mardi 3 septembre 2019

Péril en la demeure

Soucis d'outre-Rhin
                              Consternation à Berlin. Aux élections locales, l'AfD fait une poussée remarquée et redoutée dans certains Länder de l'Est, notamment au Brandebourg et en Saxe. Ce qui n'était pas tout à fait inattendu, étant données les tendances récentes.
   Une percée qui est le symptôme de ce qui est vécu dans certains milieux, surtout en zone rurale, comme un déclassement et une sorte de relégation.
   Le problème vient de loin. Les modalités de la transition d'après la chute du Mur ne sont pas encore digérées et les insatisfactions s'expriment maintenant sans complexe. Ce qui fait trembler la grande coalition.
   L'Afd se classe ainsi au deuxième rang avec 27,5 % des voix. Il s'agit d'un quasi-triplement des voix par rapport au scrutin de 2014. Ce qui a fait dire à Jörg Urban, la tête de liste de l'AfD en Saxe, que ce scrutin marquait un « jour historique » : « Notre jeune parti a déstabilisé la forteresse de la CDU en Saxe », a-t-il lancé. 
   Cela n'annonce rien de bon, surtout dans le contexte économique peu brillant actuellement en Allemagne, où la récession guette, où l'on cherche à relancer l'économie. Une crise structurelle qui fragilise le "modèle allemand" aux pieds d'argile.
   Parmi les soucis d'Angela, il n'y a pas seulement ceux qui touchent à une économie surtout mercantiliste montrant des signes de défaillance, voire de recul, le contexte géopolitique aidant.
  Il y a aussi des signes inquiétants: la montée continue de l'extrême droite , surtout dans l'Est du pays, en Saxe notamment:
        ...Aux côtés du raciste Björn Höcke, à la tête de l'AfD en Thuringe (centre de l'Allemagne), les deux têtes de liste Andreas Kalbitz (Brandebourg) et Jörg Urban (Saxe) sont des piliers du courant identitaire nommé « L’Aile » (Die Flügel), bien connu pour ses contacts avec les milieux néonazis.
       D’année en année, cette « aile » gagne en influence au sein du parti et se bat de moins en moins souterrainement contre l’aile « modérée » du parti. Selon les experts, Andreas Kalbitz, un ancien para venu de l’Ouest, à la pensée très radicale, pourrait briguer la coprésidence du parti lors du congrès annuel de décembre.
   Ces régionales, qui seront suivies d'une troisième élection en Thuringe le 26 octobre, risquent une fois de plus de mettre en lumière les divisions internes de la CDU (droite) et la descente aux enfers du SPD (sociaux-démocrates), partis associés dans une coalition au fédéral.... 
      Ce n'est pas tout à fait une surprise:
           ...Le succès de l’AfD en ex-RDA est un symptôme. Il se nourrit d’inquiétudes liées à la situation socio-économique des Länder de l’Est, où la population vieillit plus vite qu’à l’Ouest, où le chômage est en moyenne de 6,6 % (contre 4,7 % à l’Ouest), où le revenu moyen par habitant est de 29 477 euros (contre 40 301 euros à l’Ouest), et où se trouvent les sièges sociaux de seulement 37 des 500 plus grandes entreprises du pays. Il prospère également sur des frustrations, le sentiment d’un manque de reconnaissance et de visibilité. Un exemple : sur les dix-sept ministres du gouvernement fédéral, une seule, Angela Merkel, a sa circonscription en ex-RDA...
     L'histoire de la réunification allemande, de ses modalités discutées, des paris de Schröder, des inégalités parfois criantes, du manque d'investissements internes et de leurs conséquences expliquent largement cette dérive, qui n'inquiète pas que Berlin.
  Les pratiques ultralibérales du Treuhand après la réunification sont loin d'avoir laissé de bons souvenirs. Le Treuhand aux commandes, les bilans furent contrastés, les décisions souvent opaques, les pratiques parfois douteuses.
          Fin de l'angélisme? L'histoire aurait pu s'écrire autrement.
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