samedi 18 mai 2019

Du côté d'Athènes

Il semblerait...
                Il semblerait... que la Grèce aille mieux, qu'elle amorce une sorte de virage. (*)
   Certains signes positifs de redressement se manifesteraient.
      (Le conditionnel étant toujours de rigueur, surtout après une période si longue de marasme, de déceptions, de souffrances collectives...)
   Enfin, pas pour tout le monde.
La raison serait-elle revenue dans ce pays en errance depuis des années, sous le coup des circonstances et des assauts bancaires et politiques, d'une politique européenne de gribouille, de pressions allemandes insoutenables.
   Même si la situation est encore difficile, la pays étant descendu bien bas, on constate nombre de signes positifs, qui font espérer un avenir enfin meilleur, un engrenage positif, un cercle vertueux. Du pire ne pouvait venir que du meilleur (relatif)...L'assainissement était nécessaire, mais la purge imposée aura été d'une extrême violence sociale et sanitaire.
   L'aide extérieure est moins nécessaire et l'emprunt devient plus facile
     Le taux de chomage, encore très élevé, redescend peu à peu. Les affaires reprennent, du moins dans les villes.
  Le problème majeur est la confiance et les signes positifs reviennent.
  Un nouvel horizon se profile, dit-on en haut-lieu à Athènes,   L'importance du tourisme ne se démentant pas.
Une embellie qu'on ne peut négliger, même si l'euphorie est encore loin, et s'il reste nombre de problèmes en suspens, comme on le voit plus bas.
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                (*)  "....De nombreux Grecs en ont énormément voulu à Tsipras d’avoir alors transformé le oxi (non) en nai (oui). Ils n’ont pas compris, ont pensé que le nouveau mémorandum d’austérité imposé par les Européens était le pire jamais signé par Athènes, que le gouvernement Syriza allait conduire le pays à sa perte.
       Quatre ans plus tard, beaucoup ont changé d’avis. « Ce gouvernement, au moins, essaye », entend-on souvent. Même dans les rangs de groupuscules d’extrême gauche, comme Antarsya, certains vont voter Syriza aux élections européennes, par peur de voir la droite revenir aux manettes : la cote de popularité de Nouvelle Démocratie est remontée ces derniers temps, et son registre nationaliste s’est durci depuis la vague d’arrivées des exilés en 2015, puis le débat, cette année, autour de l’accord trouvé avec la Macédoine voisine.
      Dernièrement, certains membres de l’aile gauche de Syriza, fâchés par le recentrage de Tsipras, sont également revenus vers le parti.
      De fait, pour la première fois depuis le début de la crise, un début de politique sociale a été mis sur pied. Cela avait commencé dès les premiers mois de 2015 avec la mise en place d’une aide humanitaire pour les plus démunis. Puis cela s’est développé ces deux dernières années : allocations logement, cartes d’achats créditées tous les mois de 100 à 500 euros en fonction des ressources, allocation de solidarité… Les foyers les plus frappés par la crise ont pu relever la tête tandis que le salaire minimum a été rehaussé de 11 % (avec objectif de rétablir progressivement le niveau d’avant la crise, soit 740 euros brut par mois), et les indemnités chômage rallongées de trois à six mois.
     « Nous avons permis à 2,5 millions de personnes qui n’étaient plus couvertes par la Sécurité sociale de retrouver une couverture santé, souligne la députée (Syriza) Anneta Kavvadia. Désormais, tout le monde a accès à l’hôpital public et nous avons supprimé le ticket modérateur qui avait été introduit par les gouvernements précédents. C’est une réforme caractéristique de la gauche : personne à droite, où l’on prône le système privé, n’avait cette ambition. Dans cette société de classes, nous avons choisi d’être du côté de ceux qui sont le plus bas dans l’échelle sociale. »
     Dans près de 1 000 écoles, situées dans les quartiers difficiles du pays, des repas chauds sont désormais distribués gratuitement, et 153 000 enfants en bénéficient. Après huit années de gel des embauches dans la fonction publique, les recrutements ont par ailleurs repris, à hauteur d’une embauche pour chaque départ en retraite.
    « Nous avons pu, parallèlement au mémorandum, mettre en place d’autres mesures », explique le numéro 2 du gouvernement et ministre de l’économie Yannis Dragassakis dans un entretien à Mediapart à paraître dans les prochains jours.
    Au-delà de ces gestes, qui peuvent être qualifiés de mesurettes au regard de l’ampleur du désastre social qu’a connu la Grèce, qui a vu son PIB s’effondrer de 25 % en six ans, le gouvernement Tsipras a essayé de s’attaquer aux intérêts des mastodontes industrialo-médiatiques du pays. L’une de ses premières réformes d’ampleur a été d’imposer le paiement des licences d’émission par les chaînes de télévision privées, qui ne s’en étaient pas acquittées jusque-là.
      Effet de la politique gouvernementale ou de la conjoncture, les chiffres macroéconomiques sont par ailleurs favorables à la majorité : la Grèce est sortie de la récession en 2017, sa croissance frôle aujourd’hui les 2 % de PIB et, sous le mandat de Syriza, le chômage est passé de 27 % à 18 %.
     Dans la capitale, cafés et tavernes ne désemplissent pas. De nouvelles enseignes ne cessent d’ouvrir quand, il y a quatre ans, les panneaux « fermé » ou « à louer » se multipliaient sur les rideaux tirés des boutiques. Après dix années de stagnation, l’activité dans le bâtiment a repris et la deuxième ligne de métro va bientôt être rallongée de trois stations pour desservir enfin une partie des quartiers populaires de la banlieue ouest d’Athènes…
                     Cependant, la plupart des emplois créés ces deux dernières années sont temporaires ou à temps partiel et sont beaucoup moins rémunérateurs qu’avant la crise.
      Christos Giovanopoulos a été, à partir de 2011, l’une des figures centrales de la coordination des différents collectifs de solidarité qui ont émergé dans tous le pays (collectes et distribution de nourriture, de vêtements, de médicaments, consultations médicales, soutien scolaire…) – initiative rapidement soutenue par Syriza, alors dans l’opposition. Aujourd'hui, il dénonce un « développement à plusieurs vitesses. Sur le plan urbain, cela se traduit par une gentrification accélérée sur le mode le plus ultralibéral que l’on puisse imaginer. Athènes est en train de se scinder entre un centre touristique, phagocyté par les loueurs d’Airbnb, et des quartiers périphériques dans lesquels rien n’a changé ».
      La seule mesure qu’a prise le gouvernement pour contenir l’expansion du marché Airbnb, qui pose maintenant des problèmes aux Grecs pour se loger – sans parler des réfugiés –, a été de limiter les locations de courte durée à 60 jours par an et les revenus locatifs à trois appartements par foyer fiscal. Mais entre-temps, des entreprises se sont constituées pour louer des dizaines de logements à la fois et tout un business s’est développé.
      « Sur le plan économique, poursuit Christos (à lire aussi dans la revue Vacarme), cette politique se traduit par un écart de plus en plus important entre les différentes couches de la société. Le nombre de travailleurs pauvres est en train d’augmenter : 40 % de la société se trouve à la limite, ou au-dessous, du seuil de pauvreté. » Quant aux chiffres du chômage, ils sont trompeurs : ils cachent une émigration massive des jeunes Grecs à l’étranger...."
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