mercredi 29 mai 2019

L' Europe, l'Europe!...(2)

Comme disait De Gaulle ...
                                 que le possible abandon de souveraineté hérissait.
      Faire l'Europe: un rêve pour longtemps?
  Oui, mais quelle Europe? Un espace marchand (ultra)libéral encore élargi, sans doute, pour faire face aux puissances américaine et chinoise? C'est en cours, malgré le manque de solidarité et le règne de la concurrence entre les partenaires.

   Une confédération politique avec des institutions uniques sur les plans diplomatiques, militaires...         On n'en prend pas le chemin.
  Le patronage de Saint-Colomban et de Charlemagne,la référence mariale et l'éventuelle bénédiction papale n'y changeront rien. Les symboles et les accords commerciaux ne seront d'aucun secours pour constituer le début d'une d'union politique digne de nom, même minimale.
   Une fantôme, disait R. Debray. Une idée souvent évoquée, mais sans concrétisation. Du moins dans les conditions actuelles. Le nombre des pays membres l'interdisant d'ailleurs, comme la rigidité des Traités et le mercantilisme ambiant, l'Allemagne menant le bal.
   Les tractations post-électorales en cours donne une idée du degré de complexité d'un système qui échappe à la compréhension du citoyen moyen....
  Quelle nouvelle Europe se dessine, quand la notion de peuple européen pose toujours problème et quand le statut de l'euro divise toujours. Une Europe toujours vassalisée de fait, qui plie toujours devant les puissants intérêts américains.
  Certains encouragements à l'investissement interrogent et une grande tolérance est donnée aux lobbies  . La politique agricole oscille entre les excès.
   Peut-on encore sauver le projet européen, se demandent même certains responsables ou observateurs avertis gardant encore la foi?
  D'autres évoquent les sept péchés capitaux qui auraient vicié le projet dès l'origine...
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                  " D’aucuns voient dans la critique de la gouvernance européenne une aberration par le fait que l’Europe demeure un havre de paix sans équivalent dans le monde (si l’on met à part Japon, Corée, Taiwan, Singapour, Canada, Australie…).
  Mais si l’Europe de l’Ouest jouit d’une aisance enviable, elle ne le doit aucunement à Jean Monnet, Jacques Delors, José Manuel Barroso et Jean-Claude Juncker. Elle le doit à l’effort renouvelé des quarante générations de femmes et d’hommes du précédent millénaire qui ont bâti des communautés nationales fondées sur le droit, la confiance et la solidarité, au contraire de la plupart des autres régions du monde, rongées par l’arbitraire, la défiance et l’instabilité.
    Les inquiétudes actuelles tiennent à la crainte de dilapider ces acquis millénaires dans une Europe à son tour rongée par l’arbitraire, la défiance et l’instabilité. On peut nier ces inquiétudes et traquer les partis politiques qui ont le front de s’en servir, de la même façon qu’on casserait un thermomètre pour ne pas voir une montée en température. C’est une approche « optimiste » mais stérile et vaine.
    On peut aussi poser un diagnostic sans tabous sur la construction européenne et ses dérives, en vue d’en tirer un protocole de soins salvateur. C’est une approche « pessimiste » mais constructive. Engageons-nous donc dans cette voie et demandons-nous quels sont les malentendus à l’origine de la crise européenne. Nous en avons distingué sept, comme les péchés capitaux du catéchisme d’antan : (1)l'Europe a été créée pour faire la guerre (froide), (2) elle s'est soumise à Washington, (3) elle prétend effacer les nations, (4) elle n'a généré aucune solidarité entre les citoyens des différents États, (5) elle s'est construite sur une idéologie (néo)libérale, (6) elle tourne le dos à sa diversité culturelle, (7) elle privilégie l'accessoire à l'essentiel.
    Caressée par maints rêveurs, de Victor Hugo à Aristide Briand, l’idée européenne a été réactivée par Winston Churchill, à Zurich le 19 septembre 1946, et reprise au vol en mars 1947 par le Congrès américain qui se déclara « favorable à la création des États-Unis d’Europe dans le cadre des Nations Unies ».
   On était alors en pleine guerre froide. L’URSS de Staline se dotait de la bombe thermonucléaire. La Chine, l’Indochine et la Corée étaient sur le point de tomber sous sa tutelle. Berlin allait faire l’objet d’un blocus et chacun craignait une troisième guerre mondiale entre les deux Super-Grands, États-Unis et URSS.
    En rapprochant les pays ouest-européens, Washington souhaitait donc allumer un contre-feu face à la menace soviétique. Mais dans une Europe occidentale où les communistes pesaient jusqu’à 25% du corps électoral (France, Italie), on préféra se convaincre que la construction européenne avait avant tout vocation à réconcilier ses peuples. Cette fable innocente prévaut encore aujourd’hui.
      Dans les faits, quand la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) fut créée le 9 mai 1950, cinq ans après la fin du nazisme, il était bien évident que l’Allemagne meurtrie, honteuse, occupée et divisée était pour plusieurs générations hors d’état de reprendre les armes. Ses voisins avaient tout autant perdu l’envie de replonger dans la guerre. De même que Waterloo (1815) avait inauguré un siècle de paix à peine altéré par quelques guerres brèves et limitées, on pouvait raisonnablement espérer un nouveau siècle de paix avec ou sans union politique de l’Europe.
    C’est à nouveau le contexte international, le soulèvement de Budapest et la crise de Suez (1956), qui ont permis le traité de Rome l’année suivante. En réactivant la menace soviétique et surtout en démontrant la faiblesse de la Grande-Bretagne et de la France face aux deux Super-Grands, ces crises ont levé les objections de la France au projet de Marché Commun.
    La chute du communisme européen en 1989-1991 a remis en question les prémices de l’Europe. La menace soviétique a disparu et la Russie en format réduit qui a succédé à l’URSS s’est montrée soucieuse de seulement protéger les russophones.
    C’est dans ce contexte apaisé que l’OTAN et les pays de l’Union européenne ont pris le parti de faire la guerre pour la première fois de leur histoire, en intervenant en Yougoslavie puis en déstabilisant le Caucase et l’Ukraine.
    On peut y voir la démonstration que c’est la guerre froide qui assurait la paix en Europe… et poussait les Européens à s’unir. Sitôt qu’elle a pris fin, par KO de l’URSS, l’Europe est redevenue une terre de conflits et de tensions.
     La construction européenne a été rendue possible par le soutien des États-Unis et jusqu’à la chute de l’Union soviétique, ce soutien n’a pas fait défaut. Il s’est aussi accommodé de quelques dissidences : le général de Gaulle ne s’est pas privé de dénoncer l’intervention américaine en Indochine et, dans un souci d’indépendance, il a même suspendu la participation de la France au commandement de l’OTAN.
    Il est vrai que l’Amérique flamboyante de l’après-guerre suscitait attirance et fascination jusque chez ses adversaires du camp communiste. Le contexte a changé dans les années 1990 quand s’est effondrée la menace soviétique et que les États-Unis sont apparus comme une économie déclinante face à la percée de la Chine. Misant dès lors sur sa puissance militaire, le gouvernement américain est devenu un facteur d’instabilité : extension de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, blocus de l’Irak, déstabilisation de l’Iran etc.
    En 2003, le gouvernement français s’est une dernière fois permis d’apporter la contradiction au gouvernement américain quand celui-ci s’est mis en tête d’envahir l’Irak. Quinze ans plus tard, il n’est plus question de s’opposer à l’Oncle Sam. L’Europe suit les États-Unis quoi qu’ils fassent et quoi qu’il lui en coûte : diabolisation de la Russie, soutien à l’Arabie dans son agression du Yémen... Elle s’est même couchée quand le président Trump a unilatéralement déchiré l’accord de Paris sur le climat et le traité de Vienne avec l’Iran.
     Plus grave que tout, l’Europe s’est soumise au droit intérieur américain en acceptant que soient sanctionnées les entreprises qui viendraient à commercer avec l’Iran. C’est du jamais vu en matière de servitude volontaire de la part d’États naguère indépendants et respectés. « Si nous acceptons que d'autres grandes puissances, y compris alliées, y compris amies dans les heures les plus dures de notre histoire, se mettent en situation de décider pour nous notre diplomatie, notre sécurité, parfois en nous faisant courir les pires risques, alors nous ne sommes plus souverains, » a reconnu Emmanuel Macron à Aix-la-Chapelle, le 10 mai 2018. La conclusion est sans appel et c’est donc le président qui le dit : nous ne sommes plus souverains !...
     En 1914, au sommet de sa puissance, emportée par un orgueil démesuré, l’Europe a sombré dans une effroyable « guerre de Trente Ans ». D’aucuns en ont rendu responsables les États-Nations. C’est oublier que ceux-ci ont permis aux Européens de bâtir en mille ans une immense civilisation, avec la démocratie en prime. Ces États-Nations ont limité les conflits en permettant à chaque communauté de se développer suivant ses usages et ses mœurs, au contraire de l’empire chinois qui a connu de nombreuses guerres civiles à peu près aussi meurtrières que les guerres mondiales, de la rébellion An Lushan (VIIIe siècle) à la révolution culturelle.
     L’Union européenne croit pouvoir faire table rase de son passé, à la différence de la Suisse, par exemple, qui s’est construite dans le respect des différences entre ses cantons. Illustration : en campagne pour la liste présidentielle aux européennes, Nathalie Loiseau plaide pour une « Europe des territoires ». Les territoires ? Des lieux habités par des gens, où les échanges se font avec des billets illustrés par des ponts et des portes sans nom et sans mémoire… 
     Cette dépersonnalisation de l’Europe vise clairement à gommer l’Europe des nations et des citoyens. Sur les murs du bâtiment Berlaymont qui abrite à Bruxelles la Commission européenne, on voit des cartes d’où les États ont pratiquement disparu au profit des circonscriptions administratives. Les fonctionnaires de Bruxelles ignorent ostensiblement les nations mais débordent d’attentions pour les régions, comtés, départements, communes, corporations, associations etc.
     La Commission se fait ainsi un devoir de distribuer à quiconque lui en fait la demande des subventions joliment qualifiées de « fonds européens structurels et d’investissement » (FESI). C’est de l’argent versé à Bruxelles par les différents États et redistribué tous azimuts, pour le financement de ronds-points, de tunnels, de crèches, de musées, d’organisations caritatives etc. Par cette « générosité » faussement innocente et somme toute inutile, l’Union s’immisce dans les politiques nationales et brouille leurs priorités.
    La raison voudrait que les FESI soient simplement versés aux États les plus nécessiteux et que l’on s’en tienne là en laissant aux citoyens de chaque État le soin de décider de l’affectation de leurs ressources
   La construction européenne n’a créé en soixante-dix ans aucune solidarité effective par-dessus les États. En pratique, dans leur vie quotidienne, les Français ne sont pas plus solidaires des Allemands et des Roumains que des Mongols ou des Sénégalais. En matière sociale, fiscale ou civile, les Européens ne partagent strictement rien entre eux et sont même dans plusieurs domaines en concurrence les uns avec les autres.
     Il y a aujourd’hui plus de liens entre un habitant d’un bidonville de Mayotte et un bourgeois de Strasbourg qu’entre ce dernier et son voisin de Fribourg-en-Brisgau, si proches qu’ils soient par les mœurs et le mode de vie. Les Strasbourgeois acceptent sans maugréer de financer des aides sociales à destination des Mahorais. Mais on a vu par contre les Fribourgeois et les autres Allemands se soulever avec colère quand il a été envisagé en 2015 d’aider les Grecs victimes de la crise.
     L’union monétaire et la libre circulation des capitaux ne compensent pas l’absence de solidarités sociales et humaines. Au contraire, elles exacerbent les conflits entre les citoyens des différents États. C’est ainsi que les paysans français encaissent aujourd’hui de plein fouet la concurrence de l’agro-industrie allemande sans pouvoir se défendre et l’actuel président de la Commission européenne a pu gouverner pendant dix-huit ans le Luxembourg en « pompant » à son seul profit les ressources fiscales des groupes américains installés en Europe.
    Notons que les aides aux États les plus pauvres (Roumanie, Bulgarie…), justifiées et nécessaires, ne créent pas davantage de solidarité que l’aide de l’Europe à l’Afrique. Si elles sont mal gérées, elles peuvent induire une situation de dépendance et nourrir les réseaux mafieux et la corruption..
     L’Europe est née en 1950 sur un projet de coopération économique. Rien de plus normal. À mesure qu’elle a grandi, elle a eu soin  d’abattre les barrières douanières et les entraves aux échanges. Normal aussi. Elle s’est aussi associée aux négociations initiées par les États-Unis sous le nom de Kennedy Round(1964-1967) en vue de faciliter les échanges internationaux. Normal également. On est ici dans une démarche pragmatique qui réunit des États souverains également développés.
    Un changement s’est produit à la fin des années 1970, avec d’une part la fin de l’expansion d’après-guerre (les « Trente Glorieuses »), d’autre part l’émergence d’une idéologie néolibérale (Milton Friedmann, Friedrich Hayek…) qui n’a plus rien de pragmatique et soutient mordicus que « l’actionnaire sait mieux que quiconque ce qui est bon pour l’entreprise » (Jack Welch, General Electric), « l’État n’est pas la solution à notre problème, l’État est le problème » (Ronald Reagan, président américain) et « le libre-échange, c’est la paix »(Pascal Lamy, président de l’Organisation mondiale du commerce).
   À la différence des autres dirigeants de la planète (Américains, Chinois, Japonais…), les Européens se sont convertis sans réserve à la nouvelle religion. Ils ont multiplié les accords de libre-échange dissymétriques (Japon, Chine, États-Unis…) en ouvrant leurs marchés et leurs capitaux sans s’assurer de la réciproque. Il s’en est suivi une perte de marchés et surtout de savoir-faire dont le dernier exemple est le rachat du géant allemand de la robotique, Kuka, par une société chinoise inconsistante mais grassement financée par Monsieur Xi (Xi Jinping).
    Fidèles à leur foi, les dirigeants européens ont aussi prohibé toute forme de dirigisme étatique et de coopération intergouvernementale. De fait, depuis la mise en route de l’Acte unique (libre circulation des marchandises et des capitaux) et de la monnaie unique en 1988, l’Europe n’a plus aucune réalisation à son actif, comparable à Airbus (1970), l’Agence spatiale européenne (1975), Erasmus (1985) etc. L’Europe est en panne. Toute son énergie est vouée à la défense de la monnaie unique envers et contre tout, cependant que l’industrie qui a fait la richesse du continent s’étiole, s’évanouit ou s’évade.
    Le néolibéralisme est au libéralisme ce que le marxisme-léninisme fut au socialisme, une extrapolation monstrueuse et mortifère. On n’en sort pas impunément et c’est en vain que certains Européens réclament la « préférence communautaire » sur les importations et les contrats publics. Il faut dire qu’il est plus avantageux à titre individuel d’importer un produit de Chine au prix de 20 et de le revendre 90 plutôt que de le fabriquer en Europe au prix de 50 et de le revendre 100. ...  
      C’est que toutes les références culturelles communes aux Européens viennent aujourd’hui d’outre-Atlantique. Elles sont véhiculées par l’anglais international ou globish« À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet à tout le monde de communiquer sans problème », écrit Jean Quatremer, ex-européiste (Les Salauds de l’Europe). Faut-il s’en féliciter ? « La langue n’est pas neutre, rappelle Jean Quatremer. Elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée : ce n’est pas un hasard si un Américain, un Chinois ou un Japonais ne négocie jamais dans une autre langue que la sienne »
   Faut-il malgré tout se résigner à la domination de l’anglais ? Serait-ce le prix à payer pour la réconciliation des peuples ? Ce serait un bien mauvais calcul...
    Dans quelques années, deux décennies au plus, nous disposerons avec internet d’outils de traduction instantanés d’une extrême fiabilité qui rendront inutile le recours à l’anglais international, y compris à l’oral. Il suffira à chacun de s’équiper d’une oreillette et de tendre son mobile vers son interlocuteur pour que chacun puisse parler et entendre dans sa langue maternelle. L’apprentissage des langues cessera d’être une obligation et redeviendra un pur plaisir. Les Japonais et quelques autres peuples demeurés fidèles à leur langue pourront alors pleinement jouir de leur avantage sur ceux qui auront fait le choix du plus petit dénominateur commun
      L’union fait la force, a-t-on coutume de dire. À condition que tous tendent vers le même objectif, faudrait-il ajouter. Autrement, l’union peut mener à la paralysie. C’est ce qui est arrivé à la Pologne au XVIIIe siècle à cause d’une mesure constitutionnelle d’une rare stupidité, le liberum veto, qui permettait à un quelconque député de la Diète de bloquer une loi. En conséquence, les voisins de la Pologne ne se faisaient pas faute de corrompre tel ou tel député pour affaiblir le pays.
    De la même façon, en Europe, les intérêts égoïstes de tel ou tel pays viennent régulièrement entraver les intérêts de l'Union. C’est en particulier le cas en matière de fiscalité indirecte, de politique commerciale et de politique étrangère, des domaines dans lesquels est requise l’unanimité des États membres.
    En matière de fiscalité indirecte, l’Union est devenue une jungle, chaque État faisant du moins-disant pour attirer chez lui les sièges des grandes sociétés sans qu’il soit possible d’y mettre bon ordre. La Chine a pu bloquer des décisions qui visaient à limiter son pouvoir de nuisance en faisant pression sur la Grèce ou le Portugal, des pays devenus dépendants de ses investissements. Les États-Unis ont pu bloquer la prétention du président Macron de taxer les Gafa (géants de l’internet) en menaçant simplement l’Allemagne de surtaxer ses voitures. Dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, l'Europe, paralysée par ses divisions, figure aux abonnés absents. Le vainqueur ramassera les morceaux.  
     En matière de diplomatie, les divisions sont encore plus nettes. Pendant les guerres de Yougoslavie (1992-1995), l’Allemagne et la France se sont rangées dans des camps opposés, la première soutenant la Croatie, la seconde la Serbie. À l’ONU et sur le terrain, les Européens étalent régulièrement au grand jour leurs divisions sur les enjeux israélo-arabes, africains, russes etc. Ainsi la France est-elle seule à combattre le djihad dans le Sahel cependant que Polonais, Baltes et Suédois préparent fébrilement leur revanche sur la Russie.
    L'immigration et les questions intérieures affectent aussi les relations entre les États, pas seulement entre Européens de l’Est et de l’Ouest. En février 2019, Paris a ainsi rappelé son ambassadeur à Rome, un acte d’hostilité inouï entre deux « alliés » et partenaires aussi proches !
    Là-dessus viennent se greffer les déclarations méprisantes de certains responsables allemands à l’égard de leurs partenaires, qu’il s’agisse de la Grèce ou… de la France. Un vice-chancelier a suggéré que la France renonce à son siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU cependant que la dauphine de la chancelière exige que le Parlement européen quitte Strasbourg pour Bruxelles (pourquoi pas ? Mais à condition que la Banque centrale européenne quitte Francfort pour Strasbourg !).  Démuni face à cet état de désunion, le président Macron détourne l'attention en dénonçant les « nationalismes ». C'est une rhétorique qui date. On la rencontrait déjà sous la plume de l’écrivain collaborationniste Drieu la Rochelle qui opposait le « nationalisme tardif des jeunes peuples » à la « nouvelle Europe ».
    Conscients de leur impuissance dans les domaines régaliens (fiscalité, diplomatie, commerce), les Européens se rattrapent par un surcroît d’activité dans les domaines subalternes : droit civil, droit du travail, environnement, normes etc. Comme si l’uniformisation des règles allait rendre les Européens plus semblables et plus malléables. Cette orientation est en contradiction avec la belle devise de l’Europe : « Unis dans la diversité ». Elle est surtout en rupture avec le principe de subsidiarité inscrit dans tous les traités depuis 1957...
     La subsidiarité signifie qu’une entité ne doit s’occuper que des missions dont les entités de rang inférieur sont incapables. Ainsi l’Union ne devrait-elle s’occuper que de ses relations avec le monde extérieur ainsi que de la protection des frontières. Elle devrait garantir la préférence communautaire concernant les biens et services ainsi que les contrats publics. Enfin, elle devrait veiller à l’équité dans les relations commerciales entre les États membres et sanctionner par exemple les États comme l’Irlande qui pratiquent le dumping fiscal ou les États comme l’Allemagne qui privilégient à tout va leurs exportations en sacrifiant leurs investissements intérieurs et déséquilibrant l’économie des pays clients. Tout le reste, environnement, éducation, droit du travail, droit civil et pénal, sécurité intérieure… ne devrait relever que des États et des citoyens (au moins dans un premier temps). Nous en sommes loin."
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