mercredi 26 décembre 2018

Urgence

Il y a urgence
                 Dans les urgences.
                 Mais pas seulement. C'est un ensemble. Le problème n'est pas nouveau, mais il s'aggrave avec les dérives du système hospitalier et les déficiences de la médecine de ville.
       Dans leurs critiques de ce que le système des urgences est souvent devenu, et qui aurait pu être évité, certains ne mâchent pas leurs mots.

  Le Sénat lui-même pointe les dysfonctionnements et souligne l'urgence de réformes de fond.
 L'hôpital, ce n'est pas nouveau, est en crise
Il ne tiendrait que par des bouts de ficelles même s'il garde encore de beaux restes, par rapport à d'autres pays comparables.
  Le Hirsch-management continue, sous la houlette purement comptable de Bercy.
    L'asphyxie guette.
      Qui se penchera enfin sur ce grand corps malade

  •     Une question de priorité....Et d'humanité.  On parle d' investir massivement dans la défense nationale, mais qu'en est-il de la justice en déshérence ou de la santé publique, qui n'a pas de prix, même si elle a un coût.   Voudrions-nous suivre les pas de nos voisins anglais?
     
  Quel praticien se penchera sur le lit du malade, qui a besoin d'un traitement de fond, comme l'affirment mille médecins, certains depuis des années, comme le clame régulièrement le Pr Grimaldi, depuis qu'un remède inadapté lui a été administré par des gestionnaires à courte vue?
   La pression sur l’hôpital public est devenue intolérable, pour le personnel et forcément pour les patients. Le gouvernement rabote sur les sommes qu’il doit verser aux hôpitaux au titre des missions d’intérêt général, et il met toujours plus haut la barre des économies requises : 1,1 milliard d’euros en 2017, 1,6 milliard en 2018. Ces objectifs concourent à la dégradation des conditions de travail des personnels soignants, soumis à des cadences infernales et mal rémunérés. Résultat : l’hôpital public est fragilisé, à bout de souffle."
    Le client patient devra-t-il bientôt venir pour une hospitalisation avec ses compresses, comme en Grèce, ou avec ses gants de soins, comme cela s'est déjà produit chez nous.
   Le système est à bout de souffle, comme en psychiatrie, comme dans les Ehpad, comme on l'a vu récemment.
   Le rabot budgétaire dénature les système, hanté par la performance, dans l'esprit du new public management, emprunté au monde de l'entreprise, qui aboutit à un esprit d'autofinancement impossible et finalement ruineux par multiplication des actes.
   On dérive vers un management sans ménagement pour les valeurs humaines qui doivent être au coeur du système hospitalier. Un chirurgien qui enchaîne de plus en plus d'interventions sans temps de repos, l'infirmière qui court d'un service à l'autre sans pouvoir parler avec ses patients, une concertation de plus en plus rare au coeur du personnel ne peut que créer frustrations et pire. La négation même de la fonction de soignant.
     La réforme de l'hôpital public menée depuis trente ans s’inscrit dans la lignée du nouveau management public qui vise à faire de lui une entreprise comme les autres, au mépris de son histoire et des valeurs portées par ses agents....Depuis le début des années 1980, les réformes mises en œuvre ont contribué à la dégradation des conditions de travail des personnels (chronométrage, standardisation des tâches, etc.) et a suscité leur opposition. Mais, les pouvoirs publics sont restés sourds à leur colère, préférant maintenir le cap plutôt que de tenter de réformer autrement. La dernière loi dite HPST du 21 juillet 2009 en constitue un exemple éloquent. Cette logique gestionnaire n’a fait qu’accentuer le malaise hospitalier...; 
  Certes, nous ne pratiquons pas chez nous de la discrimination hospitalière à l'israëlienne. 
   Mais on arrive à un point de rupture, que dénoncent maints personnels et même des chefs de service.
Les clignotants sont là depuis des années. 
   Ce n'est pas d'hier que l'hôpital fonctionne avec des bouts de ficelles.
       Le new public management est passé par là.
  Le management nouveau est arrivé. Une sorte de quantophrénie, qui fait oublier l'intérêt du "client" aux soins.
   Une gestion de plus en plus technocratique, comme dans une entreprise, où le malade n'est plus au centre du système.
   Une 
médecine de plus en plus standardisée, du fait notamment de l'hyper-informatisation des données et des objectifs économiques visés. L'ordinateur est partout, l' humanité se raréfie.

  Le glissement vers l'introduction du secteur privé, rend le système plus sélectif et plus onéreux, sous prétexte d'économie. Le privé devient la référence.
  Les lois du marché s'imposent de plus en plus, là où le service à la personne concrète, avec ses maux propres, devrait s'imposer. Cela demanderait du temps, qui manque de plus en plus, comme le note Véronique Vasseur.
 On assiste à des situations parfois ubuesques, avec des injonctions contradictoires. 
  Le premier malade, c'est l'hopital. Malade du marché.
Un grand corps malade de plus en plus en danger
   La fatigue parfois extrême des personnels, souvent démoralisés,  met les patients en danger. Le système ultra-complexe de la  tarification à l'activité entraîne des surcoûts que l'on prétend vouloir éviter. 
        Le financement appelé "tarification à l’activité" (T2A), dont le but déclaré est de diminuer le coût des hôpitaux. Et l’objectif, inavoué, d’augmenter le financement des cliniques.La T2A est faite pour mesurer la quantité, pas la qualité ; les gestes techniques, pas l’acte intellectuel.Elle ne prend en compte ni la gravité, ni l’activité des services hautement spécialisés, ni la précarité, ni les problèmes psychologiques, ni l’éducation du patient… Elle se révèle complètement inadaptée aux services de médecine des hôpitaux publics.Conçue à l’évidence en faveur des cliniques, la mise en place de la  Tarification à l'activité, comme attendu, entraîne le déficit voire la faillite de 90% des hôpitaux publics.Ce déficit permet aujourd’hui de justifier l’abandon de certaines activités, la restructuration d’autres, voire la fermeture pure et simple de nombreux hôpitaux de proximité. Certains seront vendus au privé…Le patient qui se fait alors opérer en clinique est obligé de payer des dépassements d’honoraires devenus exorbitants. Il est commun de devoir payer des dépassements de l’ordre de 1 000 euros pour une cataracte ; pour une prothèse de hanche, 3 000 euros pour le chirurgien et 1 000 euros pour l’anesthésiste..."(C.Perron)
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La France ne dépense pas « beaucoup plus que les autres » pour sa santé, contrairement à ce que dit Agnès Buzyn: ...Ce n’est pas « beaucoup plus que tous les pays de l’OCDE », puisque quatre d’entre eux dépensent autant ou plus : la Suède (11 % du PIB également), l’Allemagne (11,3 %), la Suisse (12,4 %) et… les Etats-Unis qui, eux, sont hors de la tendance, avec 17,2 % de leur PIB....
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Malaise à l’hôpital public : il y a urgence 
- Hôpitaux, Ehpad : le soin saccagé

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