frideman. «Nous sommes tous deux petits, et de fervents libertariens.» Le petit-fils est même plus radical que son aïeul, puisqu’il préfère la suppression pure et simple de l’État, ce qu’il entend bien réaliser dans des cités offshore. C’est ainsi qu’il a fondé le Seasteading Institute, dans le but de rassembler des financements, et négocie actuellement avec le Honduras, qui pourrait envisager l’installation du projet au large de ses côtes. Un choix logique, puisque ce pays est dirigé par une droite ultralibérale, à la suite d’un coup d’État de l’armée qui a déposé Zelaya en 2009. Mais l’idée première de Patri Friedman était d’installer sa cité flottante dans la baie de San Francisco, puisque les libertariens sont plus qu’intimement liés à la Silicon Valley, cette oasis technophile coupée des réalités sociales où règnent l’ultra-individualisme et la recherche de la rentabilité à tout prix. D’ailleurs, dans l’esprit de Patri Friedman, parce qu’elle gagne des milliards de dollars, Google n’est-elle pas mieux gérée que les États, lourds et endettés ? «J’ai la vision de dizaines de millions de personnes qui vivraient dans des pays Apple ou Google. Les géants des nouvelles technologies gouverneraient et leurs résidents n’auront pas le droit de vote. Si les gens sont libres d’aller et de venir, on peut développer des dictatures à succès», explique Friedman. Car si la liberté d’entreprendre ne doit pas avoir de limite, ces libertariens ne sont pas de grands démocrates. «La liberté n’est pas compatible avec la démocratie», assène même Peter Thiel, devenu milliardaire pour avoir créé PayPal et principal mécène de Patri Friedman, en plus de financer des recherches pour devenir immortel...
           Et si les pauvres ont envie d'être riches, il suffit qu'ils travaillent...Ce n'est pas bien compliqué.
               Donc tout le monde pourra  accéder à ce rêve nouveau, régénéré, où tout sera possible, même la vie éternelle...
                        Amen!
                            Jusqu'où peut aller l'art d'ignorer les pauvres!...               
                                                                                                    Des projets qui font rêver ou frémir?...

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