vendredi 21 septembre 2018

Paradoxe en macronie

Macronie en marche
                                    Le mythe de la disruption
        Malgré la baisse de sa cote, le Président maintient le cap et reste fixé sur sa mission, qu'elles que soient les critiques, même à l'intérieur de ceux qui sont en marche, certains estimant suivre  trop docilement le premier de cordée. Le contraire eut étonné. Le club est déjà traversé par des tensions attendues.
      Passera-t-il le cap fixé? L'ascension n'est pas sans péril, celle qui va vers les voies d'un libéralisme bien français, dont on trouve les éléments chez Crouzier,  Un libéralisme d'homme pressé, déterminé à passer en force, sans le faire voir. Attaquer la face Nord du changement social, avec des mesures qui ne sont pas toujours très claires et non exemptes de contradictions et de brutalités feutrées pour le penseur de l'en même temps. Une  façon d'avoir deux fers au feu.
   Une entreprise qui repose sur une grande vulnérabilité électorale, le péché originel, et qui amène son auteur à naviguer entre autoritarisme et libéralisme.
    Une recomposition qui comporte ses excès et ses fragilités.
       La disruption a ses limites et ses effets pervers, devenu un mantra non anodin, dont on connaît des précédents. Une idée ambiguë, dont les effets seraient positifs en eux-mêmes, selon une idée naïve de l'idée de progrès et de modernité.. Un défi lourd de conséquences, pensé à court terme.
        Dans son livre Dans la disruption (Les Liens qui libèrent éditions, 2016), Bernard Stiegler met en lumière un autre danger de la « disruption » : pour le philosophe, les stratégies d’innovation par la rupture sont une forme de barbarie « soft », en ce qu’elles détruisent les structures sociales à une allure toujours plus rapide. Les individus et les sociétés ont besoin de temps pour se structurer, temps qui est justement l’ennemi de l’économie de marché.
    Un système de pensée qui s'engage en fait sur la voie d'une certaine privatisation du politique.
             Le macronisme, c’est l’idéologie managériale étendue au politique. C’est le rêve de tous les hauts fonctionnaires réformistes étant passés par le secteur privé après s’être épuisés à produire des rapports dont personne ne tenait compte : mettre en avant les décisions prises en petit comité et les exécuter sans trop tenir compte des débats parlementaires ni des réactions syndicales. C’est un libéralisme par l’État qui voudrait passer en force. Au demeurant, le projet de révision constitutionnelle de 2018 a bien pour objet de réduire la fonction tribunicienne du Parlement. C’est une nouvelle interprétation économiste de la Ve République qui la présidentialise encore un peu plus alors même que les élections de 2017 ont montré l’intensité des demandes pour une démocratie horizontale et participative.
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      ...Le macronisme est très vite sorti de son projet fondateur de participation et de modernité horizontale pour jouer la carte du pouvoir vertical et de la hiérarchie. Mais d’une hiérarchie moderne, managériale, organisant la coupure entre un pouvoir très concentré dans les entourages élyséens ou primo-ministériels en haut et les acteurs chargés « en bas » de la mise en œuvre des politiques publiques quitte à leur laisser une marge de manœuvre opérationnelle. Le macronisme, c’est le modèle « corporate » des grandes entreprises appliqué au politique. Le problème est que le monde politique est plus complexe que celui des affaires. Il en résulte deux conséquences négatives. L’affaire Benalla vient en illustrer la première : on est dans l’entre-soi et les relations interpersonnelles avec tout ce que cela peut susciter de suspicions mais aussi de dérèglements potentiels de l’État de droit. La seconde n’a pas tardé non plus : la révolte institutionnelle du local qui se traduit par les démissions en cascades des maires de petites communes qui ne veulent plus être instrumentalisés et perdre toute autonomie réelle de décision...
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